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L’IA, artificielle et efficace

Créé le

21.02.2024

-

Mis à jour le

15.03.2024

Si les défis sont aussi importants que les opportunités offertes par l’intelligence artificielle, en particulier avec l’IA générative, l’intégration de méthodes d’apprentissage profond ou l’hybridation des systèmes, ces technologies sont pour l’instant essentiellement au service de l’efficacité des métiers bancaires, dont la gestion d’actifs ou l’assurance.

Une prochaine feuille de route sous-tendue par les transformations énergétiques et technologiques, avec « beaucoup » d’intelligence artificielle (IA) : c’est ce qu’a annoncé Jean-Laurent Bonnafé, directeur général (DG) de BNP Paribas, lors de la présentation de ses résultats 2023. Génération de revenus, optimisation des coûts et de gestion renforcée : au terme du plan stratégique en cours, « Growth, Technology, Sustainability 2025 », BNP Paribas vise 500 millions d’euros de création de valeur. La banque est « une société de services fondée sur l’humain et sur l’IT, a rappelé Jean-Laurent Bonnafé, et plus encore sur l’IA à l’avenir ». En réaffirmant son « approche industrielle », il entend ainsi « gagner des parts de marché à coût marginal ».

Pour Société Générale aussi, données (data) et IA constituent « des leviers stratégiques d’efficacité et de satisfaction client ». Le groupe vise « environ 500 millions d’euros de création de valeur d’ici 2026, précise un porte-parole à Revue Banque. Société Générale a déjà construit un socle solide d’environ 600 cas d’usages liés à la donnée et à l’IA qui servent l’efficacité opérationnelle et commerciale, la réduction des risques et l’amélioration de la satisfaction client. »

Rendez-vous cet été

« On a de temps en temps tendance à réduire l’IA à l’efficacité », estime pour sa part Nicolas Namias, président du directoire de BPCE. Sans dévoiler son prochain plan stratégique, attendu pour l’été, il a indiqué, en conférence de résultats annuels, 12 000 collaborateurs déjà « formés aux enjeux de la data et de l’IA » et des cas d’usage développés dans « deux grandes directions : la valeur pour nos clients et l’efficacité opérationnelle ».

Pour Philippe Brassac, DG de Crédit Agricole SA (CASA), l’IA est un « outil » : « Nous allons l’utiliser au mieux, avec la sécurité que nous devons à nos clients, a-t-il expliqué dans en marge de sa communication financière 2023. La complexité à l’intégrer dans des processus zéro défaut est énorme. » Pour le groupe, pas de « volonté stratégique », donc, mais « une soixantaine d’expériences et réalisations » (notamment chez LCL, pages 38-39), ainsi qu’une réflexion ouverte au niveau technologique pour une mise en œuvre « très opérationnelle », « en favorisant l’utilité dans les métiers » et dans une démarche multi-partenariale, qui devrait aboutir « d’ici l’été ».

Présentant ses résultats 2023, après cinq ans d’utilisation de la solution cognitive Watson d’IBM (lire ci-dessous), Crédit Mutuel (CM) Alliance Fédérale a dressé un bilan : 39,7 millions de courriels clients pré-analysés pour réduire le délai de réponse, 75 millions de documents clients analysés, sécurisés et intégrés par l’IA, etc. Avec un plan à horizon 2027 qui s’appuie ouvertement sur la technologie, CM Alliance Fédérale est prêt à franchir une nouvelle étape. « Les modèles d’IA générative sont en cours d’intégration à l’ensemble de notre système », a déclaré Daniel Baal, son DG.

Une prudence réelle

L’heure est désormais à l’IA générative (Gen IA), qualifiée de « levier de transformation supplémentaire » par BNP Paribas. « Les modèles d’IA traditionnels interprètent les données et fournissent des réponses appropriées, explique Anand Radhakrishnan, Senior Director, Industry Practice Lead, Predictive Analytics de Moody’s Analytics. La Gen IA va plus loin en générant un nouveau contenu basé sur ces données, ce qui permet d’obtenir plus facilement les analyses conduisant aux recommandations. Pour de nombreuses organisations, le déploiement de la Gen IA est la suite logique de leurs expériences avec l’IA. »

Pour Société Générale, par exemple, il s’agit « d’accélérer une transformation engagée depuis plusieurs années au sein des métiers, explique un porte-parole. La Gen IA est une opportunité supplémentaire pour renforcer la proposition de valeur de son modèle centré sur ses clients, auprès de ses différentes parties prenantes, en combinant expertise interne et partenariats externes, tout en veillant au respect des standards de sécurité et de protection des données. »

Cette prudence est partagée. Toutes les banques françaises prennent les mesures adaptées, tel qu’un comité de mission afin de mettre en place un cadre de confiance au CM Alliance Fédérale, pour être en conformité avec la réglementation européenne, qu’il s’agisse de l’AI Act, du Règlement général sur la protection des données (RGPD) ou de résilience opérationnelle (DORA).

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº890
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