Infrastructures en Afrique : combler le gap de financement

&Eacute;voquer les infrastructures en Afrique, c&rsquo;est rappeler en premier lieu leur d&eacute;ficit flagrant, qui fait que l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; certains services essentiels fait d&eacute;faut &agrave; une part importante de la population du continent. 640 millions de personnes vivent sans &eacute;lectricit&eacute; en Afrique subsaharienne selon la Banque Mondiale (BM). Environ 340 millions d&rsquo;habitants n&rsquo;y ont pas acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;eau potable. Or la population africaine augmente et s&rsquo;urbanise. Les Africains seront deux fois plus nombreux en 2050 qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui et 1,3 million d&rsquo;entre eux vivra dans les villes, selon l&rsquo;ONU. Le continent manque d&rsquo;infrastructures &eacute;nerg&eacute;tiques, de transport, d'eau, de sant&eacute;, d&rsquo;&eacute;ducation&hellip; Ce d&eacute;ficit a des effets sociaux et un impact &eacute;conomique importants. La capacit&eacute; &eacute;nerg&eacute;tique insuffisante est un frein au d&eacute;veloppement. L&rsquo;Afrique perd 2 &agrave; 4 points de croissance par an en raison de la p&eacute;nurie d&rsquo;&eacute;lectricit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s la BM. Les infrastructures souffrent de financements tr&egrave;s insuffisants sur le continent. Les besoins sont chiffr&eacute;s de 130 &agrave; 170 milliards de dollars par an par la Banque africaine de d&eacute;veloppement (BAD), avec un manque de 53 &agrave; 93 milliards par an. Des secteurs comme l&rsquo;eau et l&rsquo;assainissement souffrent le plus de faible investissement. D'autres comme l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, les TIC ou certains segments des transports comme les ports et a&eacute;roports, qui peuvent d&eacute;gager une rentabilit&eacute; &eacute;conomique, trouvent davantage de financement. Ces financements ont pourtant augment&eacute; derni&egrave;rement. Selon le dernier rapport annuel du Consortium pour les infrastructures en Afrique (ICA) sorti fin 2019 et qui fait autorit&eacute;, les sommes investies ont d&eacute;pass&eacute; pour la premi&egrave;re fois les 100 milliards d&rsquo;euros en 2018, en hausse de 24 % sur un an. Les sources de ces financements &eacute;voluent. La part apport&eacute;e par les &Eacute;tats africains domine toujours (37,5 milliards de dollars en 2018). Les bailleurs internationaux sont des financeurs historiques en Afrique, des infrastructures en particulier. En France, l&rsquo;Agence fran&ccedil;aise de d&eacute;veloppement (AFD) consacre la moiti&eacute; de ses engagements &agrave; l&rsquo;Afrique et a financ&eacute; les infrastructures sur le continent &agrave; hauteur de 1,7 milliard d&rsquo;euros en 2019. Rima le Coguic, directrice du d&eacute;partement Afrique, d&eacute;taille le r&ocirc;le de l&rsquo;agence et le resitue dans l&rsquo;environnement global. La Chine est devenue en 2018 le second financeur des infrastructures en Afrique apr&egrave;s les &Eacute;tats souverains (25,7 milliards de dollars, 26 % du total). Estelle Brack (KiraliT) pr&eacute;sente la singularit&eacute; chinoise et son &eacute;volution. Parties prenantes et experts s&rsquo;accordent pour consid&eacute;rer qu&rsquo;accro&icirc;tre l&rsquo;investissement dans les infrastructures en Afrique passera n&eacute;cessairement par davantage de participation du financement priv&eacute; (11,8 milliards en 2018), alors que les budgets des &Eacute;tats sont insuffisants et plus contraints encore depuis la crise de la Covid-19 dont les cons&eacute;quences sont &agrave; ce jour davantage &eacute;conomiques que sanitaires sur le continent. Partenariats publics priv&eacute;s (PPP) et financements mixtes ont &eacute;merg&eacute;, mais de nombreux freins rendent difficile la mobilisation de capitaux priv&eacute;s, africains notamment. Trois sp&eacute;cialistes du sujet, C&eacute;dric Mbeng Mezui (FinanceAfrika), Safi&eacute;tou Diallo (Senelec) et Thierry D&eacute;au (Meridiam), pr&eacute;sentent chacun leur analyse de la fa&ccedil;on dont le secteur priv&eacute; pourrait participer davantage au financement des infrastructures en Afrique. Parmi les banques internationales, Soci&eacute;t&eacute; G&eacute;n&eacute;rale est la banque fran&ccedil;aise qui d&eacute;veloppe une strat&eacute;gie en Afrique o&ugrave; elle participe notamment au financement des infrastructures en mobilisant &agrave; la fois un r&eacute;seau sur place et les &eacute;quipes financement export. Yann de Nanteuil et Philippe Le Roch d&eacute;crivent les modes d&rsquo;intervention du groupe. Des difficult&eacute;s pourraient &ecirc;tre d&eacute;pass&eacute;es pour financer davantage le d&eacute;veloppement d&rsquo;infrastructures parfois vitales pour la population et pour l&rsquo;&eacute;conomie en Afrique, malgr&eacute; les incertitudes cr&eacute;&eacute;es par l&rsquo;&eacute;pid&eacute;mie de Covid-19 et ses graves cons&eacute;quences.

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