Le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Suisse, l’Irlande, les Pays-Bas... autant de pays considérés comme « profinance ». Stéphane Giordano (AMAFI) présente les thématiques du dossier dans son avant-propos.
Le Royaume-Uni, le Luxembourg, la Suisse, l’Irlande, les Pays-Bas... autant de pays généralement considérés comme « profinance [1] ». Que recouvre exactement ce terme ? Comment étalonner cette notion ? Sur quels critères ?
Une première distinction peut être faite entre :
C’est bien sûr dans cette acceptation vertueuse de la finance que se justifie le choix d’être un pays profinance. Reste que sur la base de cette définition, la ligne de séparation n’est pas toujours facile à établir entre pays anti- et profinance : il existe souvent, au sein d’un même pays, des tendances pro- et anti-, comme le montre l’exemple européen de la Grande-Bretagne, ou encore celui des États-Unis [4].
Mais, dans tous les cas, le développement d’une industrie financière solide et rentable dans un environnement profinance dépend de l’action conjointe des Pouvoirs publics et du superviseur. En effet, les Pouvoirs publics (au travers des textes réglementaires pris au plan national ou dans la transposition des réglementations européennes) et le superviseur (dans leur mise en application) devront :
Quant à la France, elle n’est pas souvent spontanément citée parmi les pays qualifiés de « profinance » ! Et, de fait, après une crise financière à laquelle son secteur financier avait pourtant bien résisté, elle a manqué l’occasion de se positionner, notamment par rapport à Londres. Notre pays reste en effet contraint par une réglementation nationale souvent plus sévère que les exigences internationales nées du G20. Mais il peut encore développer un dynamisme financier plus affirmé, car il conserve des atouts structurels majeurs [7] : des formations internationalement reconnues en matière de mathématiques financières et de modélisation, des institutions et établissements financiers profitables, une large capacité d’épargne et une expertise dans la gestion d’actifs, pour ne citer que ceux-là…
Le rapport ambigu des Français à l’argent et la finance a souvent été mis en avant pour expliquer la défiance vis-à-vis de ce secteur : espérons que les réflexions et analyses des auteurs de ce nouveau supplément de Revue Banque réalisé en partenariat avec l’AMAFI permettront une vision plus objective de « ces pays européens qui font le choix de la finance ». Il faut le vouloir d’autant plus que de la faculté de notre pays à faire enfin, sans ambiguïté, « le choix de la finance » dépend sa faculté à financer ses entreprises, à relancer la croissance et l’emploi, et, in fine, à conserver sa place dans l’Europe.
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