Square

Europe

L’Union bancaire s’impatiente

Créé le

26.03.2018

-

Mis à jour le

04.04.2018

Au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, il était permis de croire que son impulsion proeuropéenne allait permettre des avancées sur plusieurs chantiers réglementaires en cours, notamment celui de l’Union bancaire qui n’a toujours pas de troisième pilier (une garantie des dépôts unique) ni de véritable final backstop (filet de sécurité). Mais cet élan européen a été contrarié par la crise politique allemande qui a empêché d’avancer sur ces sujets. Depuis le 14 mars 2018 une nouvelle coalition CDU-SPD est au pouvoir, mais désormais, c’est la situation politique italienne qui inquiète. Dans ce contexte, quelles sont aujourd’hui les chances d’avancées pour l’Union bancaire et à quel rythme ? Pour l’économiste Nicolas Véron, le jeu reste ouvert : « Il est possible que la conjoncture politique empêche d’avancer en 2018, mais ce n’est pas le seul scénario. En effet, l’enthousiasme est toujours là et il n’est pas impossible d’obtenir au Conseil européen une dynamique de décisions sur la réforme de la zone euro ; une telle dynamique serait de nature à accélérer la finalisation de l’Union bancaire. Si ces décisions politiques arrivent trop tard pour être traduites en termes législatifs avant les élections européennes de 2019, alors la Commission suivante s’en chargera. »

L’absence de Wolfgang Schauble du nouveau gouvernement allemand et son remplacement par un membre du SPD, Olaf Scholz, pourraient laisser espérer que le rapprochement des points de vue français et allemand sera plus facile. Mais pour Nicolas Véron, « il faut attendre de mieux connaître la direction que va prendre Olaf Scholz, le nouveau ministre des finances allemand ; toutefois, Angela Merkel demeure un acteur clé et les convictions du nouveau gouvernement me semblent peu différentes des positions du précédent gouvernement. » L'incontestable facteur nouveau, c’est bien la forte détermination d’Emmanuel Macron d’aller vers plus d’intégration européenne, en commençant par la zone euro. D'ailleurs, ce dernier va probablement s’impliquer très fortement dans les prochaines élections européennes. Pour Nicolas Véron, « ce qui s’est passé en France pourrait trouver un écho à l’échelle européenne : l’avènement d’une force centriste, réformatrice et proeuropéenne. Dans cette hypothèse, Emmanuel Macron pourrait donc tirer des urnes une légitimité qui lui permettra de mettre en œuvre plus facilement ses ambitions pour l’Europe et en particulier pour la zone euro. »

Toutefois, d’autres scénarios sont envisageables pour ce scrutin européen, tel que celui d’une montée des partis eurosceptiques. SG

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº819
RB