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Royaume-Uni

Et si Jeremy Corbyn accédait au pouvoir ?

Créé le

23.04.2019

-

Mis à jour le

25.04.2019

Le « risque Corbyn » concerne plusieurs secteurs, et notamment les banques.

« Corbyn clause » : c'est le petit nom attribué à une clause intégrée à une émission privée de Thames Water, une entreprise de gestion de l’eau de l’agglomération londonienne. L’objectif de cette clause, dévoilée le 10 avril 2019 par Global Capital (média spécialiste des marchés de capitaux), est de prémunir (voir encadré) les investisseurs contre les risques d’une éventuelle renationalisation de la compagnie, qui est envisageable dans la mesure où l’accession au pouvoir du parti travailliste de Jeremy Corbyn fait partie des scénarios possibles. Le leader politique aux convictions nettement de gauche a déclaré qu’il nationaliserait les commodités telles que l’eau, le gaz ou l’électricité. Fabrice Montagné, économiste chez Barclays, estime que le secteur bancaire est lui aussi concerné par le « risque Corbyn ». Et l’économiste de donner un exemple : « le parti travailliste a d’ores et déjà annoncé qu’il suspendrait la privatisation de RBS en cas d’arrivée au pouvoir. L’évolution du prix de l’action de RBS est d’ailleurs négativement corrélée aux intentions de votes en faveur du parti travailliste. » Cette action avait sévèrement chuté le 15 novembre 2018 (-10 %), après l’annonce de la démission de quatre ministres de Theresa May, le marché craignant une chute du gouvernement et l’arrivée au pouvoir des travaillistes.

Les prochaines élections générales au Royaume-Uni doivent en principe avoir lieu en 2022, mais le parti travailliste espère des élections anticipées. Fabrice Montagné ne croit guère à ce scénario à court terme : « Tant que les sondages montrent conservateurs et travaillistes à égalité de voix dans les intentions de vote, il est peu probable que l’actuelle coalition décide de prendre le risque d’une dissolution du parlement. En particulier, les Unionistes nord-irlandais, actuel parti de coalition avec les conservateurs, auront à cœur de faire barrage à Jeremy Corbyn (favorable à une réunification avec la république d’Irlande), quitte à maintenir un statu quo délicat avec les conservateurs notamment sur la question du Brexit. »

Mais ce sont pour le moment des élections européennes que le Royaume-Uni organise. Elles auront en principe lieu le 23 mai, à moins qu’un traité de sortie ordonnée soit signé avant cette date. S.G.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº832
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