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Marché Obligataire

Des investisseurs trop optimistes ?

Créé le

19.12.2017

-

Mis à jour le

22.12.2017

Le bilan de l'année 2017 est positif pour le marché de la dette et 2018 s'annonce bien. C'est l'impression qui ressort du point annuel réalisé par Société Générale CIB en décembre 2017. Les taux, toujours bas, ont incité certains États à émettre sur des durées très longues : 100 ans pour l'Autriche, au taux de 2,11 %. « Le livre d'ordres était impressionnant, note Félix Orsini, responsable de l’origination pour le secteur public chez Société Générale CIB. En effet, 200 investisseurs ont manifesté leur intérêt pour cette émission, ce qui correspond à une demande massive pour ce type d’obligation. » L’année 2017 doit en principe s'achever sur un total de 1 205 milliards d’euros émis par des entités publiques, à comparer aux 1 086 milliards réalisés en 2016. La tendance est similaire sur les marchés en dollar américain et en livre sterling.

Du côté des obligations corporate, le marché est là aussi globalement resté dynamique. La banque d’investissement et de financement de Société Générale estime qu'environ la moitié des entreprises ont émis dans une stratégie opportuniste, sans réel besoin immédiat mais pour profiter des taux bas et anticiper des besoins de financement futurs.

Quels sont les taux qui se pratiquent dans l’univers investment grade ? Citons l’exemple de Veolia Environnement qui a pu lever 500 millions d’euros à 3 ans le 16 novembre à un coupon de 0 % et un rendement légèrement négatif. Mais le marché des corporates a surtout été tiré par les volumes des émissions high Yield qui devraient terminer l’année 2017 sur une progression d’environ 25 % sur le marché en euros !

Les émissions vertes sont en progression et ont largement dépassé les 100 milliards d’équivalents dollars en 2017, émetteurs publics et privés confondus à travers le monde. L'État français est à l'origine d'une émission notable : « C'est la première fois qu'un émetteur souverain lève un montant aussi important, en l'occurrence 7 milliards d’euros », souligne Félix Orsini. Les entreprises du secteur public sont elles aussi présentes sur le marché des green bonds. Par exemple, comme le signale Félix Orsini, « SNCF Réseau a émis en 2017 à 30 ans, c’est-à-dire la durée la plus longue à ce jour en matière d'émission durable. »

En 2018, le marché de la dette devrait demeurer très actif. Les investisseurs risquent de pécher par excès de confiance. Félix Orsini estimait déjà, début décembre 2017 que le marché était un peu trop résilient. Par exemple, le marché en 2017 n'a quasiment pas réagi à la crise catalane ni à la crise politique allemande. « Cette résilience n'est pas forcément injustifiée puisque la croissance est là, mais attention, il y a plusieurs dossiers politiques sensibles en 2018 avec notamment les négociations du Brexit et les élections italiennes, et les investisseurs doivent continuer de bien percevoir ces risques. »

En 2018, la sortie très progressive de la politique accommodante menée par la BCE sera observée de près. Tous les yeux seront braqués sur une éventuelle remontée des taux dans le marché, mais la BCE a bien insisté sur le fait qu'en cas de tension dans les marchés, elle réagirait pour que les conditions de financement demeurent très favorables.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº815
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