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Chine

« La croissance chinoise ralentit, car certaines entreprises ne trouvent pas de financements »

Créé le

18.01.2019

-

Mis à jour le

28.01.2019

Sommé de devenir plus transparent, le shadow banking finance moins généreusement les entreprises privées chinoises. Le résultat sur la croissance du pays se fait sentir : les chiffres à fin 2018 montrent un ralentissement.

Comment évolue le financement des entreprises chinoises par le shadow banking ?

En Chine, les banques financent prioritairement les entreprises publiques ou semi-publiques ou des projets soutenus par le gouvernement ; elles ne financent que très peu les entreprises privées. Celles-ci disposent, parmi leurs sources de financement externe, du shadow banking (qui, au sens large, est constitué des institutions non bancaires finançant, pour un coût plus élevé, les projets délaissés par les banques) et l’évolution de la dette de ces entreprises a contribué à l’excès d’endettement de l’économie chinoise (la dette en Chine pèse environ 250 % du PIB). Le gouvernement cherchant à désendetter son économie, il a décidé, il y a deux ans, de réformer les pratiques du shadow banking qui ont longtemps été assez opaques. Les autorités exigent de la part des acteurs du shadow banking, plus de transparence sur leurs mécanismes d’octrois de crédits. À cette régulation financière plus stricte est venu s’ajouter un durcissement des conditions de liquidités. Les acteurs du shadow banking sont ainsi devenus moins généreux dans l’octroi de crédits, ce qui se fait sentir aujourd’hui au niveau de la croissance chinoise qui ralentit car certaines entreprises ne trouvent pas de financements pour leur développement ou pour rembourser leurs crédits en cours.

Ce ralentissement de l’économie chinoise est-il inquiétant ?

Ce ralentissement sera préoccupant si aucune alternative au shadow banking n’est trouvée. En novembre 2018, les autorités ont demandé aux banques chinoises d’augmenter les financements octroyés aux entreprises privées : par exemple, une recommandation fixe à un tiers, la part de ces financements dans l’ensemble des crédits octroyés par les grandes banques ; la part est fixée à deux tiers pour les petites et moyennes banques. Mais les banques et les marchés n’ont pas bien reçu cette recommandation. Les banques connaissent mal les entreprises privées et ne savent pas analyser le risque de crédit qu’elles présentent. De plus, elles ont peu de motivation à développer cette compétence car ces entreprises sont de petite taille et les analyser sérieusement est peu rentable comparé aux crédits des entreprises publiques. Aussi, cette recommandation a donné peu de résultats. Il est important que d’autres sources de financement répondent aux besoins des PME mais pour l’instant, aucune alternative n’est opérationnelle, ce qui est inquiétant.

Comment se manifeste le ralentissement de l’économie chinoise et s’explique-t-il par d’autres facteurs ?

L’un des indicateurs est la production industrielle qui ne croît qu’à 5,7 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2018. Outre le désendettement des entreprises privées, un autre facteur explique ce ralentissement : il s’agit de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Le plus pénalisant pour l’économie chinoise réside dans l’incertitude qui pèse sur la nature et l’intensité des mesures que les États-Unis pourraient mettre en place pour préserver leur leadership. Nous sommes en ce moment dans une période de trêve et le 1er mars, nous devrions obtenir des clarifications sur l’évolution de la guerre des tarifs douaniers. En principe, la guerre des tarifs douaniers ne devrait pas s’intensifier car la hausse porterait alors sur des produits pour lesquels les États-Unis ont une forte dépendance vis-à-vis de la Chine.

Dans quelle mesure le ralentissement chinois affecte-t-il l’économie mondiale ?

La contribution de la croissance chinoise à la croissance mondiale (mesurée en dollar constant 2010) est de 27 %. Son ralentissement a donc un impact important sur la croissance mondiale et affecte en tout premier lieu les autres économies asiatiques et les pays producteurs de matière première.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº829
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