Le mouvement mondial réclamant le désinvestissement des énergies fossiles fêtait, les 13 et 14 février derniers, les « Global Divestment Days ». À cette occasion, le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) s’est trouvé épinglé par une étude publiée par 350.org, organisation à l’origine de l’événement : « le FRR détient des investissements directs dans 60 des 100 premières entreprises mondiales du secteur pétrolier et gazier, et dans 21 des 100 premières entreprises mondiales de charbon. […] Ces entreprises ont des réserves cumulées équivalentes à plus de 194 milliards de tonnes de CO2. »
Olivier Rousseau, membre du directoire du FRR, s'étonne de cette mise à l’index, mais se l’explique bien : « Ce n’est pas surprenant : nous sommes bien le seul grand investisseur à communiquer en toute transparence sur nos investissements ! » Son organisation assume totalement sa stratégie d’investissement : « Notre mission n’est pas d'être une fondation pour l'environnement , mais d’assurer les meilleurs rendements possibles afin d’optimiser le financement des retraites », rappelle-t-il. « Pour autant, nous respectons scrupuleusement la loi et les traités internationaux et sommes convaincus que la dimension ESG est une partie intégrante de l’analyse des risques, et pas seulement des risques de réputation. » En France, le FRR a pourtant été l’un des tout premiers investisseurs à faire le choix d’une politique ISR. Il est, de plus, partenaire de la « Portfolio Decarbonization Coalition » soutenue par l’
C’est un fait, les institutions financières possèdent une force de frappe colossale, et pourraient agir, par leurs choix d’investissement, sur le mix énergétique. C’est la raison pour laquelle elles sont interpellées par les ONG. Les investisseurs refusent d’endosser ce rôle. Ils en appellent aux pouvoirs politiques pour légiférer. Olivier Rousseau considère que la meilleure solution consiste à mettre en place, une fois pour toutes, une taxe carbone : « Les États pourraient tout à fait alourdir la fiscalité du carburant et considérer la taxation du kérosène, par exemple. » Selon lui, les Bourses carbone ne constituent pas une option pérenne : « Le jeu du marché a démontré son inefficacité et a donné lieu à des fraudes, qui plus est. » Le désinvestissement systématique n’est pas davantage une option réaliste : il est préférable, selon lui, de conserver ces actifs, mais de faire pression sur les sociétés en utilisant son droit de vote et de ne vendre que si le dialogue s’avère impossible ou totalement infructueux.
Cependant, tous considèrent avec intérêt les études portant sur les stranded
A.M.