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3 Questions à... Stefano Mazzocchi,
Managing Director et Deputy Head Advocacy, AFME

« La DLT peut rendre les marchés
de capitaux plus efficients »

Créé le

24.08.2023

-

Mis à jour le

22.09.2023

Avancées technologiques en matière de crypto-actifs,
euro numérique ou nouveau cadre de finance ouverte au sein de l’Union européenne : l’association professionnelle
des acteurs des marchés financiers en Europe (Association for Financial Markets in Europe, AFME) partage ses positions.

Comment le développement des crypto-actifs transforme-t-il les marchés financiers ?

La technologie de registre distribué « DLT » peut jouer un rôle central en rendant les marchés de capitaux plus efficients et en facilitant l’accès au financement pour l’économie réelle. Dans le même temps, les banques et les régulateurs se sont attachés, à juste titre, à évaluer les risques potentiels liés à l’utilisation de la technologie DLT.

Après la chute de Terra/Luna et de FTX en 2022, les régulateurs mondiaux ont adopté une position très conservatrice. L’AFME a beaucoup travaillé avec les autorités européennes pour assurer une approche neutre sur le plan technologique, qui permette à l’économie de tirer parti des avantages de la DLT. Pour ce faire, il est important de distinguer les titres traditionnels tokenisés et jetons de sécurité natifs basés sur la DLT, des stablecoins et cryptomonnaies, qui devraient être traités différemment. Les investissements des banques dans les cryptoactifs reposent sur des paramètres variant selon les profils de risque, le type de produit et l’infrastructure utilisée. Le Comité de Bâle a publié une classification qui donne la possibilité de les différencier en quelque sorte.

Afin d’exploiter pleinement la capacité de ces technologies et de disposer d’une solution de règlement efficace de type Delivery versus Payment (DVP) pour les opérations sur titres tokenisées grâce à la DLT, les instruments de paiement doivent également être basés sur la DLT. Ainsi, nos membres s’intéressent de plus en plus aux dépôts tokenisés sur la DLT. Certaines banques ont testé cette solution, qui pourrait représenter une nouvelle forme de devise – de la monnaie bancaire commerciale tokenisée programmable pouvant être utilisée dans des contrats intelligents. Construits de la bonne manière, ces dépôts pourraient être un moyen de parvenir à une solution DVP plus efficace qui réduirait les risques de contrepartie et de liquidité, et contribuerait à la stabilité financière.

Le projet d’euro numérique est-il soutenu par votre association ?

L’AFME est très favorable à un euro numérique de gros. Plus largement, les monnaies numériques de banque centrale de gros (CBDC) permettraient à la technologie DLT de transformer et de rendre plus efficaces les marchés financiers, d’automatiser les transactions et d’augmenter la liquidité des marchés de capitaux. Nous avons encouragé la BCE à étudier les liens possibles des services TARGET avec les infrastructures basées sur la DLT, et saluons leur décision d’étudier la question. Il est aussi essentiel que tout euro numérique de gros soit interopérable avec les CBDC émises par d’autres juridictions. Si l’importance d’un euro numérique est reconnue, certaines préoccupations subsistent. Les banques s’inquiètent de la possibilité que des clients transfèrent rapidement leur argent du compte bancaire vers le compte en euro numérique, ce qui engendrerait des risques pour la stabilité financière. C’est pourquoi la Banque Centrale Européenne envisage de fixer des limites de détention. Nous avons vu récemment comment la volatilité de la base des dépôts peut être exacerbée par la technologie numérique.

Comment jugez-vous l’open finance de la Commission européenne ?

Nous sommes d’accord avec l’objectif d’une économie de données forte au sein de l’Union européenne. Avec ce nouveau cadre, les clients peuvent partager leurs données avec un large éventail de nouveaux entrants, comme les fintechs qui seront de leur côté en mesure de fournir des services supplémentaires. Les banques produisent et conservent une énorme quantité de données. Le coût du maintien de données fiables et de mécanismes de partage devrait être réparti équitablement, dès lors que ces données sont partagées.

Le nouveau cadre proposé comprend – et cela va dans le bon sens – les principes de compensation qui seront à déterminer par l’industrie et les acteurs du marché. n

Propos recueillis par Tân Le Quang

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº883
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