Les premiers mots prononcés publiquement par Pierre Moscovici, commissaire en charge des affaires économiques et de la fiscalité, après l’élection d’Emmanuel Macron – lors d’une conférence de presse le 9 mai 2017, jour de la fête de l’Europe –, expriment un profond soulagement : « Les Français viennent d’écarter un projet antieuropéen, celui de Marine Le Pen, et d’élire un jeune président qui, lui, est un fervent proeuropéen, donc l’Europe est vraiment à la fête ». Le commissaire souligne toutefois l’importance des votes blancs, des abstentionnistes et des électeurs de Marine Le Pen. Il estime que l’Europe doit parler à ces citoyens et entendre leur message d’insatisfaction. Il identifie quatre chantiers prioritaires qui relèvent de sa compétence et sur lesquels il est prêt à travailler avec Emmanuel Macron.
1. La crédibilité budgétaire : Pierre Moscovici souhaite voir la France sortir très rapidement de la procédure de déficit excessif, affirmant qu’elle peut y parvenir « sans effort massif ». Il fait aussi remarquer que la France risque d’être bientôt le seul pays en procédure : « aujourd’hui, dans la zone euro, quatre pays sont en procédure de déficit excessif : la Grèce et le Portugal dont les déficits sont au-dessous de 3 % maintenant, l’Espagne dont il y a de bonnes raisons de penser que ses déficits seront au-dessous de 3 % en 2018, et la France ». Or, d’après les prévisions de la Commission, l’Hexagone affichera un déficit de 3 % pour 2017 et de 3,2 % l’année suivante si aucune mesure n’est prise pour corriger le tir et respecter le plafond de 3 %.
2. La réduction des divergences : le commissaire veut s’attaquer aux divergences économiques et sociales au sein de la zone euro, entre les pays en excédent et les pays en déficit. Il craint une « contestation fondamentale de l’euro » si certains pays sont toujours plus prospères tandis que d’autres ont l’impression de faire toujours plus d’efforts : « les pays qui ont des excédents importants doivent investir, pour le bien de tous, à commencer par le leur ». Un message qui s’adresse, sans la nommer, à l’Allemagne.
3. Créer un budget de la zone
4. Lutte contre la fraude et l’évasion fiscale : trois sujets sont plus particulièrement mis en avant : une liste noire européenne de paradis fiscaux, l’assiette commune consolidée de l’impôt sur les sociétés, enfin, la lutte contre la fraude à la TVA.
Pour avancer sur ces différents thèmes, l’avis de l’Allemagne sera essentiel, de même que l’entente franco-allemande. Or, à en croire l’accueil chaleureux réservé au Président français lors de son déplacement à Berlin le 15 mai 2017, le couple Merkel-Macron démarre sous les meilleurs auspices. S. G.