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Résultats semestriels

La banque de détail française sous pression

Créé le

22.08.2023

-

Mis à jour le

23.08.2023

Le marché a pâti de la hausse des passifs, la plupart des établissements hexagonaux tirent cependant leur épingle du jeu.

Les résultats des fleurons nationaux ont été contrastés au premier semestre 2023, période marquée par une croissance faible et la hausse des taux. Porté par le bond de 25,5 % du revenu de sa bancassurance en France et une dynamique de marché favorable à CNP Assurances, La Banque Postale a publié un revenu semestriel en hausse de 23,1 % à 3,86 milliards d’euros, son résultat net (RN) s’envolant de 44,2 % à 580 millions. Sa mutation en groupe public de bancassurance achevée, surprise (!), Philippe Heim a annoncé son départ de la présidence du directoire pour se consacrer à la finance responsable. L’intérim est assuré par Stéphane Dedeyan, directeur général de CNP.

Du côté de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, le semestre s’est soldé par une avancée de 4 % du revenu à 7,98 milliards stimulée par la banque de détail (+1,9 %) et les activités de marché (+63,3 %). À la suite de choix stratégiques, les frais généraux du groupe mutualiste ont crû de 6,7 %. Son coût du risque, en lien avec la conjoncture, a flambé de 44,4 %. Le RN a ainsi baissé de 7,1 % à 1,87 milliard.

Chez BNP Paribas, le recul au deuxième trimestre de 18,3 % des activités Taux, Change et Matières premières est compensé par le pôle Commercial, Personal Banking & Services (CPBS, +3,3 %) et Arval & Leasing solutions (+17,1 %). Des coûts et un impact négatif de 430 millions d’euros lié aux ajustements de taux sur le TLTRO (Targeted Longer-Terme Refinancing Operations) au dernier trimestre 2022 ont nourri la baisse de 9,1 % à 2,81 milliards du résultat trimestriel. Hors plus-value de cession de Bank of the West, le RN semestriel ralentit de 5,9 % à 4,29 milliards.

L'épargne réglementée pénalisante

Pour beaucoup d’acteurs, les revalorisations des taux de l’épargne réglementée ont été pénalisantes. Avec des taux du livret A/LDDS et du LEP à 3 % et 6,1 % entre février et juin 2023, contre 0,5 % et 1 % en janvier 2022, les marges nettes d’intérêts (MNI) des banques de détail en France se sont contractées. Fitch, qui estime la part de l’épargne réglementée dans le financement des grandes banques de 15 % à 20 %, indique que cette compression des MNI résulte « des structures de bilan des banques et des spécificités du marché français, qui ont conduit à une réévaluation des passifs plus rapide que celle des actifs dans un contexte de hausse des taux d’intérêt ». Côté actifs, la réévaluation des portefeuilles de prêts est lente en raison de la part importante des prêts immobiliers à taux fixe.

Société Générale renoue avec les bénéfices au premier semestre (1,7 milliard) après une perte un an plutôt liée à sa sortie de Russie. Une bonne nouvelle ternie par sa condamnation, comme BNP Paribas, à payer 110 millions de dollars d’amendes à la Securities and Exchange Commission (SEC) et la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) pour avoir enfreint les règles de tenue de registres impliquant l’utilisation de WhatApps, de Signal ou de SMS. Affaibli par ses réseaux bancaires, BPCE a vu son revenu mi-2023 décliner de 7,4 % à 11,28 milliards et son RN de 22,2 % à 1,5 milliard. Le groupe Crédit Agricole affiche une santé de fer. Son bénéfice semestriel s’est accéléré de 9,8 % à 4,15 milliards. Avec un saut de 48 % de son RN à 3,26 milliards, Crédit Agricole SA (CASA) continue de gagner la confiance de son actionnaire majoritaire, la SAS Rue La Boétie, qui prévoit d’acquérir d’ici fin juin 2024 jusqu’à un milliard d’euros de titres CASA sans dépasser les 65 % du capital.

Si les banques françaises font preuve de résilience à court terme, elles devraient aussi être capables d’absorber de futurs chocs à moyen terme. Selon les résultats des stress-tests de l’Autorité bancaire européenne, leur ratio de fonds propres CET1 passerait de 15,5 % à̀ 9,3 % d’ici à 2025 en cas de crise.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº883