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La BCE dessine les contours d’une pause

Créé le

21.09.2023

-

Mis à jour le

29.09.2023

La Banque Centrale Européenne a de nouveau relevé son taux directeur de 25 points de base.
Un statu quo semble désormais possible mais les tensions internes sur les prix restent fortes.

Même si elle a significativement reflué depuis son pic de 10,6 % atteint en octobre 2022, l’inflation en zone euro publiée à 5,3 % en juillet et août est encore bien loin de l’objectif de 2 % de la Banque Centrale Européenne (BCE). Celle-ci s’est lancée dans une normalisation sans précédent de sa politique monétaire, en remontant brutalement le taux de ses opérations principales de refinancement de 425 points de base (pb) entre juillet 2022 et août 2023. Tandis que la Réserve fédérale américaine a maintenu le 20 septembre son taux directeur dans la fourchette de 5,25 % à 5,50 % et anticipe une nouvelle hausse des taux d’ici fin 2023, la BCE a de nouveau relevé son taux directeur le 14 septembre de 25 pb, le portant à un record de 4,50 %. Elle a fait de même pour ses facilités de dépôt et de prêt marginal, dont les taux atteignent désormais, respectivement, 4 % et 4,75 %.

Procédant à sa dixième hausse des taux d’affilée, l’institution monétaire s’attend à ce que l’inflation, malgré son ralentissement, reste « trop forte pendant une trop longue période » et a révisé à la hausse ses prévisions d’inflation, de 5,4 % à 5,6 % pour 2023 et de 3 % à 3,2 % pour 2024. Des chiffres qui intègrent une inflation énergétique plus élevée. Pour 2025, elle a réduit sa prévision de 2,2 % à 2,1 %, un niveau proche de la cible de 2 %.

Dans son communiqué de presse, le Conseil des gouverneurs de la BCE considère que « les taux d’intérêt directeurs de la BCE ont atteint des niveaux qui, maintenus pendant une durée suffisamment longue, contribueront fortement au retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif ». Cette déclaration a nourri l’espoir, sur les marchés, que la BCE soit en pause monétaire pour longtemps et que les taux directeurs aient atteint leur niveau pivot, comme l’ont illustré la hausse du CAC de 1,2 %, le recul de l’euro de 0,7 % face au dollar à 1,065 et la détente de 6 pb à 2,59 % des taux à 10 ans du Bund, après la conférence de presse de Christine Lagarde.

En attente de preuves supplémentaires

Pour autant, la présidente de la BCE n’a pas donné d’indications supplémentaires suggérant un statu quo effectif sur les taux. « Nous ne pouvons pas dire que nous avons atteint le pic », a-t-elle déclaré. Un scénario dans lequel le taux d’opérations principales de refinancement resterait à 4,5 % jusqu’en 2025 dépendra en grande partie de l’évolution des tensions internes sous-jacentes sur les prix, matérialisées, à ce stade, par les hausses de salaires et des marges bénéficiaires plus importantes qu’anticipé.

Lors de la crise énergétique de 2022 déclenchée par la guerre en Ukraine, les entreprises ont vu leurs coûts de production et les salaires augmenter et ont répercuté la hausse des prix énergétiques sur leurs marges et leurs prix de vente. Aujourd’hui, ces tensions internes restent fortes. L’inflation hors énergie et produits alimentaires est prévue par la BCE à 5,1 % en moyenne en 2023, à 2,9 % en 2024 et à 2,2 % en 2025. S’appuyant sur l’évolution des données macroéconomiques, la BCE attend davantage de preuves de l’efficacité de la transmission de son cycle de hausses de taux à l’économie réelle. À ce niveau, des progrès ont été clairement réalisés. « Il est évident que la hausse des taux se propage au sein de l’économie plus vite qu’au cours des précédents cycles [de hausse des taux] », a commenté Christine Lagarde.

L’institution constate que les conditions de financement se sont resserrées dans un contexte de poursuite des arbitrages des épargnants en faveur des dépôts à terme plus rémunérateurs et au détriment des dépôts à vue, de fin progressive des opérations ciblées de refinancement à plus long terme (TLTRO) et de hausse des taux des prêts aux entreprises et des prêts hypothécaires. De quoi freiner la demande. La BCE a d’ailleurs baissé ses projections de croissance économique, pour la zone euro, de 0,9 % à 0,7 % en 2023, de 1,5 % à 1 % en 2024 et de 1,6 % à 1,5 % en 2025.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº884
Le taux de refinancement à un plus-haut historique
$!La BCE dessine les contours d’une pause
RB