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Le compte Nickel, poil à gratter des banques ?

Créé le

14.04.2014

-

Mis à jour le

19.09.2014

Et si le compte Nickel allait permettre de faire bouger les lignes dans les offres de service des banques traditionnelles ? Lorsque les fondateurs de la Financière de paiements électroniques (FPE), la start-up à l’origine du compte Nickel, se sont présentés à lui, le régulateur s’est montré extrêmement sourcilleux sur le business model, a exigé un luxe de précautions pour assurer la sécurité des clients. Ryad Boulanouar et Hugues le Bret ont relevé le défi ; ils ont également réussi à lever les fonds propres supplémentaires demandés. Aujourd’hui, conscients de disposer d’un système d’information performant, voire innovant, ils n’hésitent pas à interpeller les banques. En effet, de par son statut d’établissement de paiement, FPE ne peut pas faire crédit. Il lui faut donc vérifier la solvabilité d’un client à chaque opération. Cette contrainte, FPE veut la transformer en avantage concurrentiel. Ainsi, le 27 mars dernier, lors de la conférence CCM Benchmark dédiée aux nouveaux acteurs de la finance, Hugues Le Bret déclarait, un brin provocateur : « La vraie modernité bancaire, c’est le temps réel. » Un service que les établissements bancaires traditionnels ne sont aujourd’hui pas en position de proposer à leurs clients et qui, à son sens, est facteur de nombre de situations d’impayés et de prélèvement d’agios.

Sur la partie « ouverture de compte », Ryad Boulanouar, qui possède à son actif des innovations informatiques dans le domaine des systèmes de paiement (Moneo, Navigo), a développé une chaîne de traitement permettant de dématérialiser aisément tous les documents et de faire en temps réel les vérifications nécessaires pour limiter les risques de fraude. Une contrainte lourde que FPE compte bien mettre en avant, lorsque la question des avantages concurrentiels est soulevée : Hugues Le Bret explique n'avoir « aucune illusion sur le fait que nous devrons gérer des cas de fraude dans le futur. Néanmoins à l’heure actuelle, c’est nous qui détectons des fraudes dans les banques et qui leur remontons les informations. »

De leur côté, les banquiers n’ont pas encore répliqué officiellement. En petit comité, certains moquent le ridicule d’une idée reposant sur un réseau de buralistes, ou encore considèrent que la communication du compte Nickel est par certains aspectsmensongère : le coût annuel irait bien au-delà des 20 euros liés à l’acquisition de la carte, à cause des frais liés aux dépôts d’espèce et aux retraits, tous facturés. Hugues Le Bret évalue les frais annuels à une cinquantaine d’euros. Georges Gloukoviezoff, un spécialiste des questions d’inclusion financière, pense que cette estimation est inférieure à la réalité, pour les populations les plus fragiles en tout cas. Selon lui, « en faisant l’hypothèse qu’elles se limitent à un retrait tous les 3 jours, le coût annuel de leur compte Nickel serait de 141 euros auxquels devraient s’ajouter les commissions sur les dépôts d’espèces. À titre de comparaison, la CLCV estime le coût moyen d’une relation bancaire pour un client réalisant 8 retraits par carte par mois à un montant variant de 69 à 102 euros, selon que le client choisit ses services à la carte ou par package. »

Avec une offre simple, un réseau potentiel de 27 000 buralistes, des plages d’ouvertures supérieures aux agences bancaires, et un contact humain, FPE compte séduire 100 000 clients d’ici la fin de l’année.

A. M.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº772