Le marché chinois est-il le nouvel eldorado ?

La Chine est aujourd'hui le sixi&egrave;me plus grand march&eacute; mondial d'assurance, d&eacute;passant, entre autres, l'Italie et talonnant l'Allemagne. Tous les grands assureurs internationaux se pr&eacute;cipitent sur l'Empire du Milieu, qui devrait devenir le deuxi&egrave;me, voire le premier march&eacute; mondial de l'assurance d'ici &agrave; 10 ans. La forte croissance de ce march&eacute; chinois s'explique par son niveau de d&eacute;veloppement encore faible, par la croissance vertigineuse de l'&eacute;conomie chinoise, des revenus des classes moyennes et de leur niveau d'&eacute;pargne, qui se conjuguent &agrave; l'&eacute;volution du besoin d'assurance, par les effets soci&eacute;taux de la politique d'enfant unique (vieillissement de la population, dissolution des solidarit&eacute;s), par de l'ouverture progressive aux acteurs &eacute;trangers. Toutes ces raisons conduisent les acteurs internationaux de l'assurance &agrave; placer beaucoup d'espoir en Chine, en d&eacute;pit de nombreuses difficult&eacute;s qu'il convient d'identifier. Aussi, apr&egrave;s un bref historique, pr&eacute;senterons-nous les d&eacute;fis de la concurrence locale comme de sp&eacute;cificit&eacute;s culturelles et r&eacute;glementaires, avant de pr&eacute;ciser les modalit&eacute;s de la croissance potentielle. Historique du march&eacute; chinois de l'assurance Du monopole d'&Eacute;tat &agrave; une ouverture progressive des fronti&egrave;res Le secteur des assurances occupe d&eacute;sormais une place importante au sein de la politique gouvernementale chinoise. L'assurance est consid&eacute;r&eacute;e comme un secteur strat&eacute;gique quant au soutien des objectifs nationaux de croissance durable. Le march&eacute; de l'assurance n'a pas toujours &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute; comme tel en Chine. En effet, l'&Eacute;tat chinois a longtemps monopolis&eacute; l'industrie de l'assurance, interdisant ainsi le d&eacute;veloppement des compagnies &eacute;trang&egrave;res souhaitant entrer sur le march&eacute;. Le secteur des assurances en Chine &eacute;merge au XIX e si&egrave;cle, mais tombe dans l'oubli en 1949 en raison du syst&egrave;me d'assurance socialiste, cr&eacute;&eacute; cette m&ecirc;me ann&eacute;e, la People's Insurance Company of China (PICC). C'est le gouvernement central qui monopolise et garantit l'assurance. &Agrave; cette &eacute;poque, tr&egrave;s peu de Chinois poss&eacute;dant des biens immobiliers et la quasi-totalit&eacute; des entreprises gouvernementales s'auto-assurant, le march&eacute; de l'assurance est quasiment nul. &Agrave; partir des ann&eacute;es 1980, le secteur des assurances commence &agrave; se restructurer. Il se d&eacute;veloppe fortement &agrave; partir de 1988 et la cr&eacute;ation de &laquo; Ping An Insurance &raquo;. Cette holding chinoise compte aujourd'hui plus de 36 000 salari&eacute;s et est devenue le premier actionnaire de la banque belgo-n&eacute;erlandaise Fortis, avec une participation de pr&egrave;s de 4,18 % du capital soit 1,8 milliard d' euros [1] ). Parall&egrave;lement, le march&eacute; national s'ouvre aux capitaux &eacute;trangers, &agrave; travers la cr&eacute;ation des premi&egrave;res joint-ventures (voir Tableau 1). La construction du march&eacute; chinois de l'assurance prend un tournant important en 1996, avec la division en trois entit&eacute;s distinctes de PICC : China Life Insurance, China Property Insurance (ou PICC Property and Casualty (P&amp;C)) et China Reinsurance. China Life Insurance et PICC P&amp;C occupent une part importante des march&eacute;s domestiques de l'assurance vie et de l'assurance dommages. En ce qui concerne l'organisation du march&eacute;, la China Insurance Regulatory Commission (CIRC), autorit&eacute; de contr&ocirc;le des soci&eacute;t&eacute;s d'assurances, est fond&eacute;e le 18 novembre 1998 et occupe aujourd'hui un statut d'institution minist&eacute;rielle (depuis 2003). Elle supervise et contr&ocirc;le les produits d'assurance en Chine et le march&eacute; des services d'assurance en Chine. La CIRC veille &eacute;galement &agrave; la stabilit&eacute; et la l&eacute;galit&eacute; des op&eacute;rations du secteur assurantiel [2] . Mais le v&eacute;ritable point de d&eacute;part de l'&eacute;mergence du march&eacute; chinois de l'assurance est l'accession de la chine &agrave; l'Organisation mondiale du commerce (OMC). En effet, son adh&eacute;sion &agrave; l'OMC en d&eacute;cembre 2001 a lanc&eacute; un v&eacute;ritable appel aux acteurs internationaux, en autorisant l'acc&egrave;s du march&eacute; aux investissements &eacute;trangers. De ce fait, toutes les entreprises internationales &agrave; la recherche de relais de croissance voient l'ouverture du march&eacute; chinois de l'assurance comme une opportunit&eacute; majeure. Cette m&ecirc;me ann&eacute;e a &eacute;t&eacute; marqu&eacute;e par l'attribution des Jeux Olympiques &agrave; P&eacute;kin, ce qui a constitu&eacute;, sur le plan de la reconnaissance internationale, un &eacute;v&eacute;nement sans pr&eacute;c&eacute;dent dans l'histoire de l'Empire du Milieu. Caract&eacute;ristiques du march&eacute; chinois de l'assurance Aujourd'hui, le march&eacute; chinois occupe la sixi&egrave;me place du march&eacute; mondial de l'assurance, avec un potentiel de croissance tr&egrave;s important, m&ecirc;me pour les assureurs locaux et &eacute;trangers. Cela s'explique notamment par la croissance &agrave; deux chiffres du PIB chinois depuis ces dix derni&egrave;res ann&eacute;es. Or l'assurance chinoise, bien qu'elle &eacute;volue de plus en plus, conna&icirc;t un certain &laquo; retard &raquo; en comparaison d'autres secteurs. Le march&eacute; de l'assurance cro&icirc;t tr&egrave;s rapidement, notamment en raison d'un ph&eacute;nom&egrave;ne de &laquo; rattrapage &raquo; emmen&eacute; par la croissance &eacute;conomique &eacute;lev&eacute;e du pays. Parmi les autres pays &eacute;mergents (les fameux BRIC : Br&eacute;sil, Russie, Inde et Chine), la Chine conna&icirc;t la plus importante croissance des primes d'assurances entre 2007 et 2011 (pr&egrave;s de 20 % d'augmentation contre 15 % environ pour le Br&eacute;sil, second en terme d'&eacute;volution sur la m&ecirc;me p&eacute;riode). Parall&egrave;lement, il est nettement domin&eacute; par les assureurs locaux ce qui ne d&eacute;courage pas les assureurs &eacute;trangers, qui restent attir&eacute;s par le potentiel colossal du march&eacute;. La part des assureurs &eacute;trangers en assurance vie, s'&eacute;l&egrave;ve &agrave; 4,3 % en 2012 contre 1 % seulement en assurance non-vie. En non-vie, le march&eacute; de l'assurance RC automobile &eacute;tait jusqu'ici ferm&eacute; aux assureurs &eacute;trangers, il faut donc voir si l'ouverture de ce march&eacute; de l'assurance RC automobile se traduira par une augmentation significative de la part de march&eacute; des assureurs &eacute;trangers en assurance dommages. Enfin, l'assurance &eacute;tant un secteur relativement r&eacute;cent en Chine, elle n'est pas totalement entr&eacute;e dans les mœurs chinoises. Le taux de p&eacute;n&eacute;tration en assurance vie se situe aux alentours de 2,3 % du PIB et 1,1 % en assurance non-vie, donc tr&egrave;s largement en-dessous de la moyenne mondiale qui est respectivement de 6,6 % et 8,03 % pour la zone Am&eacute;rique du Nord [3] en assurance. Les d&eacute;fis lanc&eacute;s par le march&eacute; chinois Les particularit&eacute;s du march&eacute; chinois &ndash; &agrave; savoir renaissance r&eacute;cente, ouverture progressive aux assureurs &eacute;trangers, cadre r&eacute;glementaire strict en pleine &eacute;volution, sp&eacute;cificit&eacute;s culturelles et sociales &ndash; expliquent en grande partie la lenteur de la mont&eacute;e en puissance des assureurs &eacute;trangers. Pour r&eacute;ussir sur ce march&eacute;, il faut s'armer de patience et savoir s'adapter &agrave; ses mutations. La concurrence des acteurs locaux D'apr&egrave;s une enqu&ecirc;te r&eacute;alis&eacute;e par le cabinet d'audit international PriceWaterHouseCoopers en 2012, les assureurs chinois occupent les toutes premi&egrave;res places dans les classements de performance, y compris sur des crit&egrave;res suppos&eacute;s &laquo; acquis &raquo; aux assureurs &eacute;trangers exp&eacute;riment&eacute;s, tels que la qualit&eacute; des produits, l'innovation ou les strat&eacute;gies marketing . Cela montre &agrave; quel point les acteurs chinois locaux sont redoutables et doivent &ecirc;tre pris tr&egrave;s au s&eacute;rieux par les assureurs &eacute;trangers. La principale source d'inqui&eacute;tude des assureurs &eacute;trangers est la comp&eacute;titivit&eacute; des assureurs chinois, toujours selon cette m&ecirc;me enqu&ecirc;te PWC 2012. D'autant plus que les entreprises chinoises d'assurance deviennent de plus en plus puissantes, non seulement sur leur territoire national mais aussi &agrave; l'international. Le classement Brandz 2014-millwardbrown.com des 100 marques les plus puissantes au monde montre que, parmi les dix marques d'assurance, se trouvent deux compagnies d'assurance chinoises aux deux premi&egrave;res places, Ping An et China Life, avec une valeur de marque s'&eacute;levant, respectivement, &agrave; 12,4 milliards de dollars et 12 milliards de dollars. &Agrave; titre de comparaison, la valeur de marque d'Axa et d'Allianz s'&eacute;l&egrave;ve respectivement &agrave; 5,6 milliards de dollars (5 e position du classement) et 5,3 milliards de dollars (6 e position). Les sp&eacute;cificit&eacute;s culturelles du march&eacute; chinois Comme le rappelle Jonathan Story, &laquo; China is different &raquo;. La Chine est plus qu'un pays, qu'une nation ; c'est une civilisation, un &laquo; &Eacute;tat-civilisation &raquo;, selon l'expression de Martin Jacques. La culture est pr&eacute;sente &agrave; tous les niveaux de la soci&eacute;t&eacute; et le monde des assurances n'&eacute;chappe pas &agrave; la r&egrave;gle. Ainsi, les assureurs &eacute;trangers ont l'obligation de comprendre et d'assimiler ces fondements afin de r&eacute;ussir leur int&eacute;gration. Les Chinois ont une fa&ccedil;on de faire des affaires, fond&eacute;e sur les relations personnelles, qui joueront un r&ocirc;le pr&eacute;pond&eacute;rant dans la r&eacute;ussite de l'implantation d'un assureur &eacute;tranger en Chine. En outre, les comp&eacute;tences linguistiques des hommes d'affaires chinois, notamment en anglais, sont &eacute;galement de nature &agrave; constituer un obstacle culturel. M&ecirc;me si l'arriv&eacute;e de la nouvelle g&eacute;n&eacute;ration va modifier cet &eacute;tat de fait, l'anglais est encore peu d&eacute;velopp&eacute; dans la gestion des affaires, et ce encore pour plusieurs d&eacute;cennies. Les familles chinoises, notamment la classe moyenne dont l'enrichissement est rapide, ont des ambitions croissantes pour la r&eacute;ussite de leurs enfants dans leur vie professionnelle. C'est notamment pour cette raison qu'ils souhaitent vivement investir dans les capacit&eacute;s linguistiques en anglais de leur prog&eacute;niture. Les diff&eacute;rences culturelles peuvent conduire &agrave; un sentiment de m&eacute;fiance entre les partenaires chinois et &eacute;trangers d'une coentreprise. Cela peut entra&icirc;ner de v&eacute;ritables conflits sur les pratiques de gestion et le management . En effet, les coentreprises g&eacute;r&eacute;es &agrave; la fois par un assureur chinois et un assureur &eacute;tranger emploient le plus souvent des gestionnaires de diff&eacute;rentes soci&eacute;t&eacute;s et de cultures d'entreprise compl&egrave;tement oppos&eacute;es. Il peut en r&eacute;sulter de fortes oppositions de points de vue sur les questions fondamentales de l'orientation politique de la coentreprise : l'analyse de march&eacute;, les produits commercialis&eacute;s, le mode de distribution et la gestion des r&eacute;seaux. Ces sp&eacute;cificit&eacute;s culturelles du march&eacute; chinois de l'assurance sont un v&eacute;ritable d&eacute;fi pour les acteurs &eacute;trangers. Les Guanxi , indispensables r&eacute;seaux d'influence Ainsi, les assureurs &eacute;trangers doivent prendre en consid&eacute;ration une condition indispensable &agrave; leur succ&egrave;s en Chine, les Guanxi , ou &laquo; r&eacute;seaux d'influence &raquo;. Ces derniers sont parall&egrave;les aux r&eacute;seaux d'affaires plus traditionnels. C'est une sorte de relation unique et privil&eacute;gi&eacute;e, tr&egrave;s particuli&egrave;re et sp&eacute;cifique &agrave; la Chine, qui se tisse entre plusieurs individus qui souhaitent maintenir de bonnes relations afin de faciliter la r&eacute;alisation d'affaires. Les Guanxi sont uniques et tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;s de ce que les r&eacute;seaux d'affaires pratiquent au niveau international. Toutefois, l'important changement social en cours en Chine affecte les coutumes relatives &agrave; la fa&ccedil;on de faire des affaires en g&eacute;n&eacute;ral. Le r&ocirc;le traditionnel des Guanxi occupait un r&ocirc;le majeur pour la r&eacute;ussite du d&eacute;veloppement des relations avec les acteurs chinois ; il commence &agrave; dispara&icirc;tre dans les centres urbains. L'influence des Guanxi s'att&eacute;nue et le favoritisme obtenu par l'interm&eacute;diaire de l'entente avec ce r&eacute;seau est controvers&eacute;, parfois remis en question, et les Guanxi sont de plus en plus critiqu&eacute;s. En revanche, ignorer leur existence serait dangereux, car ils continueront longtemps d'avoir de l'influence sur le monde des affaires chinois. Les assureurs &eacute;trangers doivent donc prendre en compte ce param&egrave;tre pour aborder les clients chinois. La cl&eacute; d'une implantation r&eacute;ussie en Chine est de comprendre la fa&ccedil;on de faire des affaires des Chinois. Cela passe par la connaissance de leur culture, leur fa&ccedil;on de se comporter, la place importante occup&eacute;e par l'honneur dans les mœurs chinoises, ainsi que la conciliation. La r&eacute;glementation complexe et discriminatoire envers les acteurs &eacute;trangers de l'assurance La r&eacute;glementation du march&eacute; chinois de l'assurance reste contraignante, limitant l'&eacute;mergence des assureurs &eacute;trangers sur le territoire chinois. Les assureurs &eacute;trangers sont loin d'&ecirc;tre plac&eacute;s sur un pied d'&eacute;galit&eacute; avec leurs homologues chinois. Les groupes qui exercent dans le secteur de l'assurance vie doivent obligatoirement cr&eacute;er une co-entreprise avec un partenaire local chinois au sein d'une joint-venture . Ces structures de joint-venture obligatoires limitent consid&eacute;rablement la croissance et l'innovation. Les entreprises locales chinoises ne sont pas faciles &agrave; convaincre d'entrer dans une joint-venture puisque la majorit&eacute; d'entre elles ne prennent pas le risque d'investir &agrave; long terme alors que leur investissement dans l'assurance ne sera rentable que sur le long terme. L'essor &eacute;conomique rapide de la Chine a fait appara&icirc;tre de nombreuses opportunit&eacute;s d'investissement rentables &agrave; court terme. Ce qui d&eacute;tourne les investisseurs potentiels de rechercher des investissements &agrave; rentabilit&eacute; diff&eacute;r&eacute;e&hellip; Cela est ressenti par les assureurs &eacute;trangers : selon l'enqu&ecirc;te PWC 2012, la principale inqui&eacute;tude des assureurs &eacute;trangers concerne le processus strict de contr&ocirc;le de la CIRC et les r&egrave;gles que celle-ci impose aux acteurs &eacute;trangers du secteur de l'assurance. Souhaitant d&eacute;velopper et accro&icirc;tre leur part de march&eacute; sur le march&eacute; chinois, les assureurs &eacute;trangers d&eacute;plorent l'impossibilit&eacute; d'aborder plusieurs secteurs d'assurances simultan&eacute;ment. La licence d'exploitation sera attribu&eacute;e par le bureau CIRC local de la province o&ugrave; la soci&eacute;t&eacute; d'assurance &eacute;trang&egrave;re souhaite &eacute;tablir son entreprise. Cette licence est d&eacute;livr&eacute;e territorialement et par type de produit. Ainsi, l'obtention d'une licence donne uniquement le droit &agrave; l'assureur &eacute;tranger d'exercer l'activit&eacute; d'assurance pour un type de produit seulement et sur un territoire limit&eacute; aujourd'hui &agrave; une province. &Agrave; cela s'ajoute une contrainte de temps puisque la dur&eacute;e de prise de d&eacute;cision de la CIRC est d'environ 6 mois. C'est tout le contraire pour les assureurs domestiques, non soumis &agrave; ces contr&ocirc;les et &agrave; cette r&eacute;glementation discriminatoire. Ces nombreuses discriminations sont vivement critiqu&eacute;es par les observateurs &eacute;trangers qui les jugent non compatibles avec les obligations de la Chine envers l'OMC, ce qui est tr&egrave;s contestable, au vu des conditions n&eacute;goci&eacute;es d'entr&eacute;e de la Chine dans l'OMC qui limitaient la lib&eacute;ration des &eacute;changes en assurances. Le potentiel de croissance reste important et incite &agrave; la pers&eacute;v&eacute;rance Une r&eacute;glementation &eacute;volutive Contrairement &agrave; la plupart des march&eacute;s asiatiques plut&ocirc;t conservateurs, le march&eacute; chinois &eacute;volue rapidement. La r&eacute;glementation du march&eacute; des assurances en Chine a tr&egrave;s largement &eacute;volu&eacute; depuis son adh&eacute;sion &agrave; l'OMC en 2001. La Chine a respect&eacute; le calendrier d'ouverture et tenu les engagements pris. &Agrave; l'heure actuelle, nous pouvons recenser de nombreuses entreprises &eacute;trang&egrave;res pr&eacute;sentes sur le march&eacute; chinois, parmi lesquelles les plus grands noms des assureurs internationaux : AIG, Allianz, Axa, ING, Generali, Aviva, Prudential UK, Manulife. S'agissant des assureurs fran&ccedil;ais, on note la pr&eacute;sence &ndash; au travers de soci&eacute;t&eacute;s locales ou de bureaux de repr&eacute;sentation &ndash; d'Axa, de la CNP, de Groupama, de Scor, de la Coface, de Cardif, et de courtiers comme Gras-Savoye. Parall&egrave;lement, la CIRC souhaite en effet mettre en place une r&eacute;glementation de solvabilit&eacute; proche des standards internationaux, soit un syst&egrave;me en ad&eacute;quation avec Solvabilit&eacute; 1, en attendant Solvabilit&eacute; 2 qui doit &ecirc;tre mise en application le 1 er janvier 2016, et les normes europ&eacute;ennes dans les autres domaines de la r&eacute;glementation de l'assurance. &Agrave; court terme, il est cependant peu probable que la CIRC prenne des mesures aussi importantes que les normes exig&eacute;es par Solvabilit&eacute; 2. La date &agrave; retenir, qui marque clairement la volont&eacute; de changement, est le 4 septembre 2008. Wu Dingfu, pr&eacute;sident de la CIRC, a d&eacute;clar&eacute; :&laquo; Since its foundation, CIRC has operated on the principles of supervision, risk prevention and promotion of development. But each stage of development has a different focus... Several years ago, our main mission was to &ldquo;repair the roads to make space for more cars&rdquo;. However, the insurance sector is at the beginning of a new stage of development and our goal now is a simple one: to improve the rules of the road, and strictly enforce them and prevent people from being harmed in accidents, in other words, to strengthen supervision [4] &raquo; . Il exprimait ainsi que l'objectif de la CIRC &eacute;tait d&eacute;sormais de renforcer la surveillance des compagnies d'assurance. Les mots fermes utilis&eacute;s par les r&eacute;gulateurs ont un poids r&eacute;el en Chine : le discours de M. Wu Dingfu aura un impact r&eacute;el sur l'orientation r&eacute;glementaire du secteur des assurances en Chine. Le gouvernement chinois exprime le souhait de renforcer la gouvernance des assureurs et d'am&eacute;liorer la gestion des risques afin d'imposer des exigences plus qualitatives que quantitatives aux placements financiers des compagnies d'assurances. Et, afin d'illustrer la volont&eacute; d'am&eacute;lioration de la r&eacute;glementation du secteur des assurances en Chine, la prochaine g&eacute;n&eacute;ration de normes de solvabilit&eacute; sera mise en place en 2016. Vers des normes de solvabilit&eacute; renforc&eacute;es La r&eacute;forme de la solvabilit&eacute; est une des t&acirc;ches cl&eacute;s pour rendre la r&eacute;glementation de l'industrie de l'assurance plus conforme aux standards internationaux. C'est en mars 2012 que la CIRC a publi&eacute; son nouveau plan dans le cadre de la deuxi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration de normes de solvabilit&eacute;. Cette nouvelle g&eacute;n&eacute;ration de normes est fond&eacute;e sur trois aspects essentiels qui rappellent les exigences de Solvabilit&eacute; 2 : l'ad&eacute;quation quantitative et qualitative du capital ; une gestion accrue des risques ; une meilleure information. Avec les taux de croissance &eacute;lev&eacute;s du secteur de l'assurance en Chine, la CIRC a notifi&eacute; aux assureurs qu'ils devraient d&eacute;sormais concentrer leur action sur la pr&eacute;vention des risques d'entreprises (ERM), y compris ceux relatifs &agrave; l'insolvabilit&eacute;, aux rachats, &agrave; la liquidit&eacute; et &agrave; l'utilisation du capital. Selon un sondage effectu&eacute;, pr&egrave;s de 94,6 % des compagnies d'assurances en Chine ont atteint la norme de solvabilit&eacute; requis &agrave; la fin du deuxi&egrave;me trimestre de 2012 [5] . Les annonces de cr&eacute;ation de zones pilotes se multiplient en Chine, comme autant de signaux d'une lib&eacute;ralisation prochaine de l'&eacute;conomie. La China Insurance Regulatory Commission (CIRC), a d&eacute;clar&eacute; vouloir encourager le secteur de la r&eacute;assurance. Tu Guangshao, maire-adjoint de Shanghai, esp&egrave;re que la zone pilote fera de Shanghai &laquo; un autre centre financier international connect&eacute; &agrave; Hong Kong, notamment dans le cadre de sa joint-venture avec HKEx &raquo; (Bourse de Hong Kong). En d&eacute;finitive, l'objectif de la CIRC est de trouver un &eacute;quilibre entre croissance de l'industrie de l'assurance et nouvelles exigences plus sophistiqu&eacute;es mais in&eacute;vitables, pour am&eacute;liorer la r&eacute;glementation du secteur et ainsi renforcer la protection du consommateur d'assurance en Chine et la stabilit&eacute; du secteur. Un aspect important de la r&eacute;gulation du secteur est l'ouverture aux capitaux &eacute;trangers : pour les entreprises &eacute;trang&egrave;res, la cr&eacute;ation d'une joint-venture avec les partenaires locaux est une n&eacute;cessit&eacute; &agrave; l'heure actuelle, et certains secteurs (comme la RC auto) restent interdits m&ecirc;me &agrave; ces joint-ventures . Aussi en est-on r&eacute;duit &agrave; se placer : ainsi Allianz Global Assistance (AGA) a-t-il sign&eacute; avec le constructeur automobile Qoros [6] un accord de partenariat permettant &agrave; toutes les voitures du constructeur automobile vendues en Chine de b&eacute;n&eacute;ficier de services d'assistance et de d&eacute;pannage. Un tel accord ne prend sens que dans la perspective de l'ouverture, &agrave; un terme non encore d&eacute;termin&eacute;, du march&eacute; de la RC auto. Se placer &agrave; la p&eacute;riph&eacute;rie pour pr&eacute;parer l'ouverture du grand march&eacute;, c'est ce qu'attendent toutes les entreprises d'assurances. Une g&eacute;n&eacute;ralisation du recours &agrave; l'assurance L'accroissement des revenus des classes moyennes chinoises est l'un des facteurs qui explique l'essor &eacute;conomique de la Chine. En effet, les citadins, voire les agriculteurs en devenant plus riches, acqui&egrave;rent des outils technologiques. Les chinois accumulent des &eacute;l&eacute;ments de valeur tels que des voitures, des biens immobiliers ou des actifs financiers. C'est pour cette raison que la demande d'assurance vie et non-vie des produits augmente. Toutefois, les assureurs &eacute;trangers et m&ecirc;me nationaux reconnaissent qu'il existe un manque important de sensibilisation et de connaissance des produits d'assurance, m&ecirc;me si cela tend &agrave; s'estomper, gr&acirc;ce notamment &agrave; l'&eacute;ducation et &agrave; l'urbanisation. En assurance vie, ce sont seulement les citoyens riches qui acqui&egrave;rent des produits d'&eacute;pargne. Le march&eacute; des classes moyennes, qui repr&eacute;sentent pourtant l'avenir de l'assurance en Chine, est relativement mal exploit&eacute; ; m&ecirc;me si le niveau de vie des classes moyennes chinoises s'&eacute;l&egrave;ve, elles n'ont souvent pas la capacit&eacute; de se prot&eacute;ger elles-m&ecirc;mes ainsi que leur famille, notamment pendant les p&eacute;riodes de ralentissement &eacute;conomique ou de catastrophes impr&eacute;vues. M&eacute;connaissance des produits d'assurance Cela s'explique en partie par le manque de connaissance, la plupart des Chinois majeurs ne reconnaissent pas l'importance de l'assurance ou n'ont pas les connaissances n&eacute;cessaires pour s&eacute;lectionner le produit d'assurance appropri&eacute;. Il y a donc l&agrave; un cr&eacute;neau pour les compagnies d'assurance &eacute;trang&egrave;res qui cherchent &agrave; &laquo; &eacute;duquer &raquo; le public chinois afin d'am&eacute;liorer leur compr&eacute;hension et leur r&eacute;ception des diff&eacute;rents produits d'assurance. De plus, compte tenu de la crise financi&egrave;re, la demande d'assurance des entreprises tend &agrave; augmenter. La crise a contraint de nombreuses entreprises de petite et de moyenne taille de la c&ocirc;te Est de la Chine &agrave; d&eacute;poser le bilan. Cela conforte les chefs d'entreprises dans l'importance de l'achat d'une couverture d'assurance adapt&eacute;e, afin de pallier certains risques financiers (pertes d'exploitation). L'&eacute;volution de la r&eacute;glementation chinoise pour les entreprises pousse &eacute;galement les chefs d'entreprises &agrave; exiger des produits d'assurances adapt&eacute;s, pour satisfaire leurs besoins en termes de couverture juridique et soci&eacute;tale. Enfin, la menace des catastrophes naturelles et le manque de couverture publique font appara&icirc;tre un vaste march&eacute; encore peu exploit&eacute;. Dans la mesure o&ugrave; le syst&egrave;me chinois de l'assurance n'a pas la capacit&eacute; de fournir une couverture et une indemnisation ad&eacute;quate pour les personnes victimes des catastrophes naturelles, les assureurs &eacute;trangers doivent s'appuyer sur leur savoir-faire pour proposer et mettre en place des solutions d'assurance adapt&eacute;es et suffisantes pour pallier ce type de risques. &laquo; Win in China&hellip; or lose everywhere &raquo; Sans c&eacute;der &agrave; un optimisme excessif, on peut affirmer que les assureurs &eacute;trangers conservent des marges de progression importantes sur le march&eacute; chinois. Incontestablement, le march&eacute; chinois doit imp&eacute;rativement &ecirc;tre pr&eacute;sent dans toute strat&eacute;gie d'internationalisation d'entreprises d'assurances &agrave; pr&eacute;tention &laquo; globale &raquo; en mondiale. D'ailleurs, aujourd'hui, la plupart des grands acteurs internationaux de l'assurance en sont convaincus et l'attitude des autorit&eacute;s chinoises encouragent leurs efforts de croissance sur le march&eacute; chinois. Parmi les facteurs de d&eacute;veloppement, la stabilit&eacute; politique en Chine, l'ouverture progressive du march&eacute;, la forte croissance de l'industrie de l'assurance et la r&eacute;glementation de plus en plus uniforme et proche des standards internationaux, sont sensibles. M&ecirc;me si le taux de p&eacute;n&eacute;tration reste relativement faible, la densit&eacute; de la Chine avec une population de plus de 1,3 milliard d'habitants montre que les perspectives de croissance sont consid&eacute;rables. D'autant plus que les choses ont chang&eacute; au cours de ces derni&egrave;res ann&eacute;es et elles finiront par atteindre un stade o&ugrave; l'ensemble de la population chinoise, zones rurales et urbaines confondues, comprendront efficacement la valeur et l'importance de l'assurance. Toutefois, m&ecirc;me si l'avenir porte vers l'optimisme, les d&eacute;fis pour l'entr&eacute;e dans un tel march&eacute; demeurent. L'implantation sur un march&eacute; &eacute;mergent exige tout d'abord d'importants investissements en temps, en argent et en efforts puisque ce march&eacute; n'est pas dot&eacute; d'un niveau technologique &eacute;lev&eacute; en mati&egrave;re de services, de la r&eacute;glementation ad&eacute;quate et de la main-d&rsquo;œuvre qualifi&eacute;e et form&eacute;e n&eacute;cessaire pour soutenir le secteur des assurances. De plus, lorsqu'un assureur &eacute;tranger souhaite s'implanter sur ce nouveau march&eacute;, le d&eacute;marrage d'une entreprise est co&ucirc;teux et lent et les retours sur investissements se r&eacute;v&egrave;lent longs et parfois trop faibles, compar&eacute;s &agrave; d'autres (fid&eacute;lisation des clients en portefeuille en Europe, digitalisation des entreprises de services telles que les entit&eacute;s d'assurances, etc.). Le march&eacute; chinois de l'assurance est en phase de transition, entre ouverture progressive et caprices r&eacute;glementaires : le plus grand march&eacute; de l'assurance au monde subit des changements majeurs et rapides. Il est donc essentiel pour les assureurs &eacute;trangers de comprendre que la Chine, &agrave; l'origine de ce processus d'ouverture progressive vers le monde, veuille garder la main afin de maintenir le contr&ocirc;le du d&eacute;veloppement de son march&eacute; de l'assurance. 1 Source : http://about.pingan.com/en/index.shtml 2 Source : http://www.circ.gov.cn/Default.aspx?alias=www.circ.gov.cn/english 3 Source : http://lnt.ma/afirc-un-faible-taux-de-penetration-de-lassurance-dans-la-region-mena/ 4 Source : PriceWaterHouseCoopers &ndash; Is the last, best chance for multinational insurers ? The Chinese insurance market 5 Ibid. 6 Source : http://www.qorosauto.com/en/Company

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Le marché chinois est-il le nouvel eldorado ?

Incontournable, le marché chinois demeure difficile pour les assureurs étrangers, qui doivent notamment se soumettre à une réglementation discriminatoire à leur égard. Quant aux spécificités culturelles chinoises, elles doivent être parfaitement maîtrisées pour pénétrer le marché.

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International

Le marché chinois est-il le nouvel eldorado ?

Incontournable, le marché chinois demeure difficile pour les assureurs étrangers, qui doivent notamment se soumettre à une réglementation discriminatoire à leur égard. Quant aux spécificités culturelles chinoises, elles doivent être parfaitement maîtrisées pour pénétrer le marché.

À retrouver dans la revue

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