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Obligations à tout faire

Créé le

23.09.2013

-

Mis à jour le

26.06.2014

Les entreprises peuvent-elles durablement se financer sur le marché obligataire ? Celui-ci, comme le montre le dossier de ce mois, fait preuve d’une grande plasticité, capable de s’adapter à toutes sortes de produits et de finalités : obligations convertibles, high yield, capital hybride (par exemple sous forme de titres super subordonnés), mais aussi fonds d'investissement comme les fonds Micado ou encore NOVO lancés par la CDD, Euro PP pour les entreprises non cotées, project bonds pour les infrastructures… En outre, ce marché devrait bénéficier de l’arrivée d’investisseurs puissants : les assureurs, dont l’intervention est facilitée par la modification récente du Code des assurances.

Reste une inconnue de taille : l’évolution des taux. Cette nouvelle donne dans le financement des entreprises peut-elle supporter des taux d’intérêt plus hauts que ceux maintenus bas par les politiques accommodantes des banques centrales ?

Les banques, de leur côté, négocient la bascule d’un rôle principal de prêteur à celui d’intermédiaire financier qui guide les entreprises sur les marchés.

 

Le crowdfunding a connu un essor important ces dernières années, porté par la vague des nouveaux liens sociaux tissés sur le Web. Au point que se pose désormais la question de sa réglementation (voir chronique de P. Storrer). Cette forme d’intervention participative peut-elle être le chaînon manquant de certaines formes de financement pour les PME et TPE. Cyril Demaria (EDHEC, ESCP-Europe et ESCE) est loin d’en être persuadé et avance une autre hypothèse : « Contrairement à une idée répandue, le cœur des enjeux du financement de l’innovation n’est pas l’accès au capital, mais au marché, c’est-à-dire la commercialisation et l’industrialisation des innovations. »

 

Le collatéral est de plus en plus utilisé par les banques depuis la crise de 2008, notamment dans leurs opérations de refinancement sur le marché interbancaire ou auprès de la banque centrale. Cheickna Traoré, spécialiste de la gestion des titres et du collatéral, souligne que cette forte progression des besoins en collatéral fait redouter l’apparition d’une nouvelle forme de risque systémique, dû au fait que sa circulation au sein du système financier n’est pas suffisamment fluide. Pour améliorer cette situation, plusieurs pistes de réflexion sont envisagées, à la fois au niveau réglementaire – suppression de la règle de rapatriement d’ici à 2015 – et opérationnel : mise en œuvre d’un outil de Gestion globale des garanties (3G) européen initié par la Banque de France et surtout « l'optimisation par les banques de leurs processus internes de gestion du collatéral en vue d’en faire un centre de profit ».

 

Enfin, Hubert de Vauplane  (Kramer Levin Natalis & Frankel) s’interroge sur le rôle des juges dans la crise financière : si le juge a souvent été réduit à la portion congrue dans les restructurations bancaires ou de dettes souveraines, le plus souvent par les hommes politiques et non par les parties prenantes elles-mêmes, il est réapparu là où « beaucoup ne l’attendaient pas : à l’occasion de contestations par des citoyens européens des modifications du cadre institutionnel européen relatif aux “plans de sauvetage” vis-à-vis de certains pays. » Selon l'auteur, « ce retour du droit constitutionnel dans l’organisation de la gouvernance européenne est à cet égard le grand enseignement de cette crise ».

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº764