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L’Afrique, sandbox de la finance mondiale

Créé le

27.02.2018

-

Mis à jour le

01.03.2018

Pour développer une offre efficace de services financiers en Afrique, les opérateurs et prestataires ont dû composer avec une zone géographique morcelée en de nombreux pays, un déficit d’infrastructures bancaires et financières, une économie informelle substantielle et une couverture internet non optimale. Et ils ont su faire preuve de créativité : partis des transactions de base de transfert d’argent, les services se sont étoffés vers les paiements mobiles, le crédit, du nano au micro en passant par le pico, à l’épargne voire à l’assurance, en faisant feu de tout bois pour assurer leur distribution : téléphones mobiles, commerces de proximité, mais aussi cryptomonnaies et blockchain. Ils ont pu compter sur un régulateur attentif mais tolérant, guidé par le souci de ne pas entraver le développement d’un secteur financier qui contribue largement à celui de l’économie des pays.

Séverine Leboucher, pilote de ce dossier, est allée à la rencontre de ces acteurs, notamment au Kenya et, plus récemment, au Sénégal, pour comprendre leur stratégie et cerner les perspectives d’un secteur qui s’adapte au mieux au contexte local, mais constitue aussi un immense sandbox pour la finance mondiale…

Olivier Dupin, Xavier Lasserre et Mehdi Messaoudi (Ares & Co Strategy Consulting) s’inquiètent des effets induits par les conditions de financement créées par les banques centrales depuis la crise financière de 2008 : un niveau d’endettement mondial exceptionnellement haut, une décorrélation entre richesse réelle et capitalisation boursière, des taux d’intérêt et de change artificiellement bas… Et la sortie de cette situation hors norme ne s’annonce pas plus simple, car elle ouvre « une nouvelle ère économique qu’aucune théorie n’avait envisagée » ! Faute d’un scénario clair, les banques doivent rester prêtes à toute éventualité…

Résultat de leurs travaux de recherche, Yann Brouezec et Lakshithe Wagalath (IESEG School of Management) proposent une façon nouvelle de mener des stress-tests : « un cadre transparent de stress, où les actifs de la banque sont directement stressés, et qui prend en compte les éventuels effets de rétroaction dus typiquement aux coûts de liquidations dans un environnement stressé », et utilisant uniquement des données publiques. Cette démarche pourrait non pas remplacer, mais compléter les outils actuels d’évaluation du risque bancaire, notamment pour confirmer ou infirmer les résultats des stress-tests classiques.

Depuis début janvier 2018, les nouvelles mesures prévues par la loi Sapin 2 concernant les lanceurs d’alerte sont entrées en application. Comme le souligne Charly Nermont (Julhiet Sterwen), les grandes institutions financières françaises disposent souvent déjà de procédures permettant de traiter de telles alertes, notamment celles présentes aux États-Unis et au Royaume-Uni, qui ont adopté ce type de législation bien avant la France. Mais il leur a fallu mettre aux normes leur système afin de respecter ces nouvelles dispositions, notamment concernant la protection des lanceurs d’alerte.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº818