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Ce que la gestion d’actifs attend de l’Europe et du Brexit

Créé le

10.10.2017

-

Mis à jour le

27.10.2017

Un renforcement de la zone euro serait bénéfique pour la gestion d’actifs dans la mesure où il favoriserait une réduction des déséquilibres, une meilleure cohésion entre les pays de l’euro et donc un retour de la confiance.

S’agissant du programme UMC, l’impact sur notre industrie est encore limité. La gestion d’actif pourrait tirer parti du PEPP (Pan European Personal Pension Product) à condition qu’une sortie en capital soit bien possible et qu’il n’y ait pas de contrainte de garantie du capital dont le coût serait prohibitif dans la durée. Notre industrie est en mesure d’apporter de la valeur à l’épargne retraite et, dans le contexte actuel de taux, de meilleurs rendements pour une épargne longue investie dans des actifs de long terme. La Commission cherche par ailleurs à lever les obstacles introduits de manière plus ou moins intentionnelle au passeport UCITS par certains régulateurs nationaux, ce qui permettrait d’éviter des surcoûts significatifs dans certains pays.

Pour ce qui est des retombées du Brexit, il est difficile à ce stade de les évaluer et il convient d’être prudent. Si nous voulons vraiment améliorer l’attractivité de la zone euro, il faut d’abord accroître la profondeur de nos marchés financiers. Certes, Londres ne sortira pas indemne du Brexit et il y aura des relocalisations et des transferts de compétence. Pour autant, il faut distinguer entre marchés de « retail » et de gros. La collecte de fonds retail enregistrés à Londres et vendus à l’étranger a oscillé entre 5,4 % et 6 % depuis 7 ans. La perte du passeport UCITS (fonds « retail » notamment) pour Londres serait donc moins pénalisante que la perte du passeport pour les fonds alternatifs. Pour ces fonds, la directive AIFM prévoit la possibilité d’accorder un passeport aux pays tiers dont la réglementation est équivalente à la nôtre, ce qui sera bien sûr le cas pour le Royaume-Uni. Il reste que la Commission européenne a bloqué les dossiers d’octroi de ces passeports depuis l’annonce du Brexit, en dépit des avis favorables formulés par l’ESMA pour une série de pays.

Le sujet majeur pour Londres concerne en réalité la gestion par délégation de fonds UCITS enregistrés sur le Continent et notamment au Luxembourg, première plate-forme d’exportation de ces fonds en particulier vers l’Asie. L’encours des fonds gérés par délégation à Londres représente 900 milliards de livres dont les 2/3 pour des fonds luxembourgeois. Cette question a été évoquée dans trois « opinions » récentes émises par l’ESMA. La première, datée du 31 mai 2017, traite de la nécessaire convergence au sein de l’Union européenne (UE) en matière de supervision dans le cadre du Brexit et vise à dissuader toute complaisance à l’égard de la création de filiales « boîte aux lettres » dans l’UE pour enregistrer des fonds intégralement gérés à Londres. L’ESMA y pose le principe que le pays d’établissement retenu devrait être celui de plus forte distribution. Les deux autres opinions concernent les gérants et les entreprises d’investissement et contiennent toute une série de préconisations en matière de substance pour les filiales établies dans l’UE lesquelles, mises bout à bout, s’avèrent assez contraignantes. C’est donc sur ce terrain que les discussions et manœuvres seront les plus intenses. Mais les possibilités de délégation n’intéressent pas uniquement les gérants londoniens et l’on doit donc veiller à ce que les mesures retenues ne nuisent pas à l’ensemble de la profession.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº813