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Economie

Le risque souverain s'élargit

Créé le

10.01.2011

-

Mis à jour le

03.02.2011

Alors que plusieurs États de pays développés se sont brusquement trouvés dans une situation proche du défaut de paiement, on assiste à une prise de conscience de l’importance du risque souverain, et de la difficulté d’avoir à disposition des outils adéquats de monitoring de ces risques. Depuis le début de la crise, l’attention s’était portée sur le budget du gouvernement et le bilan des banques centrales, considérablement alourdis. La nouveauté de ces derniers mois est que plus aucune institution publique n’est épargnée.

Un certain nombre de pays ont en effet fait appel aux institutions sous contrôle de l’État pour faire face au goulot d’étranglement du crédit lié à la crise. Certains ont par exemple utilisé les actifs des fonds souverains pour les investir dans des bank deposits (en Russie et au Kazakhstan) ou pour supporter la liquidité du marché actions (au Koweït). Dans d’autres, leurs ressources ont été utilisées pour recapitaliser directement les banques en difficulté (en Irlande, au Kazakhstan, au Qatar). Les règles d’investissement de ces fonds ont été modifiées de manière discrétionnaire par l’État, les exposant à de nouveaux risques. Enfin dans certains pays ayant une meilleure capacité d’emprunt, l’État n’a pas réquisitionné les actifs des fonds mais a modifié leur réglementation pour leur permettre d’acheter une part plus importante de la dette souveraine. On pourrait ainsi multiplier les exemples. Les gouvernements peuvent aujourd’hui faire contribuer des entités « hors budget » qu’ils détiennent ou contrôlent (comme des agences d’assurance des dépôts, fonds souverain, ou fonds de pension), pour faire face à leurs obligations à court terme, sans trop pénaliser le déficit budgétaire.

On s’aperçoit que séparer les différents postes du bilan de l’État en fonction des institutions qui les gèrent est une illusion. En cas de difficulté majeure, lorsque l’État se trouve à court de liquidités pour rembourser sa dette, les actifs des entités publiques viennent tout naturellement se substituer aux postes initialement prévus à cet effet dans son budget. Aujourd’hui, bon nombre d’institutions publiques ont endossé des risques beaucoup plus larges que ceux qui leur étaient initialement assignés. C’est donc l’ensemble du bilan souverain avec toutes les institutions qui lui sont rattachées, qu’il convient de surveiller.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº733