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Change & taux

Quand la surcompétitivité chinoise asphyxie l’économie mondiale

Créé le

08.12.2014

-

Mis à jour le

29.12.2015

2014 aura été l'année où l'on aura enfin admis que le PIB de la Chine en parité de pouvoir d'achat commençait à dépasser celui des États-Unis. Si la Chine est un pays qui pèse 18 % du PIB mondial, elle est aussi un pays qui, par sa surcompétitivité salariale, déstabilise les autres pays.

Maintenant une pression forte sur sa main-d'œuvre ouvrière (celle qui intervient dans le succès de ses exportations), Pékin obtient un coût salarial ouvrier horaire qui, en parité de pouvoir d'achat, est environ 16 fois moindre que celui des États-Unis et de l'Europe de l'ouest.

Loin de compenser cet avantage salarial par une surévaluation du yuan, Pékin pratique une politique anticoopérative de sous-évaluation du yuan, à la fois extrême et verrouillée : avec la Banque Mondiale, il reconnaît que la parité de pouvoir d'achat se situe à 3,506 yuans pour 1 dollar, alors même que sa banque centrale intervient pour imposer un cours autour de 6,15 ; la sous-évaluation contre dollar atteint 75 %.

Le coût salarial ouvrier horaire dans les usines en Chine s'établit au total à un niveau qui est environ 28 fois moindre que dans les usines des États-Unis et de l'Europe de l'ouest (le facteur 16 mentionné se conjugue à un facteur de 1,75, dû à la sous-évaluation du yuan). Surcompétitivité salariale absolue pour la Chine : dans les pays émergents, ce coût n'est que 5 à 7 fois moindre.

La production manufacturière et l'investissement industriel de la planète se concentrent inexorablement en Chine, là où la main-d'œuvre ouvrière est de très loin la moins chère.

Injustement disqualifiés, les autres pays voient leur production manufacturière stagner, le tissu de leurs PME industrielles se déliter et leur déficit manufacturier enfler toujours plus.

Tétanisés par la surcompétitivité chinoise, ils s'interdisent l'augmentation de leurs salaires réels et la réduction de la durée du travail. Depuis plus de 10 ans, se trouve ainsi aboli leur ancien paradigme : progrès salariaux légèrement supérieurs aux gains de productivité ; croissance de la consommation et du PIB suffisante pour que l'emploi progresse comme la population active.

Le monde hors Chine voit donc sa croissance atteinte deux fois, à travers son solde extérieur et à travers sa demande intérieure.

Depuis début 2011, la croissance du PIB mondial s'est repliée très en dessous du seuil de 3,5 %, enclenchant un recul toujours plus prononcé du prix des matières premières. Ce sont maintenant les pays exportateurs nets de matières premières que la Chine déstabilise.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº779
RB