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Change et taux

Pourquoi la BCE pourra difficilement faire beaucoup plus...

Créé le

23.09.2015

-

Mis à jour le

30.09.2015

Début septembre, Mario Draghi a ouvert grand la porte à un nouvel assouplissement monétaire… s’il s’avérait nécessaire. Il a précisé aussi que la forme que pourrait prendre cet assouplissement n’avait pas été discutée par le Conseil des gouverneurs : il y a fort à parier que la BCE préférerait éviter d’avoir à en arriver là.

S’engager plus avant dans une voie que le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, qualifiait il y a peu de « dangereuse » ne manquerait pas, en effet, d’aviver encore les tensions entre pays membres, que la discussion du troisième programme d’aide à la Grèce a réveillées. À ces difficultés politiques s’ajouteraient aussi des difficultés techniques. La BCE achète aujourd’hui près de deux fois plus de titres publics que les gouvernements de la zone n’en émettent : convaincre ceux qui détiennent des titres publics d’en vendre plus risque d’être d’autant moins aisé dans des marchés turbulents que ces titres ont un statut particulier – ils servent de collatéral sur les marchés de repo ou de dérivés et permettent aux institutions financières de satisfaire à leurs obligations réglementaires.

Surtout, le programme d’achats de la BCE n’a, pour reprendre les termes du Gouverneur Ewald Nowotny, pas (tout à fait) « eu le succès escompté ». Certes, les conditions de crédit se sont détendues, mais la reprise du crédit reste timide. De même, les effets de « réallocation de portefeuille » ne peuvent au mieux stimuler que marginalement l’activité en zone euro, la part des actifs risqués dans la richesse des ménages étant relativement faible. Le principal effet de la politique d’assouplissement quantitatif de la BCE passe donc par un canal très classique : la baisse du change. Or, pour qu’une monnaie se déprécie, encore faut-il qu’une autre au moins s’apprécie. La baisse surprise de la devise chinoise, début août, est venue rappeler que les candidats à l’appréciation deviennent rares. Compter sur une dépréciation toujours plus forte de l’euro risque d’être vain…

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº788