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Économie

Les nouvelles règles prudentielles encouragent-elles un retour en force de la titrisation ?

Créé le

21.09.2011

-

Mis à jour le

27.09.2011

Les épargnants veulent conserver une partie importante de leurs avoirs sous la forme d'épargne liquide, à court terme, tandis que l'économie a surtout besoin de financements à long terme. Il faut donc que l'intermédiation financière transforme de l'épargne courte en financements longs. Cela ne peut pas se faire chez les investisseurs institutionnels qui collectent de l'épargne longue. La mutation s'opère normalement dans les bilans des fonds d'investissement et surtout dans ceux des banques. Ces dernières transforment une partie des dépôts à vue et des autres ressources courtes en crédits à long terme. Mais ce rôle central des banques pour faire muter l'épargne liquide en financements à long terme de l'économie est menacé par les nouvelles règles prudentielles : le Net Stable Funding Ratio (ratio de financement stable) exige que les banques disposent de ressources stables en face des emplois à plus d'un an, d'où la quasi-impossibilité d'utiliser les ressources à court terme pour financer les emplois à moyen et long termes.

Que va-t-il alors se passer ? Il est très peu probable que les ménages allongent significativement la maturité de leur épargne. La fonction de transformation de l'épargne courte en emplois longs devra donc continuer à être réalisée. Si elle ne peut plus être opérée par les banques, il faudra qu'elle soit assurée par d'autres intermédiaires financiers. Le plus probable est un retour massif de la titrisation, avec des véhicules spécialisés réalisant les financements à long terme et se refinançant à court terme (en Asset Backed Commercial Papers). On se rappelle le fonctionnement de ces véhicules aux États-Unis avant la crise.

Les émetteurs d'ABS (Asset Backed Securities) achetaient des crédits (surtout immobiliers) et les finançaient en partie (pour 25 % en moyenne) par des émissions de Commercial Paper. Il n'est pas certain que les régulateurs des banques aient envisagé cette conséquence des nouvelles règles prudentielles : le développement, à nouveau, de la titrisation. Il portera sans doute davantage sur le financement des entreprises que sur celui des ménages, ce dernier pouvant être refinancé sur le marché des covered bonds, y compris maintenant aux États-Unis.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº740