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Change / taux

La Fed sous influence ?

Créé le

15.05.2018

-

Mis à jour le

31.05.2018

Si les nominations proposées sont confirmées par le Sénat, il n’y aura bientôt plus qu’un siège vacant à la Réserve fédérale. Depuis Woodrow Wilson, président des États-Unis lors de la création de la banque centrale, aucun de ses successeurs n’aura nommé autant de gouverneurs que Donald Trump ! Faut-il pour autant craindre pour l’indépendance de l’institution ? La question mérite certainement d’être posée. Depuis le départ de Gary Cohn, les commentaires de l’Administration sur la politique menée sont plus fréquents. Début avril, Peter Navarro, un des proches conseillers du président, s’est ainsi déclaré « surpris par les trois hausses de taux prévues cette année par la banque centrale ». Bien sûr, il n’y a rien là de totalement inédit : au début des années 1970, l’Administration Nixon avait même fait pression sur Arthur Burns pour qu’il garde une politique monétaire accommodante… qui contribua au dérapage de l’inflation.

La chose pourrait-elle se reproduire aujourd’hui ? On peut en douter. Le Conseil des gouverneurs qui se dessine devrait comprendre surtout des « centristes pragmatiques ». Marvin Goodfriend – dont la confirmation est toujours en attente – est un économiste expert des épisodes de « paniques inflationnistes ». Richard Clarida, lui, est un spécialiste de politique monétaire qui connaît l’importance de l’ancrage des anticipations d’inflation. Et, jusqu’à présent au moins, la Fed de Jerome Powell s’est inscrite, en matière de politique monétaire, dans la continuité de celle de Janet Yellen.

Il est en revanche moins sûr qu’il en aille de même en matière de régulation financière : Jerome Powell et Randal Quarles – le nouveau vice-président en charge de la supervision bancaire – ont clairement pris parti pour des normes de fonds propres moins exigeantes pour les banques systémiques… « Dans un monde en mutation rapide, les occasions de faire des erreurs sont légion », notait il y a trente ans Arthur Burns. Relâcher les règles de prudence dans la phase mature d’un cycle économique en est sûrement une !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº821