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Economie

Faut-il croire au retour de l’inflation ?

Créé le

15.02.2018

-

Mis à jour le

28.02.2018

On a vu apparaître, au printemps 2017, une hausse des anticipations d’inflation sur les marchés financiers, ce que l’on voit par exemple à la hausse des swaps d’inflation aux États-Unis et dans la zone euro (voir Graphique).

Une hausse des swaps d’inflation indique qu’un nombre croissant d’investisseurs se couvre contre le retour de l’inflation. Or une hausse de l’inflation anticipée sur les marchés financiers a des effets considérables : elle pousse les investisseurs à croire que les banques centrales vont normaliser leurs politiques monétaires, et explique la hausse des taux d’intérêt à long terme sur le dollar et sur l’euro. Mais est-il vrai que l’inflation revient ?

Avec la croissance plus forte (le rythme de croissance est aujourd’hui de l’ordre de 2,5 % aux États-Unis comme dans la zone euro), la baisse du chômage et l’apparition de difficultés de recrutement fortes pour les entreprises, il peut sembler logique de croire que la croissance des salaires va accélérer et que l’inflation va augmenter.

Le coût salarial unitaire (les salaires corrigés de la productivité qui sont le déterminant essentiel de l’inflation sous-jacente) augmente à peine aux États-Unis et augmente de moins de 1 % par an dans la zone euro et dans les deux cas, il n’accélère pas. L’inflation sous-jacente (hors effet des prix de l’énergie et de l’alimentation) oscille un peu en dessous de 1,5 % par an aux États-Unis, et autour de 1 % par an dans la zone euro.

Il faut sérieusement se demander si, avec la flexibilité accrue du marché du travail, avec les créations d’emplois concentrées dans les services peu sophistiqués, et avec la concurrence des plateformes Internet et des pays émergents, il n’est pas possible que l’inflation reste faible, même au plein-emploi.

De plus, avec un prix du pétrole voisin de 70 dollars le baril, le scénario le plus probable est celui d’une stabilité du prix du pétrole pour la période qui vient, ce qui veut dire que le supplément d’inflation totale (0,3 point) dû à la hausse récente du prix du pétrole va progressivement disparaître.

Il est donc tout à fait possible que les marchés financiers se trompent en prédisant un supplément d’inflation. Il pourrait alors y avoir surajustement à la hausse des taux d’intérêt à long terme : ces taux montent aujourd’hui avec la hausse de l’inflation anticipée ; puis ils baisseront à nouveau quand les investisseurs observeront l’absence de remontée effective de l’inflation.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº818