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Résistance

Les banques américaines n’ont plus peur du stress…

Créé le

25.03.2014

-

Mis à jour le

28.03.2014

Le secteur bancaire américain est-il plus sûr ? Les derniers résultats trimestriels des banques sont rassurants.

Selon le rapport trimestriel de la FDIC [1] , les banques américaines ont gagné 40,3 milliards de dollars au quatrième trimestre 2013, en hausse de 16,9 % sur un an. Plus de la moitié des 6 812 établissements annoncent une croissance des profits sur 1 an. Les établissements non profitables ne représentaient plus que 12,2 % des banques américaines en fin d’année dernière, contre 15 % au quatrième trimestre 2012. L’amélioration des résultats est largement imputable au recul des provisions pour risque crédit (-8,1 milliards de dollars), plus qu’à la croissance du produit net bancaire ou à une amélioration des marges d’intermédiation. Mais ces banques américaines, qui dégagent de solides profits, pourraient-elles résister à une nouvelle crise, comme celle qui a commencé en 2006 ?

Pour juger de la solidité du secteur bancaire, la banque centrale effectue des tests de résistance des bilans bancaires à un scénario hypothétique de stress économique. Il faut savoir que les hypothèses choisies ne sont en rien une prévision, pas plus que l’exposé d’un scénario « peu probable ». Il s’agit de pures hypothèses. Ces tests ont deux buts essentiels :

  1. La banque centrale fait un audit approfondi des bilans des banques. Ainsi, en cas de choc économique réel, elle peut rapidement en modéliser l'impact sur les bilans des banques. La lecture des débats au sein des réunions du FOMC de 2008 est effrayante. À l’époque, la banque centrale n’avait aucune idée des risques pesant sur Bear Stearns deux jours avant sa reprise par BoA, ou des conséquences pour le système financier et les assureurs de la mise en faillite de Lehman Brothers.
  2. Suite à ces tests, la banque centrale peut imposer aux banques d’augmenter leurs fonds propres et de limiter la rémunération de leurs actionnaires. Ces derniers attendent donc toujours avec impatience les résultats des tests.

D'énormes progrès réalisés

La banque centrale américaine a sondé de manière approfondie environ 80 % des actifs du secteur bancaire américain. Sans grande surprise, les grandes banques américaines peuvent résister à un scénario économique adverse, proche de celui observé entre 2007 et 2009. Les scénarios les plus pessimistes intègrent une chute de 50 % du marché actions, de 25 % des prix de l’immobilier résidentiel et une hausse du taux de chômage à 11,25 % (contre 6,7 % actuellement). Sur 30 établissements, seul Zions Bancorp se retrouverait avec un ratio de solvabilité inférieur au seuil requis de 5 %. Dans le scénario le plus pessimiste, le ratio moyen de fonds propres des 30 banques testées est ressorti à 7,6 %, alors qu’il était tombé à 5,5 % en 2009. Le meilleur score est revenu à State Street, avec un ratio tier 1 de 13,3 % dans le scénario le plus adverse. BoA est second avec un ratio de 6 %. Par contre, Zions Bancorp affiche, dans ce cas, un ratio de seulement 3,5 %. Mais la banque avait déjà annoncé la mise en place un nouveau plan pour se conformer aux exigences de la Fed. Au total, dans le scénario adverse, les pertes totales des banques seraient de 501 milliards de dollars, dont 316 sur les créances et 151 sur les activités de rachat de prêts ou de reventes des biens immobiliers saisis.

Au total, s’ils ne sont pas parfaits, ces tests de résistance montrent les énormes progrès réalisés par les banques américaines ces dernières années. Le système financier américain est mieux encadré et plus résistant face à un risque majeur sur l’économie. Le problème des crises est qu’elles ne se reproduisent jamais à l’identique…

1 Federal Deposit Insurance Corporation.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº771
Notes :
1 Federal Deposit Insurance Corporation.