Après avoir initialement considéré l’émergence de la FinTech avec un certain dédain, les grandes banques françaises ont fini par admettre son existence. Toutefois, elles sont dorénavant persuadées que les nouveaux entrants ne pourront survivre qu’en collaborant avec elles. Un des principaux arguments à l’appui de cette vision est le poids de la réglementation, qui constituerait une barrière infranchissable pour qui n’appartient pas au sérail. En réalité, cet obstacle n’est probablement qu’un leurre…
Au premier abord, la théorie est séduisante : les institutions financières traditionnelles, soumises à des contraintes toujours plus lourdes, savent que la conformité représente pour elles un casse-tête de complexité et un poste de coûts en croissance constante, atteignant des sommets invraisemblables (jusqu’à 5 %, voire 10 %, du produit net bancaire, pour certains
Malheureusement, pour les banques, le raisonnement comporte une faille majeure : croire, en les observant à travers le prisme de leur propre expérience, que les jeunes pousses de la FinTech fonctionnent comme elles et qu’elles rencontrent les mêmes difficultés qu’elles. C’est oublier un peu hâtivement les particularités qui déterminent leur avantage concurrentiel, non seulement dans leur cœur d’activité mais également pour la prise en compte des exigences réglementaires : l’agilité, la frugalité… et l’absence de passif technique.
Ainsi, les entrepreneurs qui se lancent dans l’aventure de la FinTech n’ont, en général, aucun état d’âme avec la conformité. Au contraire, les plus lucides parviennent à en faire un levier afin d’acquérir la confiance de leurs futurs clients, qui constitue leur défi numéro 1. Pour y parvenir, ils profitent des avancées de la technologie, qu’ils maîtrisent parfaitement, pour concevoir des systèmes capables de prendre en compte de manière aussi transparente que possible les contraintes actuelles et futures.
Naturellement, ces efforts représentent tout de même une charge non négligeable. Cependant, elle n’a aucune commune mesure avec celles que subissent les banques dont les processus reposent sur un patrimoine ancien et monolithique, peu ou pas adapté aux nouveaux traitements requis par la réglementation moderne. À l’extrême, en extrapolant leurs qualités, les start-up devraient aussi être les plus aptes, dans la durée, à transformer les contraintes en opportunités (de créer de nouveaux services, par exemple).
En pratique, le seul véritable handicap réglementaire susceptible d’affecter le développement de la FinTech tient à la lenteur et la faible réactivité des autorités de supervision, plus habituées à travailler avec des banques aux cycles mesurés en mois qu’avec de jeunes pousses pour lesquelles un retard de quelques jours peut signifier la mort. Or la création récente de structures dédiées à leurs besoins, au sein de l’ACPR et de
Foncièrement, alors qu’elle devient incontournable dans leurs discours, la FinTech ne semble toujours pas prise au sérieux par une partie des banquiers. Inébranlablement convaincus que leurs marchés sont intouchables, ils ne prennent pas conscience que, par la capacité des acteurs émergents à imaginer de nouveaux modèles économiques, à ouvrir de nouveaux marchés, à concevoir de nouveaux services… et à aborder la conformité autrement, ils constituent une menace réelle, à terme. Certes, les obstacles à franchir sont encore nombreux (du côté du financement, notamment) mais la réglementation ne fait pas partie des plus gênants !