« La certification d’un document faite sur Archipels est ancrée de manière définitive sur l’infrastructure blockchain »

Quel est le principe de fonctionnement d'Archipels ? Archipels est une soci&eacute;t&eacute; qui a &eacute;t&eacute; fond&eacute;e par quatre grands groupes &ndash; la Caisse des D&eacute;p&ocirc;ts, le groupe La Poste, EDF et Engie &ndash; rassembl&eacute;s autour de la confiance num&eacute;rique. Il fallait cr&eacute;er une infrastructure de confiance num&eacute;rique bas&eacute;e sur la technologie blockchain pour assurer certains services li&eacute;s &agrave; la certification des donn&eacute;es des individus et des entreprises. Donc, par d&eacute;finition dans le secteur bancaire en effet, faciliter les KYC [1] bancaires et ainsi lutter contre la fraude et l&rsquo;usurpation d&rsquo;identit&eacute;. L&rsquo;initiative a quelques ann&eacute;es. Il y a eu un prototype pr&eacute;sent&eacute; en 2019 &agrave; Vivatech qui a eu un bon accueil. Le service est pass&eacute; de la preuve de concept &agrave; un d&eacute;ploiement commercial en septembre dernier. Tr&egrave;s concr&egrave;tement, nous allons certifier sur blockchain des documents ou des informations li&eacute;es aux personnes et aux entreprises. Le premier cas d&rsquo;usage est la certification des justificatifs de domicile, en l&rsquo;occurrence les factures &eacute;mises par EDF et par Engie certifi&eacute;es sur la blockchain Archipels. Ce certificat num&eacute;rique, que l&rsquo;on pourrait appeler une empreinte num&eacute;rique, qui est confidentielle et s&eacute;curis&eacute;e, est stock&eacute;e sur blockchain . Lors d&rsquo;une entr&eacute;e en relation, le client d&rsquo;une banque ou d&rsquo;une FinTech , va se voir demander ou redemander un justificatif de domicile. Le r&eacute;flexe des Fran&ccedil;ais, est alors, le plus souvent, de transmettre une facture d&rsquo;&eacute;nergie. Si l&rsquo;entr&eacute;e en relation se fait de fa&ccedil;on num&eacute;rique, le client t&eacute;l&eacute;charge le PDF d&rsquo;une facture dans son espace client et l&rsquo;envoie &agrave; son conseiller bancaire. Jusqu&rsquo;alors, ce justificatif de domicile &eacute;tait tr&egrave;s peu s&eacute;curis&eacute;. Par d&eacute;finition, ce n&rsquo;est pas un titre d&rsquo;identit&eacute; au sens passeport, pi&egrave;ce d&rsquo;identit&eacute; ou permis de conduire qui serait d&eacute;livr&eacute; par une agence nationale. Les justificatifs, eux, ne sont pas s&eacute;curis&eacute;s : ils sont souvent falsifi&eacute;s ce qui favorise les fraudes qui visent &agrave; usurper une identit&eacute;. Avec Archipels, nos clients, qui sont les op&eacute;rateurs en charge du KYC ou les banques directement, peuvent v&eacute;rifier l&rsquo;authenticit&eacute; de l&rsquo;origine du justificatif de domicile qui est certifi&eacute; sur la blockchain , ce qui permet de s&rsquo;assurer que le client a transmis un document authentique et non falsifi&eacute;. Bien entendu, cela automatise les co&ucirc;ts de v&eacute;rification parce qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas besoin de contr&ocirc;le manuel et surtout, c&rsquo;est en temps r&eacute;el. Cela facilite la qualification du dossier client et acc&eacute;l&egrave;re la prise de d&eacute;cision. Nous r&eacute;duisons les co&ucirc;ts li&eacute;s aux obligations r&eacute;glementaires pour nos clients bancaires et nous contribuons &agrave; la lutte contre la fraude, nos clients pouvant s&rsquo;assurer de l&rsquo;authenticit&eacute; d&rsquo;un document. Qu&rsquo;est-ce que votre solution change par rapport aux offres d&eacute;j&agrave; existantes ? Aujourd&rsquo;hui, le KYC est avant tout bas&eacute; sur du contr&ocirc;le documentaire, de copies, car les clients transmettent la copie des pi&egrave;ces d&rsquo;identit&eacute; et des documents qui sont demand&eacute;s. La technologie arriv&eacute;e dans ce secteur depuis peu proc&egrave;de &agrave; l&rsquo;analyse d&rsquo;images, la reconnaissance de photos en comparaison avec votre selfie, ou en se basant sur l&rsquo;OCR [2] pour extraire les donn&eacute;es des copies de document transmis. Mais il n&rsquo;y avait pas de moyens s&ucirc;rs &agrave; 100 % de s&rsquo;assurer que la copie en cours de v&eacute;rification est authentique. Les syst&egrave;mes d&rsquo;intelligence artificielle se limitent &agrave; apporter une sorte de degr&eacute; de confiance sur le caract&egrave;re qu&rsquo;on consid&egrave;re proche d&rsquo;&ecirc;tre authentique d&rsquo;un dossier. Nous certifions directement le document aupr&egrave;s de l&rsquo;&eacute;metteur, donc en l&rsquo;occurrence aupr&egrave;s de EDF et d&rsquo;Engie. Et, quand le document est transmis de mani&egrave;re num&eacute;rique, notre syst&egrave;me permet une vraie garantie &agrave; 100 %. L&agrave; est la vraie nouveaut&eacute;, car cette certitude a une valeur probante et surtout, une tra&ccedil;abilit&eacute; sur blockchain . Pourquoi a-t-on voulu utiliser la blockchain pour faire &ccedil;a ? Parce que nous pensons que ce syst&egrave;me a &eacute;norm&eacute;ment de valeur dans cette notion de preuve ind&eacute;l&eacute;bile, inscrite donc sur un r&eacute;seau d&eacute;centralis&eacute; et avec toutes les propri&eacute;t&eacute;s de la blockchain : de l&rsquo;immuabilit&eacute; des donn&eacute;es qui sont inscrites, de validation des transactions par un consensus distribu&eacute; sur plusieurs acteurs, de transparence&hellip; En effet, la certification d&rsquo;un document qui a &eacute;t&eacute; faite sur Archipels est ancr&eacute;e de mani&egrave;re d&eacute;finitive sur l&rsquo;infrastructure blockchain . Donc Archipels s&rsquo;appuie sur une blockchain d&eacute;di&eacute;e ? C&rsquo;est ce qu&rsquo;on appelle une blockchain de consortium ou une blockchain dite &agrave; permission, ou blockchain permissionn&eacute;e que les quatre actionnaires et nous-m&ecirc;mes, Archipels, op&eacute;rons. Nous avons fait ce choix, car nous pensons qu&rsquo;il y a un certain nombre de donn&eacute;es, notamment li&eacute;es &agrave; l&rsquo;identit&eacute; des individus et des entreprises qu&rsquo;il est pr&eacute;f&eacute;rable de ne pas ancrer sur des blockchains publiques si l'on veut respecter les r&eacute;glementations actuelles et futures autour des donn&eacute;es personnelles. Contrairement &agrave; des id&eacute;es re&ccedil;ues, RGPD et blockchain font bon m&eacute;nage, mais il faut s&rsquo;assurer qu&rsquo;on met en œuvre les bons syst&egrave;mes pour rester dans le cadre de la r&eacute;glementation. Nous avons d&eacute;velopp&eacute; notre propre infrastructure pour nous mettre en conformit&eacute; avec les r&eacute;glementations europ&eacute;ennes. Nous op&eacute;rons cette infrastructure totalement souveraine dans les data-centers de la Caisse des D&eacute;p&ocirc;ts, de la Poste, d&rsquo;EDF et d&rsquo;Engie, qui sont situ&eacute;s sur le territoire fran&ccedil;ais. La gouvernance est un sujet important. Les blockchains publiques ont beaucoup d&rsquo;atouts, mais ne r&eacute;pondent pas &agrave; tous les cas d&rsquo;usage et en particulier les donn&eacute;es d&rsquo;identit&eacute; que nous voulons traiter. Nous ne pensons pas que ce soit forc&eacute;ment une bonne id&eacute;e de les inscrire sur une blockchain publique. Qu&rsquo;allez-vous proposer comme usage pour Archipels ? Nous avons un premier service lanc&eacute; autour du KYC, qui est disponible, qui fonctionne. Pour l&rsquo;instant, nous ne traitons &agrave; ce jour que des justificatifs de domicile, mais nous sommes en train de passer des partenariats avec d&rsquo;autres &eacute;metteurs sur d&rsquo;autres types de documents, toujours li&eacute;s &agrave; l&rsquo;identit&eacute; soit des individus soit des entreprises pour, de la m&ecirc;me mani&egrave;re, les certifier lors d&rsquo;entr&eacute;es en relation. Comme la fiche de paie qui est un document qui peut &eacute;galement &ecirc;tre fraud&eacute; par des demandeurs de cr&eacute;dit. Nous voulons de la m&ecirc;me fa&ccedil;on la s&eacute;curiser par cette certification blockchain . C&rsquo;est un document qui n&rsquo;est pas s&eacute;curis&eacute; par nature, mais qui pourtant est une preuve de revenus n&eacute;cessaire dans nombre de d&eacute;marches. Nous allons aussi rapidement pouvoir certifier des documents li&eacute;s aux entreprises. Nous voulons faciliter les d&eacute;marches citoyennes et les d&eacute;marches des entreprises, d&rsquo;abord en France puis, esp&eacute;rons-le, en Europe, tout en luttant contre la fraude. Hormis les quatre cr&eacute;ateurs d&rsquo;Archipels, combien de soci&eacute;t&eacute;s utilisent-elles le service, aussi bien pour d&eacute;poser des justificatifs que pour r&eacute;cup&eacute;rer les justificatifs pour rentrer en relation ? Aujourd&rsquo;hui, seuls EDF et Engie sont contributeurs, c&rsquo;est-&agrave;-dire, qu&rsquo;ils sont les seuls &agrave; certifier des justificatifs de domicile sur la blockchain Archipels. Nous sommes en discussion avec d&rsquo;autres fournisseurs d&rsquo;&eacute;nergie, avec les op&eacute;rateurs de t&eacute;l&eacute;phonie fixe, internet&hellip; &Agrave; eux deux, EDF et Engie repr&eacute;sentent de tr&egrave;s loin, la quasi-totalit&eacute; des Fran&ccedil;ais finalement. En fait, cela repr&eacute;sente 40 millions de comptes clients, dont 28 millions de comptes clients chez EDF, et 12 millions de comptes clients chez Engie. Nous avons des dizaines et des dizaines de millions de documents d&eacute;j&agrave; certifi&eacute;s sur la blockchain Archipels qui sont disponibles pour nos clients. Qui consomme cela ? Nous avons un premier client annonc&eacute; au lancement en janvier qui est Vialink, un op&eacute;rateur KYC au sein du groupe BPCE. Nous avons &eacute;galement Jouve qui est un gros acteur du KYC et du contr&ocirc;le documentaire, ainsi que Docapost. Nous sommes en discussion avec d&rsquo;autres op&eacute;rateurs KYC. Et nous esp&eacute;rons que la solution sera adopt&eacute;e par la majorit&eacute; des gens qui traitent de contr&ocirc;les documentaires automatis&eacute;s ou de KYC ou d&rsquo;entr&eacute;e en relation bancaire. Quel pourcentage de banques et d&rsquo;acteurs financiers peuvent d&eacute;j&agrave; utiliser votre solution ? La solution est utilisable par n&rsquo;importe qui, car le service est disponible aujourd&rsquo;hui via une simple API que nous mettons &agrave; disposition de nos clients. Nous avons fait le choix de travailler avec les sp&eacute;cialistes de l&rsquo;entr&eacute;e en relation client et du KYC que sont les Vialink, les Jouve, Docapost et d&rsquo;autres bient&ocirc;t parce qu&rsquo;ils apportent souvent un service de bout en bout au client final qui est la banque. Celle-ci a tendance : soit &agrave; externaliser les dossiers KYC dans leur ensemble et dans ce cas, Archipels est une brique du KYC, mais pas une solution globale ; soit passer par des acteurs comme Vialink, sp&eacute;cialistes de l&rsquo;entr&eacute;e en relation et du parcours digital pour les banques qui du coup, int&egrave;grent notre API dans ces parcours. Je ne sais pas quelle est la part de march&eacute;, pr&eacute;cis&eacute;ment, de ces acteurs-l&agrave;. Si une FinTech d&eacute;cide de passer par votre syst&egrave;me, mais ne travaille pas avec vos clients actuels, comment cela se passe-t-il concr&egrave;tement ? Il lui suffit que souscrire &agrave; notre service, puis d&rsquo;int&eacute;grer notre API dans son parcours d&rsquo;entr&eacute;e en relation. La soci&eacute;t&eacute; v&eacute;rifiera directement les documents re&ccedil;us de leurs clients, &agrave; l&rsquo;aide de notre API, en automatisant ce processus. Et le client paye alors &agrave; l&rsquo;unit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire que le client est factur&eacute; &agrave; l&rsquo;appel sur l&rsquo;API pour chaque document. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;abonnement, pas d&rsquo;engagement, ni de co&ucirc;ts importants &agrave; mettre en œuvre. Avec Archipels, les &eacute;metteurs de justificatifs vont confirmer que la pi&egrave;ce fournie est authentique, mais sans la retransmettre aux clients finaux ? En effet, EDF certifie directement toutes les factures sur la blockchain . Lorsque vous r&eacute;cup&eacute;rez votre fichier et que vous le transmettez &agrave; votre banque, celle-ci va v&eacute;rifier que cette facture existe bien sur la blockchain , ou du moins que son empreinte num&eacute;rique de cette facture y figure. Ce qui veut dire que cette facture n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; modifi&eacute;e, qu&rsquo;elle est authentique et que vous fournissez un document authentique. En revanche, &agrave; ce stade, nous ne faisons pas d&rsquo;&eacute;change de KYC entre &eacute;tablissements bancaires. En l&rsquo;occurrence, la r&eacute;glementation europ&eacute;enne oblige dans les faits chacun des &eacute;tablissements &agrave; refaire des KYC en les rendant responsables de leurs propres KYC. Vous venez de vous lancer commercialement. Quelles sont vos ambitions &agrave; terme ? La soci&eacute;t&eacute; est en croissance forte. Elle a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e en septembre dernier et compte actuellement une petite dizaine de collaborateurs ; nous ambitionnons d&rsquo;&ecirc;tre une vingtaine avant la fin de cette ann&eacute;e. Nous souhaitons prendre une position de leader sur la certification de donn&eacute;es d&rsquo;identit&eacute; sur blockchain &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle europ&eacute;enne. Propos recueillis par St&eacute;phanie Chaptal. 1 Know Your Customer : v&eacute;rification d&rsquo;identit&eacute; au moment de l&rsquo;entr&eacute;e en relation client, ndlr. 2 Optical Character Recognition ou reconnaissance optique de caract&egrave;res, ndlr.

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Après des premiers pas lors du dernier Vivatech physique, en 2019, la blockchain Archipels est désormais opérationnelle et a recruté ses premiers clients depuis le début de l’année 2021. Hervé Bonazzi, son dirigeant, détaille l'activité et les ambitions de la société.

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