Square

Rétrospective 2014

Asie

Créé le

17.12.2014

-

Mis à jour le

24.12.2014

La fin de l’année 2014 s’achève par une série de points d’interrogation : pendant les trois premiers trimestres, les autorités chinoises ont déçu l’attente de ceux qui espéraient un vent de réformes sans précédent. C’était en effet ce qui avait été annoncé en novembre 2013, à l'occasion du 3e plénum du Parti communiste chinois.

C’était sans compter avec la prudence qui régit toute avancée vers une quelconque libéralisation : la zone de libre-échange de Shanghai, territoire d’expérimentation par excellence, tarde elle-même à finaliser le corpus des règles spécifiques promises, au grand dam des investisseurs étrangers, qui représentaient à fin octobre seulement 14 % des entreprises installées. Cependant, le lancement du Stock Exchange Connect, qui relie désormais les Bourses de Shanghai et de Hong Kong, ainsi que la création de nouvelles plates-formes dédiées aux matières premières sont de nature à renforcer l’attractivité de la Place financière chinoise.

Au vu des annonces qui se bousculent durant le dernier trimestre, on peut affirmer dès à présent sans craindre de se tromper que 2015 tiendra ses promesses en matière de réformes. L’annonce, le 1er décembre, de la mise en place d’un système de garantie des dépôts, n’est que la première étape de la libéralisation des taux dont les analystes estiment qu’elle viendra stimuler une concurrence aujourd’hui inexistante. Le projet est soumis à une consultation qui devait prendre fin au 31 décembre. Cette garantie, qui atteindrait 65 000 euros, peut être considérée comme extrêmement conservatrice : elle permettra en l’état de couvrir 99,3 % des comptes bancaires, en ligne avec les pratiques constatées dans les autres pays. Mais elle est également équivalente à 12 fois le PNB par tête de la Chine, ce qui est bien plus élevé que la moyenne, selon un document de recherche publié par Société Générale.

Les politiques ont également annoncé qu’ils allaient accélérer la publication d’une loi sur les faillites pour les établissements financiers.

Le ralentissement de l’économie chinoise, que les chiffres publiés en cette fin d’année ne cessent de confirmer, conditionnera certainement la nature et le rythme des réformes. La publication, en mars 2015, du plan quinquennal, donnera une vision plus claire de l’objectif poursuivi par les autorités.

A. M.

Ils ont dit…

Asia’s corporate bond markets – large differences, close cooperation needed

« Notwithstanding the recent surge in firms’ bond issuance, the development of corporate bond markets in Asia is far from complete. In the past, policy initiatives have successfully contributed to propping up local sovereign bond markets in Asia but only a few have targeted corporate bonds. Some of these policy initiatives have been helpful in, for example, encouraging the issuance of locally rated or unrated debt. The Credit Guarantee and Investment Facility (CGIF) – a trust set up in 2010 by ASEAN+3 (China, Japan, Korea) and the Asian Development Bank (ADB) – provides guarantees for bonds issued by firms facing constraints in securing long-term funding from the local bond market. […]

Nonetheless, given the rapid growth in corporate bond markets, localized efforts are unlikely to be sufficient. More is needed to build a framework that is both conducive to market innovation and enables companies to seek funding from a broader range of sources. […] In China’s fast growing corporate bond market, implicit government guarantees and an underdeveloped framework for pricing risks have shielded many corporate issuers in the past. However, as China’s capital markets develop and a wider group of issuers participate, sound risk management and adequate pricing mechanisms become more important. By allowing the first-ever default in the onshore corporate bond market at the beginning of 2014, China has demonstrated its willingness to advance towards a healthier market. »

Hannah Levinger, économiste Asie, Deutsche Bank Research, hors-série Revue Banque n° 773 bis, juin 2014, p. 28.

La Place financière de Singapour face à ses concurrents asiatiques

« Contrastant avec le “laissez-faire” hongkongais, l’État singapourien, à la fois maître d’œuvre, acteur et régulateur, a joué un rôle central dans le développement de la Place financière. […] L’attractivité de Singapour repose avant tout sur un environnement particulièrement favorable aux affaires : un régime fiscal et réglementaire attractif, un environnement juridique et politique stable, des infrastructures performantes, un cadre réglementaire et prudentiel aux normes internationales. Les autorités n’hésitent pas à prendre des mesures complémentaires pour encourager le développement d’activités jugées stratégiques au développement de la Place financière. […] Cette stratégie d’attractivité s’est faite plus agressive après la crise asiatique, alors que la stratégie de développement est sortie des produits niches complémentaires de ceux développés à Hong Kong – marchés de change, produits dérivés notamment – pour inclure des segments en concurrence directe. »

Amandine Afota, Conseiller financier, représentante de la Banque de France pour l'Asie du Sud-Est, Ambassade de France à Singapour, hors-série Revue Banque n° 773bis, juin 2014, p. 31.

Free trade zone – Shanghai : une libéralisation à pas comptés

« Bien que jugées décevantes par les investisseurs, les draft rules publiées par le SAFE au mois de février marquent néanmoins une progression vers la convertibilité du yuan, note le cabinet Linklaters dans un rapport paru en avril 2014. En particulier, les entités étrangères implantées dans la zone peuvent désormais convertir en yuans leur capital libellé en devise étrangère. Même si la convertibilité et les opérations pouvant être financées restent strictement encadrées, ces règles “suivent et mettent en application le programme de réformes financières tel que dessiné par la PBoC en décembre 2013”, soulignent les auteurs du rapport.

Conformément aux objectifs affichés lors de la création de la FTZ, la création de Bourses de matières premières sera encouragée. Si le China Beijing International Mining Exchange (CBMX) est la principale Bourse de matières premières du pays, Shanghai dispose de quelques atouts : elle est déjà la première Place boursière chinoise sur les futures dans le métal, et l’unique marché spot pour l’or. Une Bourse d’échange pour le minerai d’acier est à l’étude, à l’initiative de Baosteel. Sept autres sociétés auraient déposé des demandes de licence pour intégrer ce marché. Des guidelines précisant les règles du trading de matières premières dans la zone devraient être rendues publiques dans les semaines à venir. Le 10 mars dernier, la Bourse de Shanghai a également annoncé des mesures visant à stimuler des introductions en Bourse d’entreprises étrangères à la cote, ce qui n’est à l’heure actuelle pas autorisé. »

Annick Masounave, journaliste, Revue Banque, hors-série Revue Banque n° 773bis, juin 2014, p. 49.

Matières premières et géopolitique : La singularité de la stratégie chinoise

« La stratégie chinoise d’acquisition de matières premières diffère fondamentalement des stratégies occidentales, qu’elles soient mises en œuvre par la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international, ou les gouvernements. Alors que ces dernières reposent sur des principes économiques conformes aux préceptes du consensus de Washington, la stratégie chinoise a été qualifiée de “consensus de Pékin”. Cette théorie n’est pas officiellement reconnue comme une composante à part entière de la diplomatie économique chinoise, même si les autorités conviennent volontiers qu’une nouvelle forme de commerce mondial s’est développée ces dernières années, que l’on désigne par la notion de “partenariat Sud-Sud”. […] Le pragmatisme qui entoure les investissements chinois permet de commercer avec des États placés sur liste noire par la communauté internationale comme l’Érythrée, le Soudan ou le Zimbabwe. Seul compte l’objectif de sécuriser les approvisionnements en produits miniers et en hydrocarbures de la Chine et de ses industries pour assurer la stabilité institutionnelle. Pour certains économistes, la remise en cause du consensus de Washington est également liée à une volonté de différenciation de la posture occidentale jouant en faveur des dirigeants chinois. »

Abdeldjellil Bouzidi, Fondation Terra Nova et Emena Advisory, Christophe Vadot, Fondation Terra Nova, hors série Revue Banque n° 778bis, décembre 2014, p. 63.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº779