Square

Informatique quantique : point d’étape pour IBM France

Créé le

22.05.2019

-

Mis à jour le

28.05.2019

Où en est l’informatique quantique ? Sera-t-elle un jour utilisable pour le secteur financier ? Lors d’un meet-up tenu au Village by CA de Paris, Olivier Hess et Georges Uzbelger d’IBM Q, la division responsable de l’informatique quantique chez IBM, ont fait un point sur cette évolution technique et sur les actions que leur société fait dans ce domaine. Le premier rappelle que l’informatique quantique est très jeune. Il a fallu attendre 2007 pour que le premier qbit (état quantique qui représente la plus petite unité de stockage d’information quantique, analogue du bit en informatique traditionnelle) soit maîtrisé en laboratoire, et 2016 pour qu’IBM Q mette à la disposition de tous, dans le cloud, une première brique de base de 5 qbits et les API associées pour développer des programmes dessus.

Aujourd’hui, l’offre IBM Q, accessible en ligne (https://www.research.ibm.com/ibm-q/) et utilisable après ouverture gratuite d’un compte, propose une brique allant jusqu’à 20 qbits. L’entreprise veut atteindre les 50 qbits d’ici la fin 2019. Pour Olivier Hess, ambassadeur IBM Q pour la France, « l’ordinateur quantique sera plus performant qu’une machine classique, mais il ne remplacera pas l’informatique traditionnelle. C’est un accélérateur pour certains types de problèmes. » Ces problèmes peuvent se classer en trois grandes catégories :

– les enjeux de type « voyageur de commerce » (passer par toutes les villes du parcours une seule fois et en optimisant les déplacements);

– les enjeux de type « sac à dos » (maximiser la somme des produits dans un sac à dos sans dépasser sa contenance optimale);

– les enjeux de type « Monte-Carlo » pour évaluer statistiquement des scénarii, des tendances, etc.

Suivant les domaines d’application, l’informatique quantique ne commencera à être utilisable qu’en ayant une certaine puissance. Ainsi, dans le domaine financier, tout ce qui concerne l’optimisation (analyse des risques, segmentation de la clientèle, gestion des portefeuilles d’actifs) pourrait être disponible d’ici 3 à 5 ans, alors qu’en ce qui concerne la cryptographie, IBM Q table plutôt sur un horizon de 8 à 10 ans. Ce qui reste très optimiste par rapport à la vision sur ce sujet de l’IETF [1] . Et l’intelligence artificielle dans tout ça ? Comme le rappelle Georges Uzbelger, à l’heure actuelle, l’intelligence artificielle repose sur l’apprentissage machine (ou machine learning). Or « Le machine learning n’a rien de mystérieux : c’est un problème d’optimisation. »
Au-delà de ce meet-up, IBM Q a créé une communauté autour de l’informatique quantique pour développer les librairies applicatives pour faire communiquer serveurs classiques et ordinateurs quantiques. Celle-ci comprend 100 000 utilisateurs et développeurs, mais également les clients d’IBM qui pourront bénéficier en premier des avancées de l’informatique quantique. Parmi eux, quelques grandes banques comme Crédit Agricole, Barclays ou JP Morgan. En France, IBM a ouvert un centre dédié à l’informatique quantique sur son site de Montpellier pour accompagner ses clients, partenaires et les start-up. Ce centre propose des formations et de l’aide à la mise en place de cas d’usage.

 

1 International Engineering Task Force, Analyse disponible en anglais à l'adresse :
http://datatracker.ietf.org/doc/draft-hoffman-c2pq/?include_text=1.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº833
Notes :
1 International Engineering Task Force,