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Paiements : l’innovation au long cours

Créé le

18.12.2019

Courant 2019, le développement des paiements sans contact, essentiellement par carte mais également avec des déclinaisons sur les téléphones portables, s’est intensifié. De même que l’accroissement des paiements en ligne, appliqués à des transactions de plus en plus variées : achats de biens, paiements des impôts, abonnements, cotisations variées, carte cadeau ou titre restaurant… Les professionnels soulignent cependant l’intégration de plus en plus forte de l’acte de paiement aux transactions commerciales sous-jacentes.

Certaines expérimentations menées dans les transports en sont un exemple significatif en mixant deux concepts innovants : le MaaS ou Mobility as a service et l’open payment qui organise la convergence entre la billetique et le paiement. Le voyageur, lors de chaque étape de son trajet (par exemple vélo à usage partagé, train, bus…), s’authentifie grâce à un moyen de paiement qui peut être une carte prépayée (par exemple le pass Navigo), une carte bancaire sans contact ou un téléphone mobile, et est débité directement du coût de son parcours. Mieux encore se développent « des usages de paiement spécifiquement liés au téléphone portable et que ne permet pas la carte bancaire “physique” : par exemple, un client qui fait ses courses en magasin mais aura téléchargé l’application ad hoc dans son téléphone peut scanner avec ce dernier les marchandises achetées et quitter le magasin sans passage en caisse. L’application débitera directement le montant de son panier sur son compte » explique Thierry Leblond, directeur du pôle Monétique et Moyens de paiement chez PW Consultants. Autre exemple d’intégration : une application sur mobile peut permettre de réaliser en une transaction unique un paiement et l’enregistrement des points ou avantages de fidélité des clients, sans avoir besoin de présenter une carte de fidélité ». Enfin, issu de la DSP 2, le cash back – qui consiste pour un client à payer auprès d’un commerçant un montant supérieur à celui de ses achats, le commerçant restituant la différence en espèces – a fait son apparition en France et pourrait se développer dans les prochaines années.

Une autre innovation a mobilisé les professionnels en 2019 : le virement instantané porté par le scheme européen SCT-inst lancé en 2017 et l’infrastructure TIPS mise en œuvre en 2018. De nombreuses banques en France proposent déjà ce service dans leurs applications, ainsi que Paylib, service de paiement en ligne géré par un GIE regroupant des groupes bancaires français, mais ces dispositifs en France comme ailleurs en Europe restent le plus souvent domestiques. Swift a néanmoins annoncé en septembre dernier une offre de paiements instantanés résultant de l’intégration de son service de paiements transfrontaliers GPI aux systèmes de paiements instantanés domestiques, qui a vocation à servir tous les types de clients finaux des banques. De même, une vingtaine de banques européennes réfléchissent à l’heure actuelle à un scheme paneuropéen de paiement, qui pourrait prendre en charge non seulement les paiements transfrontaliers par carte, mais aussi d’autres moyens de paiement, qui seraient alors convertis en virement instantané et compensés sur l’infrastructure européenne TIPS (Target Instant Payment Settlement). Cela permettrait notamment de s’affranchir des schemes américains comme Visa et Mastercard. Mais la diffusion du virement instantané auprès de tous les publics et dans une dimension transfrontalière, dépendra de la solidité de son modèle économique, notamment en regard des investissements nécessaires.

 

Ils ont dit

Paiements sans contact

Le paiement sans contact est plébiscité par les Français et les commerçants. Avec près de 2 milliards de transactions, soit environ 15 % du volume des paiements par carte, il semble maintenant suffisamment mature pour être étendu à de très nombreux usages, au-delà du paiement de proximité par carte bancaire. […] Malgré un démarrage très en retard sur les prévisions, le paiement sans contact par mobile est en croissance, en particulier avec Apple Pay, essentiellement auprès des générations Y et Z, nativement mobile centric.

Régis Bouyala, associé gérant, Pémance, et Pierre Françon, CEO Quaelys, Revue Banque n° 837, novembre 2019, pp. 64-66.

 

La promesse de l’open payment

Dans la configuration de l’open payment, les voyageurs ont dans leur poche une carte bancaire qui va leur permettre de se déplacer sans avoir la moindre formalité à faire : la carte bancaire leur sert à la fois de titre de transport et de titre de paiement, sans avoir de pré-achat ni d’avance de trésorerie à faire. Mieux, ils se verront appliquer automatiquement le meilleur tarif correspondant à leur usage.

Christophe Badesco, chargé de mission billetique, Keolis, Revue Banque n° 831, avril 2019, pp. 59-61.

 

Paiement intégré

Le paiement in-app est encore plus intégré : l’utilisateur se déclare comme client de Ticket-Restaurant sur les plateformes agréées comme Uber Eats ou Deliveroo, entre les logins et mot de passe communiqués avec la carte par Edenred et peut sans autre formalité passer sa commande, le débit étant alors imputé sur le compte Ticket-Restaurant. C’est une intégration directe entre la plateforme et le serveur sur lequel nous gérons les soldes utilisateurs.

Antoine Dumurgier, directeur général solutions de mobilité professionnelle, Edenred, Revue Banque n° 833, juin 2019, pp. 61-62.

 

Concernant l’action publique, après l’ouragan Irma en 2017 qui a touché les populations de Saint-Martin et de Saint-Barthélémy, en quelques semaines, […] notre carte prépayée Up Cohésia a permis à l’État d’attribuer des aides aux populations concernées, c’est-à-dire environ 4 000 foyers, en fonction de leur situation financière et de pouvoir également flécher les transactions sur le territoire français : sur la partie néerlandaise de Saint-Martin, par exemple, les cartes étaient désactivées.

Arfang Sonko, directeur délégué aux activités régulées (monnaie électronique et services de paiement), Groupe Up, Revue Banque n° 835 septembre 2019, pp. 66-68.

 

La première solution est le don sur terminal de paiement, qui peut être déployé tant chez un commerce de proximité que dans une grande enseigne. Le commerçant choisit l’association qu’il souhaite promouvoir et les modalités du don, qu’il peut d’ailleurs éventuellement doubler.

Ghislain d’Alançon, P-DG fondateur, HeoH, Revue Banque n° 835 septembre 2019, pp. 71-72.

 

Paiements et prélèvements

Notre société évolue en effet vers un mode de vie plus centré sur des usages dans la durée, associés à des formes d'abonnement. Nous pouvons en voir des exemples très concrets : un des premiers écosystèmes qui est passé à l'usage est celui de la musique, du film et à présent du jeu vidéo. Les consommateurs n'achètent plus un DVD, un jeu vidéo ou un disque à l'unité : ils se connectent à des plates-formes sur lesquels ils payent, soit sous forme d'abonnement, soit sous forme de paiement à l'usage.

Jérôme Traisnel, cofondateur et directeur général, Slimpay, Revue Banque n° 837, novembre 2019, pp. 69-70.

 

Paiement instantané

Le lancement récent du SCT-inst a pour ambition de permettre de répondre à toutes ces attentes et d’ouvrir le champ à de nouveaux services, encore à construire. Mais ce nouveau produit reste néanmoins un pari sur l’avenir, car il vient en concurrence de deux moyens de paiement déjà bien installés (la carte bancaire et le virement classique).

Régis Bouyala, associé gérant, Pémance, Pierre Françon, CEO Quaelys, Revue Banque n° 837, novembre 2019, pp. 64-66.

 

Le problème est le retour sur investissement. Les banques justifient la tarification, parce qu’elles ont fait des investissements dans l’instant payment. Or, aujourd’hui, un virement SEPA est gratuit, en tout cas de particulier à particulier. Rapidement, ce surcoût ne pourra pas tenir : entre l’instantanéité et un service en 24 heures, pour le particulier, cela ne se justifie pas. Et les volumes aujourd’hui sont plutôt sur les transactions entre particuliers.

Lionel Dourron, New Business Developer, ACI Worldwide, Revue Banque n° 831, avril 2019, pp. 42-43.

 

Là où le fragile modèle économique d’un paiement par carte se répartit entre une cotisation annuelle imputée au porteur de la carte et une commission calculée sur le montant versé par le commerçant à sa banque et répercutée à la banque du porteur, le paiement instantané va devoir trouver un équilibre entre les mêmes parties prenantes.

Comme on l’a vu, ce modèle diverge déjà sur le fait de faire payer ou non une commission à l’initiateur du virement.

Emmanuel Noblanc, responsable marketing produit, et Josiane El Houayek, directrice adjointe de la maîtrise d’ouvrage interne, SAB, Banque & Stratégie n° 379, avril 2019, pp. 24-26.

 

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº839