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Moyens de paiement : le grand chambardement

Créé le

18.11.2011

-

Mis à jour le

30.11.2011

L'année 2011 a été marquée par l’accélération de la déstructuration de la chaîne traditionnelle des paiements. Ce bouleversement s'explique par le redimensionnement de l’environnement réglementaire – grâce au SEPA, avec la transposition de la directive sur les Services de paiement dès 2009 (qui marque notamment la fin du monopole bancaire des paiements) et le lancement, respectivement en 2008 et 2010, du virement et du prélèvement européens – et par les nouvelles technologies en cours de déploiement, comme celle du sans contact, ou la commercialisation exponentielle de smartphones, qui ouvre la voie à de nombreuses applications nouvelles.

L’année 2011 a notamment confirmé une tendance amorcée en 2010 avec l’arrivée de nouveaux entrants issus des télécommunications ou de l’Internet, dont la force de frappe est considérable (voir Encadré 1).

Parallèlement, le modèle économique traditionnel des paiements fondé sur les commissions d’interchange continue d’être attaqué, tant par la Commission européenne que par l’Autorité de la concurrence française (voir Encadré 2).

Face à cette déferlante, les banques ne sont pourtant ni démunies d’atouts, ni inactives. Elles peuvent notamment s’appuyer sur de vastes fonds de commerce de clients fidèles et sur un volume élevé de transactions permettant d’afficher des coûts bas. De plus, elles maîtrisent le savoir-faire de ce métier complexe, notamment sur la gestion sensible des risques et des fraudes. Elles n’ont d’ailleurs pas tardé à conclure des partenariats avec leurs nouveaux concurrents comme BNP Paribas et Orange, ou à lancer des produits innovants, comme Kwixo de FIA-NET (filiale du Crédit Agricole), qui s’affranchit du compte bancaire pour s’arrimer au numéro de téléphone ou à une adresse mail.

La dynamique est donc lancée : les acteurs, anciens ou nouveaux , avancent en ordre dispersé, mais la question de l’interopérabilité de ses services risque de se poser rapidement. E.C.

Ils ont dit…

Des acteurs qui s’observent

« Les paiements scripturaux accentuent leur ​fragmentation en trois mondes qui s’ignorent superbement entre eux :

  • un monde du chèque sous régime national, dont le volume est encore trop significatif pour qu’on puisse s’en désintéresser […] ;
  • un monde du Sepa ​pour lequel le législateur européen recherche une ​plus grande harmonisation, mais n’arrive pas à définir la politique européenne permettant d’en construire l’épine dorsale ;
  • un monde plus mouvant et complexe des paiements alternatifs, avec encore plus de technologie et très peu d’interbancarité, que les textes nationaux et européens ont facilité et pour lequel les clients vont devoir trouver leurs nouveaux repères. »
Jean Clamon, président du Comité d’orientation des moyens de paiement, délégué général, BNP Paribas, Banque Stratégie n° 292, mai 2011.

Des offres qui innovent

« Le premier volet de l’offre permet de payer ses achats sur Internet, grâce à un identifiant largement connu : un numéro de téléphone portable ou une adresse mail. […]. Le second volet de l’offre permet de transférer de l’argent entre particuliers, par exemple pour rembourser une somme, renflouer ses enfants partis en voyage […] Nous visons plutôt la génération «M » des 18-38 ans, qui est dans la mobilité, branchée Smartphone et tablettes, et n’utilise pratiquement plus l’Internet classique. »

Christophe Nepveux, directeur général de FIA-NET (groupe Crédit Agricole), à propos du lancement de Kwixo, supplément Revue Banque n° 741, novembre 2011, p. 24.

 

« Dans le Google Wallet, le paiement est clairement augmenté. L’idée ? Bien avant de payer, Google Wallet vous permet de trouver la boutique la plus proche de vous et la plus pertinente par rapport à votre besoin. Vous n’êtes pas sûr de faire la bonne affaire ? Google Wallet vous présente la synthèse de tous les avis de vos contacts sur le produit que vous convoitez, comme sur le commerçant chez qui vous vous trouvez. […] Il deviendra votre boussole chez Foot Locker ou Toys'R‘Us, coupons de réduction et offres promo flash en prime ! Même modèle économique : la transaction sera gratuite pour le commerçant qui, en revanche, paiera pour être référencé et mis en avant. »

Anne Charlotte Dupérat-Rissel, Responsable marketing et communication,  et Loïc Dequay, Responsable innovation, Monext, supplément Revue Banque n° 741, novembre 2011, p. 20.

 

« Les offres sans contact se développent : MasterCard PayPass et Visa PayWave couvrent respectivement 36 et 16 pays. La France a opté pour la version mobile du sans contact avec l’initiative niçoise “Payez Mobile” et le lancement d’un nouveau pilote, “Cityzi”. En Grande-Bretagne, l’offre “Quick Tap” est proposée par Orange, en collaboration avec BarclayCard et Samsung. Par ailleurs, Visa prépare avec ce dernier une application de paiement sans contact pour les Jeux olympiques de Londres en 2012. »

Martina Weimert, vice-présidente, responsable de l’offre paiement, Capgemini Consulting, supplément Revue Banque n° 741, novembre 2011, p. 10.

Des ambitions qui s’affichent

« Notre objectif est de devenir le n° 1 du e-commerce mobile à 5 ans, et un moyen de paiement incontournable sur le e-commerce, juste après la carte bancaire ».

Laurent Bailly, Directeur marketing, Buyster, Banque Stratégie n° 292, mai 2011, p. 30.

Un modèle économique attaqué

« L’affirmation figurant dans le considérant 14 [du projet de règlement end date] selon laquelle « les CMI facturées de manière unitaire par prélèvement limitent la concurrence entre les banques bénéficiaires et augmentent les frais facturés par ces banques aux bénéficiaires, imposant de ce fait des hausses de prix masquées aux payeurs », sur laquelle la Commission se fonde pour « interdire les CMI par opération », n’a jusqu’à présent jamais été démontrée, ni dans les différents cas examinés par la DG Concurrence concernant divers moyens de paiement, ni dans le résumé de l’étude d’impact figurant dans l’exposé de motifs de la proposition de règlement, ni dans l’étude d’impact elle-même.».

Jérôme Raguénès, chargé de mission, Direction systèmes et moyens de paiement, FBF, Revue Banque n° 734, mars 2011, p. 43)

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742