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Mécénat à la Société générale : l’art contemporain à disposition des collaborateurs

Créé le

26.06.2014

-

Mis à jour le

30.06.2014

La Société Générale a constitué depuis près de 20 ans une importante collection d’art contemporain mêlant peintures, sculptures et photographies. L’anniversaire des 150 ans du groupe est l’occasion de mettre en valeur ce patrimoine.

Le triptyque de Vik Muniz est de dimensions impressionnantes, à l’image de la représentation du monde qu’il organise : les cinq continents y apparaissent constitués par l’agencement de toutes sortes de matériels informatiques – tours, claviers et autres pièces détachées. L’œuvre est frappante, presque angoissante, par les messages que l’on peut trouver à y lire : celui d’un monde déshumanisé par l’informatique et les liaisons virtuelles, ou encore d’une société envahie par les rebuts de la surconsommation. Quelques mètres plus loin, les couleurs chatoyantes des Bouboys des sœurs Chevalme éclatent sur le mur : le groupe de personnages aux vêtements multicolores, ornés de motifs presque psychédéliques, donne une idée joyeuse et chaleureuse d’une société métissée, ouverte et fondée sur des rapports humains pacifiés… Telle apparaît la collection d’art contemporain de la Société Générale : éclectique, qui interpelle, mêlant des artistes reconnus – comme Pierre Soulages ou Zao Wou-Ki – à des talents en devenir…

 

Dasn le cadre des festivités organisées pour l'anniversaire des 150 ans du groupe, un nouvel accrochage de la collection est présenté au travers d’une exposition située au premier étage des tours de La Défense. Guy Boyer, expert de la collection depuis 2003 et directeur de la rédaction de Connaissance des Arts, a en effet été mandaté pour sélectionner un certain nombre d’œuvres organisées en cinq parcours thématiques :

  • « À la découverte de l’autre », sous forme d’une galerie de portraits ;
  • « Formes et couleurs », qui reprend les représentations les plus abstraites où la géométrie le dispute aux contrastes des couleurs ;
  • « Au pays du rêve », aux visions surréalistes et parfois mystérieuses ;
  • « Solidarité et entreprise », un thème plus convenu mais traité de façon souvent inattendue ;
  • « Horizons lointains » avec des vues des quatre coins de la planète.
Pour autant, cette exposition n’est que la partie visible de l’ iceberg : la collection Société Générale comprend près de 350 œuvres, peintures, dessins, photographies ou sculptures, ainsi que 700 lithographies, éditions et sérigraphies. Sa constitution a été lancée en 1995 par un des anciens présidents du groupe, Marc Viénot, avec pour objectif d’humaniser le nouvel environnement de travail des collaborateurs lors de l’emménagement dans les tours de l’Ouest parisien. Le mouvement sera repris et confirmé par les présidents suivants, en fixant les grandes lignes d’une politique d’acquisitions. Celles-ci sont centrées sur la peinture abstraite, la photographie – principalement consacrée aux thèmes des paysages urbains et de la nature – et les sculptures, autour de trois matériaux de prédilection : le fer, le bronze et la pierre.

Outre certaines commandes spécifiques, comme l’immense hélice rouge de l’artiste catalan Tom Carr, destinée d’emblée au hall d’accueil de la tour principale, les acquisitions sont pour la plupart réalisées auprès des galeristes, une façon de « soutenir un métier qui défend et promeut les artistes » explique Aurélie Deplus, responsable du mécénat artistique de Société Générale, mais qui ne fait peut-être pas l’affaire de ceux qui n’ont pas encore accès à ce mode de diffusion… Contrairement à une collection privée, où peut s’exprimer une certaine suggestivité, le parti-pris dans cette collection d’entreprise est d’éviter des œuvres trop agressives ou exprimant des opinions trop tranchées. Enfin, pour couper court à toute idée d’une quelconque spéculation sur la valeur de la collection, aucun objectif de revente n’est envisagé lors des acquisitions, et comme le confirme Caroline Guillaumin, directrice de la communication du groupe Société Générale, « aucune œuvre n’a d’ailleurs jamais été cédée ». Le budget annuel consacré à ces acquisitions avoisine 300 000 euros, même si souligne Aurélie Deplus, « celui-ci n’est pas toujours utilisé dans son intégralité ».

 

La totalité des œuvres est exposée de façon permanente dans les espaces communs des quatre tours de la Défense, pour le plus grand bénéfice des 13 000 salariés qui y travaillent : ceux-ci les côtoient quotidiennement dans les couloirs, paliers, salles de conférence, salles des marchés ou encore restaurants d’entreprise.

En outre, depuis 2011, un espace dédié au premier étage des tours de La Défense permet d’organiser  tous les ans un accrochage original sous la houlette d’un commissaire d’exposition invité : Guy Boyer en 2014, mais avant lui, Jean-François Chougnet en 2013, directeur général de Marseille-Provence 2013, Nathalie Viot, conseillère pour l’art contemporain à la direction des affaires culturelles de la ville de Paris ou encore Régis Durand, ancien directeur du Jeu de Paume.

Les salariés sont aussi encouragés à participer plus activement à la vie de la collection au travers d’un réseau social interne SG Communities et du cercle des Amis de la Collection qui regroupe aujourd’hui près de 1 200 collaborateurs. « Les œuvres circulent au gré de la vie de l’entreprise » souligne Aurélie Deplus. L’éléphant en bronze de Barry Flanagan installé dans le hall de la tour est ainsi devenu un lieu de rendez-vous très usité des collaborateurs, au point que son retour est réclamé par beaucoup lors de ses déplacements.

Mieux encore, les collaborateurs peuvent participer au choix des œuvres : depuis 2011, le comité de sélection est animé par des binômes constitués entre des experts indépendants et des collaborateurs volontaires, recrutés par appel interne à candidature : Aurélie Deplus, auparavant analyste financier puis en charge de la communication au sein de la BFI de Société Générale, a ainsi fait partie des tout premiers collaborateurs sélectionnés pour travailler pendant un an avec un expert. L’acquisition des œuvres retenues par ces binômes est confirmée par une commission ad hoc réunissant les membres du comité de direction du groupe, dont le président directeur général et la directrice de la communication. Et chaque président apporte sa « patte » : Daniel Bouton souhaitait renforcer les représentations des places émergentes, Frédéric Oudéa a insisté sur la présence de l’humain...

 

Pour autant, si les salariés sont les premiers admirateurs des œuvres, ils ne sont pas ou plus les seuls.

L’anniversaire des 150 ans du groupe a été l’occasion de donner accès au grand public non seulement à l’exposition Invitations au voyage, mais aussi au reste de la collection in situ : depuis le 12 juin sont proposées sur réservation via Internet [1] , des visites en petits groupes dans les locaux même de la banque, « sans aucun discours de la banque ou sur la banque »  tient-on à préciser à la Société Générale, pour éviter tout soupçon d’une intention clientéliste ! En outre, la collection est ouverte depuis longtemps aux clients de la banque, mais aussi aux groupes scolaires des établissements à proximité, pour lesquels des parcours spécifiques d’initiation à l’art contemporain ont été mis au point. Mieux encore, des œuvres sont régulièrement prêtées à des musées pour des expositions temporaires : ainsi, en avril et mai 2014, une vingtaine de photographies de la collection sont parties pour le Multimedia Art Museum de Moscou  dans le cadre de l’événement Photobiennale qui se tient tous les deux ans dans divers lieux de la capitale russe. Une quinzaine d’œuvres doivent également être exposées au LAAC (Lieu d’art et action contemporaine) de Dunkerque. Et pour ceux qui ne pourraient se rendre dans les tours de la Société Générale ou dans les musées, la collection est aussi visible sur le site dédié du groupe.



1 www.collectionsocietegenerale.com.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº774
Notes :
1 www.collectionsocietegenerale.com.