Le rapport annuel de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement au titre de l’exercice 2017 publié par la Banque de France en
Dans ce paysage favorable consacrant les efforts réalisés depuis de nombreuses années par l’ensemble de l’écosystème des paiements en France, un chiffre retient plus particulièrement l’attention, celui des transactions frauduleuses sur cartes françaises effectuées en dehors de l’espace européen SEPA : le taux de fraude calculé en 2017 s’élève à 0,511 % contre 0,713 % calculé un an plus tôt, soit une baisse de la fraude en valeur de plus de 11 %.
Comme l’a souligné le Gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, lors de la conférence de presse présentant les résultats du 2e rapport annuel de l’Observatoire, le taux de fraude 2017 dans le domaine des cartes françaises sur accepteur étranger hors SEPA marque une inflexion historique, tout en restant 14 fois plus élevé que celui observé pour les transactions nationales.
Dans le détail, la baisse du taux de fraude est particulièrement sensible sur les paiements de proximité et sur automate, qui rejoint désormais le niveau observé sur les retraits DAB (voir Graphique 1).
Comment expliquer cette baisse ?
La thèse avancée par l’Observatoire l’an dernier comme cette année met en avant « les efforts réalisés depuis plusieurs années pour migrer l’ensemble des cartes et terminaux de paiement vers le standard EMV (Europay Mastercard VISA) », et ce à l’échelle européenne.
Effectivement, comme l’illustre le Graphique 2, la baisse du taux de fraude des cartes françaises sur accepteur à l’intérieur de la zone SEPA a entamé une nette décrue dès 2015.
Mais le déploiement en Europe ne peut à lui seul expliquer la baisse de la fraude observée en 2017. Il suffit, pour s’en convaincre, de consulter les statistiques de déploiement mondial d’EMVCo à fin 2017 (consultable sur son
En revanche, la forte montée en puissance d’EMV aux États-Unis, déjà constatée en 2016 et objet de mon article « Sécurité des cartes de paiement : le déploiement de la carte à puce aux
Au déploiement en cours aux États-Unis, on peut également ajouter la poursuite du déploiement à un rythme plus modéré en Afrique et Moyen-Orient ainsi qu’en Asie, susceptibles d’expliquer la nette inflexion observée dans les chiffres de l’Observatoire 2017.
Pour mémoire, une transaction full EMV impose une carte de paiement équipée d’une puce à la norme EMV, en même temps qu’un terminal de paiement ou un DAB vérifiant la présence de la puce et des données qui y sont contenues. Ainsi, une tentative de paiement par une carte contrefaite (avec ou sans puce), n’a aucune chance d’aboutir et limite le préjudice de la fraude à déplorer par la banque émettrice.
En 2017, les États-Unis figurent à 41 % de part de transactions de carte de proximité en mode EMV et l’Asie à 54 %, ce qui présente encore de belles perspectives de progression et ce qui réserve, sans doute, de belles perspectives de baisse du taux de fraude des cartes françaises sur accepteur étranger hors SEPA, à l’avenir.
Acceptons-en l’augure !