Square

Rencontre avec... Buyster

Les commerçants présents, le porte-monnaie mobile veut séduire le public

Créé le

17.12.2012

-

Mis à jour le

15.06.2017

Créé par les trois principaux opérateurs de téléphonie mobile (Bouygues Telecom, Orange et SFR) et Atos, le système de paiement mobile Buyster a un peu plus d'un an d'existence. Ses dirigeants nous font part de leurs progrès à la conquête du e-commerce et du m-commerce français. Même si, pour eux, il est encore trop tôt pour avoir des résultats chiffrés.

Buyster a été lancé officiellement il y a un peu plus d'un an. Où en êtes-vous de vos objectifs ?

Sébastien Trova : En effet, Buyster a une année d'activité. Elle a été consacrée à la mise en place d'un réseau d'acceptation marchand, principalement de gros marchands très visibles pour les internautes. Nous avons l'accord d'un peu plus de 400 d'entre eux, pesant entre 10 et 12 % du e-commerce français : Rue du Commerce, Priceminister, MisterGoodDeal, Spartoo, PMU, Aquarelle, etc. Nous avons aussi signé avec des marchands qui proposent de nouveaux cas d'usage, dans le m-commerce ou dans le déport du paiement de proximité : par exemple l'achat du Carré Neige [1] directement sur les pistes de ski ou la recharge d'un badge de cantine à partir du téléphone mobile. Nous allons annoncer d'ici quelques semaines un gros partenariat avec une chaîne de restauration rapide pour passer sa commande et l'acheter sur son mobile, et la valider en magasin via un code-barre affiché sur l'écran. Sur les 400 marchands déjà signés, environ 200 sont déjà raccordés à notre système, le reste le sera dans les prochains mois.

Notre deuxième axe a été de développer nos réseaux de partenaires techniques : des prestataires de services de paiement, mais également des fournisseurs de boutiques en ligne clé en main, comme Oxatis, Magento ou Prestashop. Nous sommes en passe d'être compatibles avec la majorité de ces acteurs. Nos marchands peuvent bien entendu intégrer Buyster en direct sur leurs sites, mais en passant par ces prestataires, l'opération est plus simple pour le commerçant : c'est du plug & play !

Pour qu'un système de paiement fonctionne, il faut certes des marchands, mais il faut également des clients. Où en êtes-vous de l'adoption de Buyster par le grand public ?

Ari Bensimon : Pour le grand public, la véritable campagne de communication a commencé en septembre 2012, avec beaucoup de publicité dans le métro et sur les quatrièmes de couverture des journaux gratuits. Chose originale, nous avons fait beaucoup de co-marketing avec nos commerçants (avec Priceminister, par exemple). Nous allons intensifier notre communication vers les utilisateurs.

S. T. : Nous avons déjà des contacts avec deux exploitants de cinéma, dont CGR en province, pour que les clients achètent les billets directement sur Internet ou sur l'application mobile de l'exploitant avec Buyster comme moyen de paiement exclusif. Nous sommes dans une logique de simplification de l'acte d'achat pour l'utilisateur final.

Quelle conclusion tirez-vous de cette année ?

A. B. : L'enseignement de cette année est une forte appétence des commerçants pour le m-commerce. C'est par là qu'ils voient la plus forte progression dans le e-commerce, avec en plus beaucoup de nouveaux cas d'usage, avec des achats à distance et un contact physique à la fin.

S. T. : Nos succès sont dus à trois grandes différences : un parcours de paiement unique en France, une double sécurité à chaque transaction, et nous allons embarquer nativement Buyster dans tous les mobiles Android vendus par nos trois actionnaires [2] .

Comment voyez-vous l'évolution du paiement mobile en France ?

A. B. : Pour nous, la part du paiement mobile est passée de 8 à 9 % en juin à 26 % de notre chiffre d'affaires en octobre. À l'observatoire des services de paiement, le fondateur de Ventes-Privées disait que la part du paiement mobile sur son site est de 26 % et augmente de 2 % tous les mois. Nous constatons que c'est le segment où les transactions sont les moins sécurisées, car 3D Secure ne fonctionne pas globalement sur le mobile. Il va y avoir besoin d'un outil adapté au mobile. Où place-t-on le curseur entre sécurité et ergonomie ? Notre force est que nous arrivons à concilier les deux. Le marché du paiement mobile a généré 4 milliards de chiffre d'affaires à la fin 2012, nous comptons 20 millions de mobinautes dont 4 millions ont déjà acheté directement à partir de leur smartphone et 15 % ont déjà flashé des QR Code. C'est la première année où l'on va vendre dans le monde plus de smartphones que de PC et que les courbes de connexions s'inversent. Le champ des possibles est ouvert.

Concrètement depuis le lancement en septembre 2011, quel volume de transactions transite par Buyster ?

S. T. : Je ne pense pas que l'on puisse communiquer sur le volume global, mais nous pesons déjà 6 à 7 % des transactions chez nos gros clients. Aujourd'hui, ce n'est pas significatif, car nous avons commencé véritablement notre activité en septembre 2012. Mais à chaque fois que nous raccordons un marchand, nous augmentons significativement notre activité en nombre de transactions et d'utilisateurs. Maintenant nous avons inversé la tendance, ce sont les commerçants qui viennent nous chercher.

Quelles sont vos ambitions pour 2013 ?

A. B. : Nous allons continuer le recrutement de marchands et, en parallèle, communiquer de plus en plus sur le grand public, pour renforcer notre taux de notoriété et développer notre base utilisateurs. Nous venons de signer avec Neopark un nouveau cas d'usage pour réserver et payer sa place de parking à Paris. Pour l'instant, nous restons concentrés sur le marché français. À l'étranger, il y a plusieurs niveaux : accepter des clients étrangers dans le système Buyster, et développer des commerçants à l'étranger. Le premier volet sera possible à plus ou moins moyen terme, car cela correspond à une demande de nos commerçants. Ce sera une évolution naturelle, mais en 2013 ce sera encore trop tôt. Il faudra s'adapter aux contraintes réglementaires et d'usage.

1 Assurance dédiée au ski, NDLR. 2 Orange, SFR et Bouygues Telecom, NDLR.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº755
Notes :
1 Assurance dédiée au ski, NDLR.
2 Orange, SFR et Bouygues Telecom, NDLR.