Square

Économie

Vers un grand mouvement de basculement des obligations vers les actifs réels

Créé le

19.05.2016

-

Mis à jour le

31.05.2016

On observe depuis la mi-2014 aux États-Unis et dans la zone euro une baisse des achats d’obligations par les non-résidents, en particulier par les banques centrales. Ce recul des achats d’obligations par les non-résidents a fait monter les taux d’intérêt à long terme sur les dettes souveraines aux États-Unis, mais visiblement pas dans la zone euro, en raison du maintien du Quantitative Easing. Nous pensons que cette évolution de ventes d’obligations souveraines américaines et européennes par les non-résidents va s’amplifier dans le futur. En effet, les stratégies d’investissement des réserves de change par les banques centrales et les fonds souverains vont durablement changer. Les banques centrales gèrent 10 000 milliards de dollars de réserves, les fonds souverains 11 000 milliards de dollars d’actifs.

La première évolution marquante est que les pays pétroliers veulent préparer « l’après-pétrole ». Beaucoup d’entre eux (Norvège, Émirats, Qatar, et maintenant Arabie Saoudite) veulent anticiper le recul de leurs revenus pétroliers dans le futur en investissant dans d’autres industries, dans des entreprises étrangères, dans des portefeuilles diversifiés, dans des actifs réels différents de ceux du secteur de l’énergie (infrastructures, immobilier, industrie…). La seconde évolution centrale est que le rendement des obligations est devenu très faible par rapport à celui des autres actifs (actions de manière générale, capital d’entreprises dont le ROE dépasse 10 %, immobilier, infrastructures…).

Il est donc raisonnable de penser que les banques centrales et les fonds souverains vont durablement réduire leurs investissements en obligations, augmenter leurs investissements en actions, en parts d’entreprise, en immobilier, en infrastructures. Or l’encours des réserves de change et des fonds souverains (21 000 milliards de dollars en 2015) représente la moitié de l’encours des dettes publiques de l’OCDE. À terme, ceci pourra rendre plus difficile l’équilibre des marchés obligataires de la zone euro et tirer à la hausse les taux d’intérêt à long terme, sauf si le Quantitative Easing est maintenu dans les pays de l’OCDE, comme aujourd’hui dans la zone euro.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº797