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Change & Taux

Une dévaluation de facto du yuan

Créé le

15.04.2013

-

Mis à jour le

24.04.2013

Le consensus des économistes a été surpris par trois événements simultanés :

  • surprise n° 1 : seulement 3 ans après leur reprise à la mi-2009, le Japon, le Royaume-Uni et la zone euro sont retombés en récession quand la reprise américaine continuait à décevoir ;
  • surprise n° 2 : la croissance du PIB chinois, elle, au lieu de s'affaiblir, s'est accentuée depuis septembre 2012 ;
  • surprise n° 3 : depuis septembre 2012 en Chine, les exportations se sont envolées sans que les importations ne suivent, accentuant encore l'excédent commercial.
Reste alors à expliquer cette nouvelle performance du commerce extérieur de la Chine.

Ses exportations accentuent leur progression en dépit d'une conjoncture déprimée dans les pays développés. C'est donc principalement par un nouvel accroissement de sa part du marché mondial des produits manufacturés que la Chine a réalisé son score.

La Chine est cette fois le seul pays asiatique à dynamiser autant ses exportations. C'est la trace évidente que la Chine a bénéficié d'une mesure très spécifique qui a encore renforcé sa compétitivité. Quelle est cette mesure ?

Le plan de relance budgétaire mis en œuvre début 2012 reposait sur deux piliers : un accroissement des dépenses d'infrastructures (qui, en Chine, incluent les dépenses d'armement) et aussi l'institution d'un crédit d'impôt aux entreprises exportatrices chinoises, à hauteur de 10 % du montant exporté. Cette dernière mesure a pris son plein effet sur les exportations avec un délai classique de 6 mois.

Rappelons ici que les textes fondamentaux de l'OMC interdisent et punissent les subventions à l'exportation. Ce crédit d'impôt est donc en contravention flagrante avec l'OMC. La direction de l'OMC l'a pourtant à ce jour laissé impuni. Dans son sillage, le consensus des économistes a, quant à lui, décidé de passer cet épisode sous silence.

Mais les mécanismes économiques sont têtus. En s'accordant unilatéralement l'équivalent d'une dévaluation définitive de 10 % du yuan contre toutes les monnaies (y compris contre celles des autres pays asiatiques), la Chine, une fois encore, a renforcé son commerce extérieur, son PIB et son emploi au détriment du commerce extérieur, du PIB et de l'emploi des pays développés et du reste du monde.

Le consensus des économistes n'aurait pas dû être surpris.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº760