Square

La Turquie : un eldorado aux portes de l’Europe

Créé le

21.12.2010

-

Mis à jour le

01.02.2011

Attirées par ses fortes perspectives de croissance, de nombreuses banques occidentales convoitent le marché bancaire turc. BBVA est la dernière en date à avoir succombé aux charmes des sirènes du Bosphore.

La banque espagnole BBVA, qui s’était montrée plutôt prudente en matière d’acquisitions depuis le début de la crise, a annoncé début novembre qu’elle allait verser plus de 4 milliards d’euros pour prendre environ un quart du capital de la banque turque Garanti Bank (encadré 1). Cette prise de participation à caractère stratégique est la première étape en vue d’une prise de contrôle d’ici cinq ans au plus tard. Le numéro deux de la place bancaire ibérique rejoint ainsi les nombreux acteurs étrangers déjà présents en Turquie. Aujourd’hui, ils sont une petite dizaine à y disposer d’une base solide en banque de détail et tous, ou presque, ont pour ambition d’y poursuivre leur expansion au cours des prochaines années.

Côté français, on retrouve d’abord BNP Paribas qui a pris le contrôle en 2005 de Türk Ekonomi Bankasi (TEB). Avec l’intégration de Fortis, lequel possédait aussi une filiale en Turquie (Disbank), la banque française a pris une nouvelle envergure. En effet, elle est devenue le septième acteur bancaire du pays avec près de 650 agences et trois millions de clients. Le 12 octobre dernier, à l’occasion d’une journée investisseurs, la banque franco-belge Dexia a pour sa part annoncé que la Turquie allait devenir son « premier moteur de développement ». En 2014, 60 % de ses 10 millions de clients en banque de détail et 27 % de ses revenus, contre seulement 8 % en 2007, seront issus de sa filiale Denizbank acquise en 2006.

Mais les banques hexagonales n’ont pas été les seules à s'intéresser à ce marché. Ainsi, le britannique HSBC a racheté la Demirbank en 2001. Il y compte aujourd’hui 336 agences et plus de 3 millions de clients. Le bancassureur néerlandais ING est arrivé plus tardivement suite à l’acquisition en 2007 d’Oyak Bank. Quant aux banques ​grecques, elles n’ont pas été en reste, comme en témoignent les exemples d’EFG Eurobank (Tekfenbank en 2007) et de National Bank of Greece (Finansbank en 2006). Enfin, l’américain Citigroup possède 20 % du capital de l’une des principales banques turques, Akbank, et l’italien UniCredit a jeté son dévolu sur Yapi Kredi Bank en 2005. Dans le cadre de son nouveau plan stratégique, la banque transalpine envisage même d’y ouvrir 300 agences supplémentaires d’ici cinq ans.

Mais quelles sont donc les raisons à l’origine de cet engouement des banques occidentales pour le  marché bancaire turc ? Il en existe trois principales. En premier lieu, la Turquie est une économie en plein essor et le taux de croissance de son PIB figure parmi les plus élevés au monde depuis le début des années 2000 (encadré 2). En second lieu, c’est l’un des marchés qui présente le plus fort potentiel de développement en raison d’un faible taux de bancarisation associé à une population nombreuse [1] (75 millions d’habitants), jeune (53 % de la population a moins de 30 ans) et dont le pouvoir d’achat est en très forte progression (multiplié par deux en moins d’une décennie). Enfin, sa situation géographique privilégiée au confluent de l’Europe et de l’Asie lui confère un attrait tout particulier.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi la Turquie est aujourd’hui considérée comme l’un des principaux « eldorados » bancaires. À ce titre, elle n’a donc pas fini de susciter les convoitises.

 

Achevé de rédiger le 17 décembre 2010

1 À l’horizon 2020, la population de la Turquie devrait être la plus élevée des pays européens.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº732
Notes :
1 À l’horizon 2020, la population de la Turquie devrait être la plus élevée des pays européens.