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L'actualité des M & A bancaires

Sauvetages bancaires en Europe

Créé le

22.08.2017

-

Mis à jour le

04.09.2017

Dans le cadre de plans de sauvetage inédits, l’espagnol Banco Santander et l’italien Intesa Sanpaolo ont mis la main, à des conditions très favorables, sur des concurrentes domestiques fragilisées.

En juin dernier, plusieurs fusions-acquisitions ont été annoncées en Europe du Sud dans le cadre d’opérations de sauvetage bancaire pilotées par les autorités de tutelle (voir Encadré 1). Retour sur deux d’entre elles qui, tout en poursuivant les mêmes objectifs, présentent des modalités différentes.

En Espagne tout d’abord, Banco Popular, sixième banque espagnole, a échappé de justesse à la faillite grâce à son rachat en urgence par Banco Santander pour un euro symbolique. Cette acquisition marque un changement de tactique chez Santander qui s’était jusqu’alors tenu à l’écart des grandes manœuvres bancaires au niveau national. Le géant espagnol se hisse ainsi au premier rang en banque de détail sur son marché domestique, avec plus de 17 millions de clients et une part de marché de 25 % sur le segment des PME (voir Encadré 2).

Banco Santander va lancer une augmentation de capital de 7 milliards d’euros pour couvrir l’intégration de sa compatriote et prévoit également de provisionner 7,9 milliards d’euros de créances douteuses pour assainir le bilan de la banque cible.

En conformité avec la nouvelle procédure européenne de résolution des défaillances bancaires en vigueur depuis janvier 2016, ce rachat sera réalisé sans utilisation de fonds publics et vise à garantir la sécurité des dépôts (pas de bail-out donc). En revanche, il impose de lourdes pertes aux actionnaires et créanciers privés de la banque en difficulté (bail-in).

En Italie, à présent, le gouvernement a engagé la liquidation de deux banques de la région de Venise, Banca Popolare di Vicenza et Veneto Banca, qui étaient devenues pour lui un véritable puits sans fond.

Ce plan de liquidation prévoit précisément le transfert des agences et des actifs sains de ces deux établissements régionaux à Intesa Sanpaolo pour un euro symbolique. Le numéro un bancaire italien va ainsi renforcer sa présence dans le nord-est de la Botte et notamment en Vénétie, où elle est moins présente que sa principale concurrente UniCredit. Quant aux prêts non performants et autres créances douteuses, ils vont être regroupés dans une structure de défaisance (bad bank), créée sous l’égide de l’État, qui a vocation à être liquidée. Le montant total des fonds publics mobilisés dans cette opération pourrait atteindre 17 milliards d’euros, dont 4,8 milliards serviront à maintenir la capitalisation et renforcer la situation patrimoniale de la banque repreneuse et 12 milliards seront alloués à la couverture des créances douteuses.

Si les 17 milliards sont intégralement dépensés, cela représente 1 point du PIB italien, ce qui viendra donc grever le budget et la dette du pays. Même si cette liquidation ordonnée des deux établissements vénitiens pourrait être coûteuse pour les contribuables transalpins, elle permet néanmoins de préserver les intérêts des déposants et surtout elle évite une faillite aux conséquences économiques et financières désastreuses au niveau national.

Ces sauvetages bancaires récents menés en Europe sont doublement positifs : d’une part, ils permettent d’éliminer les établissements les plus fragiles et favorisent la consolidation des secteurs nationaux ; d’autre part, ils montrent que nous savons désormais fermer des banques tout en protégeant les déposants et en préservant la stabilité financière. Il s’agit là d’une avancée majeure par rapport à la dernière crise bancaire et financière de la fin des années 2000.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº811