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Epargne

Placements : quelle logique ?

Créé le

26.07.2016

-

Mis à jour le

31.08.2016

Brexit, taux bas voire négatifs, révolution numérique… Dans ce contexte, le choix des placements pour protéger l’épargne acquise n’est pas un exercice facile.

Une période exceptionnelle

L’un des risques les plus importants est de confondre ce dont on a l’habitude et ce qui est normal. Une personne de cinquante ans aujourd’hui a vécu toute sa vie adulte dans un contexte monétaire et financier de baisse des taux et d’absence d’inflation véritable. Est-ce « normal » ? Les obligations se sont valorisées, la Bourse – hormis les dix dernières années où il y eut de grands chocs et de belles remontées, mais au total une performance modeste – a connu de belles heures, et l’immobilier – malgré la crise des années 1990 – a donné des résultats remarquables. Il est intéressant de constater que sur plus de trente ans, pratiquement tous les placements se sont révélés rentables en fin de compte. Ce fut l’ordre des choses depuis 1982, qui marqua la fin de l’inflation et le début de la baisse des taux. On pourrait penser que cela relève d’une sorte de logique naturelle. Mais rien ne dit qu’il en sera toujours ainsi !

Il s’est passé beaucoup de choses au cours des trois dernières décennies. Entre la chute du mur de Berlin et l’avènement d’une mondialisation inédite, la percée des nouvelles technologies « de communication » et les changements de modes de vie, l’irruption d’une nouvelle carte des puissances économiques et l’apparition de nouveaux risques géopolitiques, sans compter la nouvelle prise de conscience sur les limites des ressources et la fragilité de l’environnement, qui osera dire que ce fut une période historique normale ? Plutôt une phase de transition… mais vers quel nouvel équilibre, et pour quand ?

Le comportement des principaux placements sur ces années très spéciales a peu de chances d’être profondément instructif pour les prochaines années ou décennies…

Retour aux fondamentaux

Toute la question est de savoir quels sont les points de repère qui restent valides.

Sur les placements monétaires et obligations. Cette période bénie pour les obligations peut durer encore longtemps. Mais une tempête, dans quelques semaines ou quelques années, ne peut pas être exclue. Historiquement, ce type de placement n’a généralement pas bien tiré son épingle du jeu à l’issue de bouleversements grands ou petits. La prudence s’impose.

Sur la Bourse. Celle-ci connaît parfois de longues périodes de dépression, mais elle repart toujours. Surtout, ses fleurons changent avec les époques. Le CAC 40 d’aujourd’hui a peu à voir avec les plus grandes capitalisations d’il y a trente ans. Les sociétés qui sont en train de changer le monde – les Apple, Google, Facebook et Amazon, mais aussi les Twitter, Pokemon Pro et toute la kyrielle des entreprises de nouvelle génération – représentent la partie vivante qui composera les grands indices de demain. C’est sans doute dans leur sillage que les turbulences seront les mieux traversées. Le risque n’est pas absent, parfois la patience est nécessaire, mais on dira plus tard, peut-être après de fortes turbulences, que la Bourse était finalement un bon placement.

Sur l’immobilier. L’intérêt de celui-ci est qu’il conjugue actif économique et bien de rareté. Lui aussi peut connaître des secousses. Mais son utilité économique est indéniable, ce qui sécurise sa valeur… à long terme. De plus, l’actuel mouvement de concentration des métropoles comme centres économiques est une protection à moyen terme. Le seul problème est que les moyennes sont souvent trompeuses et ne reflètent pas nécessairement le destin de tel ou tel immeuble en particulier. Plus sûr que les placements monétaires ou en obligations pour traverser les périodes troublées, moins dynamique que la Bourse mais comme elle accroché aux réalités économiques fortes, l’immobilier doit rester une composante non négligeable d’un patrimoine.

Simple ? trop simple ? Peut-être. Mais dans un monde compliqué, la simplicité n’est pas seulement une vertu, elle est aussi une rampe de sécurité.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº799