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Épargne

Placements : le monde a-t-il vraiment changé ?

Créé le

18.06.2013

-

Mis à jour le

25.06.2013

L’examen des performances des placements sur longue période révèle une étonnante stabilité, relativement aux bouleversements qui se sont produits.

Nous vivons un jour après l’autre et à tout instant il se passe quelque chose : l’actualité économique ou politique, financière ou internationale, est riche de rebondissements. Nous avons en permanence l’impression que tout bouge très vite, et pas toujours dans le bon sens. Dans de telles conditions, où et comment placer son épargne ?

L’examen des tendances longues révèle quelques surprises : oui, il s’est passé beaucoup, beaucoup de choses au cours des quarante dernières années ; non, les principaux placements que sont les actions, les obligations, l’immobilier et l’or ne sont pas partis dans toutes les directions… À cet égard, le graphique des performances sur 40 ans, de 1972 à 2012, est édifiant. Pour des raisons pratiques, nous avons retenu les Sicav obligataires pour les obligations, et les SCPI pour l’immobilier, deux formes de placement à la fois accessibles aux particuliers, et dont les résultats peuvent être concrètement mesurés. Nous avons également réinvesti les revenus pour les actions, Sicav obligataires et SCPI, et tenu compte des frais d’entrée pour les Sicav et les SCPI, afin de coller le plus possible à une démarche concrète.

À la vue de ce graphique, qui imaginerait toutes les transformations du monde sur cette période, depuis le choc pétrolier de 1974, en passant par la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide, jusqu’à la mondialisation et l’émergence de nouvelles zones économiques ? Sans compter la transformation de la société par les technologies de la communication mises à la disposition de chacun, et sans compter les grandes crises : immobilière dans les années 1990, boursière au début des années 2000 avec l’éclatement de la bulle Internet, puis « globale » avec la crise des subprime, la faillite de Lehman Brothers et l’endettement actuel des États… La liste pourrait être allongée, il reste que le nombre et l’ampleur des accidents et basculements ont été considérablement amortis au niveau du comportement des principaux placements.

Certes, il y eut des émotions en cours de route, d’autant plus qu’à chaque instant, on se trouvait confronté à l’imprévisibilité. Il y a donc deux perceptions :

  • celle de l’ambiance immédiate, toujours mouvementée et parfois excitante, parfois inquiétante, en tout cas à haute densité émotionnelle ;
  • celle du long terme, de toute évidence moins agitée, plus équilibrée.
Les actions arrivent en tête, ce qui est le prix à payer pour des fluctuations plus importantes (mais atténuées par le réinvestissement des dividendes), puis les SCPI, qui ont pourtant vécu leur grande crise au milieu des années 1990, enfin les obligations. À ce stade, la logique du couple rentabilité/volatilité a bien été préservée. L’or est présenté seulement à titre d’information, car les avis sont très partagés au regard de sa propre logique d’évolution.

Pour l’avenir, deux points méritent d’être relevés. Premièrement, on ne peut négliger que le grand basculement du monde, économique, géopolitique et sociétal, n’est pas du tout achevé. Difficile de dire quel sera le niveau d’inflation ou le comportement de la Bourse au cours des dix prochaines années. Rien n’interdit, par conséquent, des changements de tendance plus ou moins importants. Deuxièmement, quoi qu’il en soit, il existe un antagonisme flagrant entre l’actualité frénétique et les tendances longues, et cela est plutôt rassurant pour le particulier ou son conseiller. L’attention et l’intelligence doivent moins se porter sur les fluctuations incessantes, nombreuses et difficiles à suivre, que vers les grands équilibres et tendances. Les philosophes d’autrefois avaient peut-être raison, y compris pour notre époque tourmentée : l’agitation n’est pas le chemin de la sagesse !

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº762