Les grands investisseurs institutionnels, qui gèrent à long terme des portefeuilles larges et très diversifiés, représentatifs de l’ensemble du marché, sont par essence des « investisseurs universels ». Leurs portefeuilles sont de ce fait inévitablement exposés aux coûts générés par les dommages environnementaux ou sociaux causés par les entreprises. Or ces coûts sont significatifs. En 2013, Trucost a estimé que les dégâts environnementaux (émissions de gaz à effets de serre, usage de l’eau et pollution de l’air) générés par les entreprises coûtent à l'économie mondiale environ 4 700 milliards de dollars par an.
Ces investisseurs peuvent aujourd’hui jouer un rôle crucial pour influencer les décisions des entreprises. Ils disposent en effet de plusieurs outils pour inciter ces dernières à prendre en compte les externalités qu’elles génèrent. Ils peuvent engager un dialogue avec les managers, proposer des résolutions d’actionnaires, et voter activement lors des assemblées générales. Les changements juridiques récents aux États-Unis (Dodd-Frank Act, 2010) ont d’ailleurs contribué à accroître l’importance des votes. Plusieurs études empiriques ont démontré l’efficacité des approches d’engagement actionnarial. Les grands investisseurs institutionnels détiennent des positions suffisamment importantes dans chaque société pour avoir un effet non négligeable sur l'issue des votes. Ils influencent d’ailleurs déjà de manière significative les décisions des entreprises, que ce soit sur la politique de rémunération des dirigeants ou sur les décisions d’innovation (Hartzell et Starks, 2003 ; Aghion et al., 2013).
Pourtant, beaucoup d’investisseurs universels s’engagent encore assez peu sur la question des externalités environnementales (E) et sociales (S). Dans une étude récente,