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L'actualité des M&A bancaires

Les banques espagnoles à l'offensive

Créé le

24.09.2014

-

Mis à jour le

30.09.2014

Deux des principaux établissements bancaires du pays se sont renforcés sur leur marché domestique. L'Espagne est en passe d'achever la restructuration de son secteur bancaire, entamée il y a cinq ans.

La période estivale, traditionnellement calme sur le front des opérations de fusions-acquisitions, a été marquée par deux transactions importantes en Espagne (voir Encadré 1).

D'une part, fin août, CaixaBank a annoncé le rachat des activités de la banque britannique Barclays dans la péninsule pour 800 millions d'euros. La transaction concerne les activités de banque de détail, de banque commerciale et de gestion de fortune. En revanche, elle exclut celles de cartes de crédit (Barclaycard) et de banque d'investissement. Cette opération va lui permettre de consolider sa position de leader national en banque de détail. En effet, la banque catalane récupère 271 succursales supplémentaires, pour l'essentiel situées hors de sa région d'origine, 555 000 nouveaux clients « à fort potentiel », 21,6 milliards d'euros actifs, 18,4 milliards d'euros de crédits et 9,9 milliards d'euros de dépôts (voir Encadré 2). Depuis 2010, CaixaBank a mis la main sur ses compatriotes Caixa Girona, Banca Civica et Banco de Valencia.

D'autre part, BBVA a jeté son dévolu sur son homologue Catalunya Banc pour 1,187 milliard d'euros dans le cadre d'une procédure d'enchère pilotée par le Fonds public de restructuration bancaire (Frob), à laquelle ont également participé Banco Santander et CaixaBank. Catalunya Banc a été nationalisée en septembre 2011 suite aux conséquences de la crise financière de 2008. Après deux premières tentatives de vente infructueuses, en 2012 et 2013, la troisième aura donc été la bonne. Toutefois, c'est une très mauvaise affaire pour les contribuables espagnols puisque 12,6 milliards d'euros de fonds publics ont été investis dans cet établissement, leur laissant au final une ardoise supérieure à 11 milliards d'euros. L'État doit encore vendre ses parts dans Banco Mare Nostrum et Bankia.

Née de la fusion en 2010 de trois caisses d'épargne catalanes pour éviter leur faillite, Catalunya Banc est une belle opportunité stratégique pour BBVA. À la tête de 63 milliards d'euros d'actifs, Catalunya Banc compte 25,6 milliards d'euros de dépôts, 28,2 milliards d'euros de crédits, 773 agences (dont 730 en Catalogne) et 1,5 million de clients. À l'issue de l'opération, BBVA détiendra 16,1 % des encours de crédit, 15,2 % des dépôts, 11,7 % des agences et 14,4 % des clients au niveau national. Cette opération va surtout lui permettre de doubler ses parts de marché en Catalogne, une zone clé pour son développement à l'échelle domestique (voir Encadré 3). Enfin, le géant bancaire espagnol attend 300 millions d'euros supplémentaires par an de bénéfice net à partir de 2018.

Cette double offensive estivale confirme les espoirs placés dans le redressement économique de l'Espagne. En effet, ces deux opérations sont un signe tangible de l'amélioration de l'état de santé du secteur bancaire espagnol. L'horizon semble donc s'éclaircir pour les banques espagnoles, qui ont vu leurs fondamentaux s'améliorer au deuxième trimestre 2014, avec notamment un recul du niveau de leurs créances douteuses. Reste à savoir si la reprise observée profitera bientôt au crédit.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº776
RB