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Economie

Inflation chinoise : vraie fausse peur des marchés

Créé le

22.02.2011

-

Mis à jour le

01.03.2011

L’indice des prix à la consommation a atteint 4,9 % en glissement en janvier en République populaire de Chine. Pour l’essentiel, la hausse récente provient du choc sur les matières premières agricoles. La Chine, comme les autres pays émergents, connaît structurellement un poids plus élevé des produits de base dans la consommation alimentaire et un poids de l’alimentaire plus élevé dans l’ensemble de la consommation ; celui-ci s’établit en Chine à un peu plus de 30 % contre 10 à 15 % dans la plupart des pays occidentaux. Et en janvier, ​l’inflation alimentaire s’établissait à 10,3 %.

Certes, les effets de base des prix alimentaires vont encore jouer négativement jusqu’en juin prochain. De plus, il est vrai que l’inflation non-alimentaire s’établit aujourd’hui à 2,6 %, au-dessus de sa moyenne 2005-2008 (1,2 %).

Pourtant, il semble que ​l’inquiétude fondamentale soit exagérée, pour au moins trois raisons. D’abord parce que la capacité de gestion des tensions inflationnistes par les autorités est historiquement forte. Ensuite parce que les facteurs structurels de l’inflation restent favorables : croissance de la main-d’œuvre au cours des prochaines années, urbanisation, croissance du salaire par tête supérieure à celle de la productivité par tête, ​surcapacités dans de nombreuses industries, larges excédents courants… Enfin, parce qu’il est normal qu’une économie qui tend ​à reposer plus sur la consommation interne et sur le dynamisme des provinces centrales et occidentales ait un taux d’inflation (non-alimentaire) tendanciel supérieur. C’est d’ailleurs probablement la meilleure nouvelle du point de vue du rebalancement mondial. En fait, c’était ​plutôt la situation antérieure qui était anormale : les autorités avaient limité l’inflation (2,2 % en moyenne durant la première décennie des années 2000) en contraignant la croissance des salaires afin de favoriser la compétitivité des prix des exportations chinoises. Avec la réorientation de la croissance chinoise au profit de la consommation intérieure, la Chine semble prête à accepter une inflation plus élevée.

Ajoutons que la hausse de l’inflation favorise la hausse du taux de change réel, ce qui constitue aussi un élément favorable du point de vue du rebalancement mondial.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº734