Square

Gestion collective

L'été meurtrier

Créé le

10.11.2011

-

Mis à jour le

29.11.2011

Le 3e trimestre 2011 aura été une nouvelle fois marqué par d’importants rachats de SICAV et de FCP. Depuis 2 ans, la décollecte se poursuit et l’encours sous gestion, avec 735,1 milliards d’euros (pour les fonds commercialisés), retrouve l’étiage d’avril 2005.

L’été et le mois d’août particulièrement ont enregistré une baisse des Bourses, dominées par les craintes qui entourent la dette souveraine. L’impact touche la quasi-totalité des fonds d’actifs de long terme et représente une perte de plus de 45 milliards d’euros sur le trimestre.

Recherche de liquidité

La chute des marchés s’est traduite par une réallocation vers les fonds de trésorerie. Ce mouvement reste limité aux fonds de trésorerie régulière et ne concerne pas les trésoreries dynamiques ou les fonds d’obligations court terme. De 18 % sur un an, la baisse des encours touche tous les segments des produits de taux. La pression vendeuse est significative pour les obligations internationales, mais également pour celles à haut rendement qui restaient jusqu’à présent une classe d’actifs très attractive. Sur la zone euro, la décollecte se poursuit mais ne s’est pas accélérée, au moment même où le spectre de la défaillance de la Grèce revenait au premier plan de l’actualité. Avec 66 milliards d’euros, ce segment de la gestion collective est en baisse de 18 % sur un an glissant.

Forte nervosité

Pour les détenteurs d’OPCVM en actions, le mois d’août a donné lieu à de nombreux arbitrages. On constate une grande nervosité des investisseurs qui n’hésitent plus à arbitrer dès les premiers signaux. Les rachats se montent à un plus de 8 milliards d’euros, dont 3,2 pour les seuls ETF. Rapportées à leur encours, les opérations de rachat sur les ETF sont supérieures à celles enregistrées sur la gestion active. Ceci s’explique par le poids des investisseurs institutionnels sur cette classe d’actifs. Selon les zones géographiques, l’importance des rachats n’est pas la même : la zone euro et les OPCVM investis en valeurs françaises enregistrent une décollecte de plus de 4 milliards d’euros, contre seulement 1,3 pour les fonds sectoriels.

Déjà observé au dernier trimestre, l’engouement des investisseurs pour la gestion flexible semble s’essouffler et les produits proposant ce type de gestion enregistrent également des décollectes. Les gérants ont beaucoup de mal à délivrer des performances significativement supérieures aux fonds de gestion traditionnelle. L’ensemble des fonds diversifiés euro et internationaux subissent des rachats proches du milliard d’euros. Seule la catégorie des OPCVM assortis d’une garantie totale du capital a enregistré une demande soutenue, avec une souscription de plus de 750 millions d’euros. Néanmoins, l’arrivée à l’échéance de générations anciennes contracte l’encours global de la catégorie.

L’attente d’une solution

Le sommet européen du 26 octobre a avancé des propositions encourageantes, mais il reste de nombreux détails à régler. Les acteurs n’anticipent pas une récession dure et longue mais ils se sont faits à l’idée d’un ralentissement net de l’activité économique. Les détonateurs d’une récession plus sévère sont, d’une part, l’enlisement de la crise de la dette en zone euro et, d’autre part, un credit crunch. Il y a déjà des signes de contraction du crédit, et les opérations de réduction du risque et du levier des banques ne sont pas de nature à rassurer sur ce point. Tant sur les marchés des taux que sur celui des actions, le problème crucial des Européens reste la maîtrise de la contagion. Dans ce contexte, il semble bien difficile de renouer avec un véritable optimisme et d’envisager un rattrapage sur la fin de l’année pour la gestion collective.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº742