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Gestion collective

La crise fait évoluer l’industrie de la gestion d’actifs

Créé le

11.03.2013

-

Mis à jour le

26.03.2013

Les résultats sont tombés [1] . Le millésime 2012 ressemble beaucoup aux précédents, marquant la sixième année consécutive de baisse des encours sous gestion. Avec 763 milliards d’euros, l’industrie française affiche un niveau de capitaux gérés de 200 milliards d’euros inférieur à son plus haut de décembre 2006. On peut s’attarder à commenter les légers soubresauts de 2009 ou de 2012, s’expliquant plus par la reprise des marchés que par la remontée de la collecte, mais la tendance lourde reste un désinvestissement pour la gestion collective. La gestion française traverse la plus grave crise de toute son histoire. Longtemps ignoré par l’optimisme intrinsèque des gérants, qui n’ont pris que tardivement conscience de son importance, la crise fait son œuvre de destruction-création. En France et partout dans le monde, les fusions de sociétés de gestion s’accélèrent avec les regroupements bancaires, tandis que d’autres font le choix purement et simplement de céder leur activité de gestion pour compte de tiers. On regroupe des réseaux de distribution. On vend des plates-formes d’assurance vie. Cette restructuration s’accompagne comme dans toute industrie de suppressions de postes et de départs anticipés. Évidemment, on ne parle pas de plan social, mais la crise impose de corriger là aussi les excès du début des années 2000.

L’échec des banques dans la distribution de la gestion collective

On aurait tort de s’arrêter à ce constat. D’abord parce que cette industrie est jeune et créative et qu’elle a les moyens de surmonter cette crise financière et morale. Et parce que les changements sont déjà à l’œuvre. Les dix dernières années ont été terribles pour une certaine forme de gestion active, chère, impersonnelle, se caractérisant par des performances proches des indices voire inférieures. Ces fonds largement distribués dans les réseaux bancaires n’ont pas répondu aux attentes des investisseurs particuliers. Rappelons-nous le début des années 2000 où les SICAV distribuées par les réseaux étaient gavés de valeurs technologiques, ne respectant pas le profil de risque des clients et confondant diversification des classes d’actifs en euro avec diversification en montant de risque. Après le krach, les banquiers ont tenté de conserver leurs encours en proposant toutes sortes de produits garantis. Or ces produits fortement chargés en termes de frais de gestion ont délivré des performances faibles au regard des marchés qui offraient des rendements importants jusqu'en 2007.

Encore un record de collecte pour les ETF en 2012

Durant cette période, la gestion passive s’est totalement transformée avec le développement exponentiel des ETF. Elle a commencé par s’émanciper des sociétés de gestion existantes. Ainsi tous les groupes bancaires ou de gestion ont développé une filiale spécialisée : Lyxor (Société Générale), IShares (BlackRock), EasyETF (BNP Paribas), db X-trackers (Deutsche Bank), PowerShares ETF (Invesco), OSSIAM (Natixis Global AM), Amundi ETF (Amundi). De plus, cette industrie a montré un dynamisme important en proposant de nouvelles solutions à des investisseurs institutionnels désemparés. Avec un marketing bien adapté à la crise, les parts de marché ont doublé en 6 ans avec 11 % [2] des actifs sous gestion en Europe. L’année 2012 marque un nouveau record avec plus de 262 milliards de dollars de collecte dans le monde, éclipsant le dernier record de 2008. Fin décembre 2012, les capitaux gérés par les ETF représentaient de l’ordre de 2 000 milliards de dollars, dont 1 348 aux États-Unis et seulement 367 en Europe.

Les spécialistes gagnent des parts de marché

Si les ETF prennent des parts de marché sur la gestion active, celle-ci n’en demeure pas moins majoritaire encore aujourd’hui. Mais elle est aussi en pleine évolution avec l’émergence des « alpha performers », sociétés spécialisées sur une classe d’actifs ou sur une technique de gestion avec un très fort niveau de technicité. Leur part de marché en France a progressé de 8 points en 5 ans, passant de 12,3 % à 20,3 %. Durant cette période, le poids des banques a reculé de 75,7 % à 66,9 % [3] .

Avec près de 110 milliards d’euros d’encours, le top 10 de ces sociétés indépendantes a progressé de 75 % sur les 5 dernières années. Quatre d’entre elles se distinguent par un doublement de leurs actifs sous gestion (Financière de l’Échiquier, Lazard Frères gestion, Comgest) et un quadruplement pour Carmignac Gestion. Bénéficiaires de la crise, ces sociétés trustent les souscriptions en 2012 et poursuivent leur développement à l’international.

1 Bilan 2012 de la gestion collective – EuroPerformance, janvier 2013. 2 Source : Blackrock. 3 Source : EuroPerformance, étude précitée.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº759
Notes :
1 Bilan 2012 de la gestion collective – EuroPerformance, janvier 2013.
2 Source : Blackrock.
3 Source : EuroPerformance, étude précitée.