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Économie

BCE : la politique de communication change

Créé le

09.07.2013

-

Mis à jour le

29.08.2013

S’il est une règle à laquelle la BCE n’a pas dérogé depuis sa création, c’est celle de ne jamais s’engager à l’avance sur de futurs mouvements de taux d’intérêt. La déclaration de M. Draghi, à l’issue de la réunion mensuelle du comité de politique monétaire du 4 juillet, n’a donc pas manqué de surprendre : « Notre politique monétaire restera accommodante aussi longtemps que nécessaire. » Cette nouvelle politique de communication, que la Réserve Fédérale pratique de longue date et appelle forward guidance, est une première en Europe. Elle a été approuvée à l’unanimité par les 23 membres du conseil des gouverneurs de la BCE.

Il est vrai que la BCE n’a plus guère de marge de manœuvre pour maintenir des taux bas dans la zone. Elle suit donc ses consœurs, la Réserve fédérale et la Banque du Japon, et s’engage afin d’éviter une remontée des taux qui serait néfaste pour l’économie de la zone. Bien que M. Draghi l’ait nié, cette nouvelle politique vient très certainement en réaction à l’annonce de M. Bernanke de ralentir les achats d’obligations, qui a créé d’importantes turbulences sur les marchés obligataires ainsi qu'une remontée des taux américains et européens.

Elle semble bien éloignée aujourd’hui, l’époque où, il y a quelques dizaines d’années seulement, les banques centrales entouraient leurs actions de mystère, communiquant le moins possible ou de façon sibylline. La communication des banques centrales est aujourd’hui un outil de politique monétaire à part entière, utilisé pour orienter les anticipations des marchés. Mais est-elle efficace ? Les travaux empiriques qui ont testé les politiques de forward guidance dans des pays où cette politique a été durablement pratiquée (Nouvelle-Zélande, Suède, Norvège et États-Unis) sont mitigés. En effet, ce type de communication peut inciter les investisseurs à placer trop de confiance dans les annonces des banques centrales, au détriment d’autres informations importantes, créant des comportements moutonniers et des surréactions lors des annonces. De plus, cette politique nécessite pour être crédible, que les banques centrales tiennent leurs promesses, même si les conditions économiques ont changé, les empêchant de réagir aussi rapidement que nécessaire.

À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº763