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L’urgence de la transparence sur la résilience du système financier

Créé le

30.09.2011

Quatre ans sont passés depuis le début de la crise financière. Force est de reconnaître que ni les plans de relance, ni l’afflux de liquidité, ni même la revue en profondeur des normes prudentielles en cours n’ont permis le retour de la confiance. Les craintes de début 2008 sur la résilience du système financier continuent à foisonner. Les marchés financiers poursuivent la réalisation d’un scénario apocalyptique. La baisse des taux d’intérêt long terme, la hausse de l’or, la baisse des marchés actions et la hausse des devises de réserve (franc suisse et yen) sont tous synonymes d’un même malaise : une défiance globale vis-à-vis du modèle économique et sa capacité à résorber la réduction du niveau d’endettement vertigineux sans créer une dépression.

 

Les crises que nous expérimentons sont toutes symptomatiques du dysfonctionnement du modèle de l’autorégulation et de la concurrence de marché. La financiarisation importante a pour effet de transformer les marchés financiers d’un thermomètre de l’état de l’économie vers un moteur auto-entretenu de bulles spéculatives suivies de bulles dépressives. La politique monétaire contribue à cette transformation dès lors qu’elle ne s’intéresse pas concomitamment à la régulation. La surliquidité, apportée pour juguler le dégonflement de la bulle internet, puis de la bulle de crédit, a créé un modèle de fuite de capitaux des économies « avancées » vers les économies émergentes. La politique monétaire suivie par les banques centrales des pays avancées (c'est-à-dire l'« helicopter money » de Milton Friedman) a créé des mécanismes de carry trade qui transforment, par des transactions « free lunch », l’électrochoc de l’économie en support à des bulles spéculatives.

 

L’interrogation des dirigeants sur la nationalisation des banques semble ne pas être la bonne voie à suivre. Pour conjurer la défiance, toute la transparence devra être faite sur la réalité des actifs, leurs valorisations, et sur l’évaluation des risques. Pour mettre en œuvre cette transparence, les opérateurs financiers devront appuyer leur analyse sur des modèles plus rigoureux qui tiennent suffisamment compte des risques extrêmes. L’analyse actuelle, quant à elle, refuse de voir les marchés financiers comme un système chaotique, au sens statistique du terme, et s’appuie sur une vision simplificatrice des risques.

La transparence totale sur la solvabilité du système financier dans sa globalité (banques, assureurs, fonds de pension, hedge funds etc.) devra intégrer toutes les formes de dettes (y compris les produits dérivés ou les engagements). Elle devra analyser efficacement les différences entre les dettes avec et sans recours, dont la différence de profil de risque n’est pas suffisamment prise en compte dans les normes actuelles.

 

Dès que les risques extrêmes seront correctement évalués, nous pourrons nous interroger sur la combinaison des activités entre dépôt et activités de marchés ou sur les nationalisations. La crise ne pourra être résolue sans restaurer la confiance. La confiance ne pourra être acquise qu’une fois la preuve de la résilience du système financier au sens large établie.