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Trois questions à... Frédéric Encel

Créé le

13.07.2022

-

Mis à jour le

18.07.2022

Docteur en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, professeur à la Paris School of Business, Frédéric Encel a reçu le Prix 2022 du livre géopolitique pour Les Voies de la puissance.
Penser la géopolitique au XXIe siècle. Odile Jacob, 304 pages, 24,90 €.

Ambitieuse réflexion sur l’ordre mondial, votre livre est sorti lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. Comment s’intègre cet événement dans votre analyse ?

Dans la dimension géopolitique pure ! Un régime autoritaire emploie l’outil militaire au service d’un objectif politique et il le fait à partir de représentations très prégnantes, autrement dit de perceptions collectives et identitaires sur des temps longs. Le Kremlin mène une politique révisionniste, au sens où il entend modifier les fruits de traités et accords passés, pour reconstituer un empire grand-russe. On assiste au retour du tragique.

Quel rôle peuvent jouer l’économie et la finance dans ces évolutions ?

Un rôle ni négligeable, ni déterminant. Les sanctions peuvent convaincre Poutine de hâter le terme des affrontements. Mais l’objectif idéologique du président russe est si primordial qu’il semble prêt à en faire payer le prix fort à son économie et à sa population. Reste que ces sanctions nous coûteront cher aussi et risquent d’amarrer plus encore l’économie russe à celle de la Chine. Mais nous n’avions pas le choix. Ne rien faire aurait été désastreux en termes de crédibilité. Or je tiens celle-ci pour la matière géopolitique la plus précieuse...

Comment, dès lors, voyez-vous évoluer les puissances sur la scène internationale ?

La Russie y perdra dans l’aventure ukrainienne. La Chine également, car la fermeté des Occidentaux représente un signe quant à Taïwan. C’est le retour des États-Unis via un renforcement de l’Otan. Face à tout cela, l’Europe doit assumer une dimension stratégique et non plus seulement économique, éducative ou financière. On doit aller vers l’Europe puissance !

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À retrouver dans la revue
Revue Banque Nº868