Trade finance : pourquoi la digitalisation devient-elle urgente ?

En 2021, toute la finance est digitalis&eacute;e. Toute, vraiment ? Non : un pan entier de ce secteur r&eacute;siste encore au ph&eacute;nom&egrave;ne : le trade finance . Comprenant encore de nombreux documents papier &agrave; traiter, des processus m&eacute;tiers manuels et de multiples interm&eacute;diaires dans un monde de plus en plus digitalis&eacute;, le trade finance doit se mettre en mouvement car ses interlocuteurs sont, eux, en pleine d&eacute;mat&eacute;rialisation et acc&eacute;l&egrave;rent les &eacute;changes. En parall&egrave;le, les FinTechs gagnent des parts de march&eacute; gr&acirc;ce &agrave; leurs solutions innovantes et les banques investissent pour suivre le rythme de leurs clients tout en respectant les r&eacute;glementations. Face &agrave; un tel d&eacute;calage, dans quelle mesure le trade finance doit-il op&eacute;rer un changement au plus vite et comment peut-il parvenir ? &Eacute;tat des lieux Le trade finance , ce service historique assum&eacute; par les banques, permet d&rsquo;assurer la bonne r&eacute;alisation et le bon financement d&rsquo;une op&eacute;ration internationale entre un acheteur et un vendeur. Il repose sur des produits de couverture de risques et de financement (cr&eacute;dit documentaire, remises documentaires, garanties domestiques et internationales etc.). Par d&eacute;finition, ces op&eacute;rations sont compos&eacute;es d&rsquo;une liasse documentaire cons&eacute;quente &agrave; g&eacute;rer. Pour le traitement d&rsquo;un cr&eacute;dit documentaire, il faut compter au moins huit cat&eacute;gories de documents &agrave; analyser, traiter, scanner et stocker dans les archives. D&rsquo;apr&egrave;s la Chambre de commerce internationale (ICC), 4 milliards de documents sont &eacute;chang&eacute;s chaque ann&eacute;e. En 2021, les banques re&ccedil;oivent encore des demandes par service postal et conservent une copie des originaux. L&rsquo;ensemble de ces op&eacute;rations est soumis &agrave; des lois internationales qui r&eacute;gulent et s&eacute;curisent le march&eacute;. Les banques ont un r&ocirc;le cl&eacute; &agrave; jouer dans la connaissance des clients, mais &eacute;galement des clients de ces clients et de leurs transactions. Les temps de traitement des &eacute;tapes du KYC, KYCC, KYT [1] sont cons&eacute;quents et peuvent augmenter significativement pour des op&eacute;rations douteuses. Les banques doivent r&eacute;ussir &agrave; maintenir le niveau de s&eacute;curit&eacute; tout en contr&ocirc;lant l&rsquo;&eacute;mission sans prolonger le traitement de l&rsquo;op&eacute;ration afin d&rsquo;&eacute;viter une r&eacute;clamation du client. Pour r&eacute;soudre cette d&eacute;licate &eacute;quation, les acteurs bancaires ont certes &eacute;volu&eacute; et digitalis&eacute; une partie de leur processus. Cependant des marges de progression subsistent : accepter les documents par e-mail mais continuer &agrave; exiger les originaux et en conserver une partie par exemple, ou accepter une instruction en ligne mais refuser la e-signature. Cet entre-deux n&rsquo;est ni clair, ni profitable pour les diff&eacute;rentes parties prenantes. Les banques, notamment en Europe, doivent affirmer leurs intentions de digitalisation et concr&eacute;tiser cette transformation. Pourquoi cette digitalisation est-elle indispensable ? Au fil des ann&eacute;es, les acheteurs et vendeurs internationaux ont d&eacute;cloisonn&eacute; les &eacute;changes du trade et une op&eacute;ration commerciale internationale se r&eacute;alise tr&egrave;s rapidement. En r&eacute;ponse &agrave; ces attentes clients, les banques s&rsquo;adaptent. Progressivement, elles ont commenc&eacute; &agrave; digitaliser une partie des op&eacute;rations trade . Par exemple, depuis 2010, la banque ING permet &agrave; ses clients de digitaliser la lettre de cr&eacute;dit documentaire (L/C), la banque peut s&rsquo;entendre avec ses clients sur les termes et conditions de l&rsquo;op&eacute;ration ; une fois valid&eacute;e, le client peut transmettre le jeu de documents. Cela permet de simplifier le mode de pr&eacute;sentation de la L/C. Cette &eacute;volution devient d&rsquo;autant plus cruciale que le nombre d&rsquo;acteurs impliqu&eacute;s dans une m&ecirc;me op&eacute;ration augmente. Pour une importation, il peut falloir l&rsquo;aval de nombreuses parties prenantes : acheteur, vendeur, assureurs, services de douane, transporteurs, banques. R&eacute;ussir &agrave; d&eacute;mat&eacute;rialiser le processus complet n&eacute;cessite pour toute la cha&icirc;ne d&rsquo;activit&eacute; une collaboration nouvelle et donc complexe, &agrave; mener progressivement mais &agrave; engager rapidement. De fait, l&rsquo;urgence s&rsquo;est accentu&eacute;e en 2020 quand la crise sanitaire mondiale a contraint les banques &agrave; g&eacute;rer tous les flux &agrave; distance. Les clients ont d&eacute;sormais une approche diff&eacute;rente pour choisir leur partenaire bancaire. Ils examinent davantage les risques et la r&eacute;silience pour les op&eacute;rations internationales. Ils sont d&eacute;sormais attentifs &agrave; un environnement digital performant, apte &agrave; g&eacute;rer &agrave; distance leurs besoins, dans les meilleurs d&eacute;lais. Comme l&rsquo;admet la Soci&eacute;t&eacute; G&eacute;n&eacute;rale, les banques doivent montrer &laquo; leur capacit&eacute; &agrave; accompagner les besoins des clients de mani&egrave;re comp&eacute;tente et transparente pendant cette p&eacute;riode &raquo;. M&ecirc;me apr&egrave;s deux confinements, c&rsquo;est toujours un d&eacute;fi. Comment y parvenir de la fa&ccedil;on la plus efficiente ? Une telle transformation, rapprochant le trade du socle digital d&eacute;j&agrave; existant de la banque, n&eacute;cessite une approche progressive, combinant expertises m&eacute;tier et IT. Ce type de projet est calibr&eacute; pour l&rsquo;approche Agile, par exemple en visant une premi&egrave;re application avec des fonctionnalit&eacute;s basiques, le fameux produit minimum viable (MVP), l&rsquo;ouverture du service &agrave; quelques clients pilotes puis la g&eacute;n&eacute;ralisation &agrave; tous et l&rsquo;extension des fonctionnalit&eacute;s. En parall&egrave;le, il est int&eacute;ressant (et plus rapide !) de concevoir son syst&egrave;me de fa&ccedil;on ouverte en s&rsquo;appuyant sur des interfaces d&rsquo;&eacute;change d&eacute;j&agrave; d&eacute;finies. C&rsquo;est tout l&rsquo;enjeu de l&rsquo;APIsation, le recours aux API. Elles permettent, par exemple, d&rsquo;&eacute;changer les donn&eacute;es &laquo; par appel &raquo; entre le client et la banque via un canal s&eacute;curis&eacute; qui ne n&eacute;cessite aucune intervention de l&rsquo;humain. Pour aller encore plus loin, certains acteurs parmi les plus importants se regroupent pour mutualiser leurs efforts. Lanc&eacute;e en 2017, en consortium avec 12 acteurs mondiaux (HSBC, Soci&eacute;t&eacute; G&eacute;n&eacute;rale, Natixis&hellip;) we.trade est la premi&egrave;re plate-forme blockchain d&eacute;di&eacute;e au financement du commerce international op&eacute;rationnel. Associ&eacute;e &agrave; IBM pour le d&eacute;veloppement de l&rsquo;outil, elle permet aux clients de ces banques, acheteurs comme vendeurs de s&rsquo;accorder sur les conditions d&rsquo;une transaction. D&egrave;s l&rsquo;accord des deux parties obtenu, la transaction est initi&eacute;e, les &eacute;v&eacute;nements sont suivis sur la blockchain et lorsque toutes les conditions sont remplies, la banque de l&rsquo;acheteur d&eacute;clenche automatiquement le paiement associ&eacute;. Cette course &agrave; l&rsquo;innovation des historiques du trade est aussi motiv&eacute;e par la peur des nouveaux entrants. En effet, les acteurs des FinTechs s&rsquo;associent afin d'acc&eacute;l&eacute;rer leur d&eacute;veloppement et d&rsquo;&eacute;largir leur propre offre. R&eacute;cemment, Surecomp, principal fournisseur de solutions de financement du commerce mondial et Profile Software, fournisseur international de solutions financi&egrave;res, se sont unis afin de renforcer leurs positions mutuelles sur la sc&egrave;ne internationale du trade finance . Des investissements indispensables En bref, malgr&eacute; ou gr&acirc;ce &agrave; son contexte si particulier, 2020 a &eacute;t&eacute; une ann&eacute;e charni&egrave;re vers la concr&eacute;tisation de nombreux projets de digitalisation du trade finance . R&eacute;duction du temps de traitement des op&eacute;rations, meilleur reporting pour le client et les banques, ma&icirc;trise des risques renforc&eacute;e sont autant d&rsquo;arguments pour ces investissements, indispensables dans un paysage concurrentiel en plein renouvellement. Pour autant, ces efforts doivent &eacute;galement ouvrir une r&eacute;flexion plus globale sur les attentes Clients &eacute;mergentes, sur le nouveau r&ocirc;le du collaborateur dans cette satisfaction et sur la trajectoire de mont&eacute;e en comp&eacute;tences n&eacute;cessaire. Pour 2021, la question n&rsquo;est donc plus &laquo; pourquoi ? &raquo;, ni &laquo; comment ? &raquo;, mais plut&ocirc;t &laquo; qui ? &raquo;. Qui seront les premiers &agrave; r&eacute;ussir &agrave; la fois &agrave; se digitaliser compl&egrave;tement, &agrave; p&eacute;renniser les talents de ses collaborateurs et &agrave; s&eacute;duire les clients r&eacute;currents du trade finance ? 1 Know Your Customer ; Know Your Customer&rsquo;s Customer ; Know Your Transaction.

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