Paris Europlace fait valoir ses atouts

Quelles coop&eacute;rations se sont nou&eacute;es entre Paris Europlace et les places financi&egrave;res chinoises ? Paris Europlace a nou&eacute; des coop&eacute;rations avec plusieurs centres financiers et march&eacute;s de Chine. Notre objectif est double : exporter notre savoir-faire et faciliter les flux commerciaux et d&rsquo;investissement entre Paris et ces grands centres en fort d&eacute;veloppement. La Chine continentale est, en effet, lanc&eacute;e depuis 4 &agrave; 5 ans dans une strat&eacute;gie d&rsquo;ouverture progressive et de d&eacute;veloppement de ses march&eacute;s financiers ; elle met un accent tout particulier sur son march&eacute; int&eacute;rieur, avec la mise en place de normes plus conformes aux standards internationaux pour les banques domestiques, comme pour les soci&eacute;t&eacute;s d&rsquo;assurance. Par ailleurs, en d&eacute;cembre 2010, nous avons sign&eacute; un premier accord avec la ville de Shanghai. La ville cherche &agrave; attirer des acteurs internationaux ; nous y travaillons avec elle. La perspective est, en outre, la mise en place d&rsquo;un International Board dont le r&ocirc;le serait d&rsquo;inciter des entreprises &eacute;trang&egrave;res &agrave; se coter sur la Bourse chinoise. Les entreprises fran&ccedil;aises souhaitent &ecirc;tre parmi les premi&egrave;res &agrave; y participer, d&egrave;s que ce march&eacute; sera ouvert. Inversement, nous organisons des pr&eacute;sentations r&eacute;guli&egrave;res des atouts de la Place de Paris aux investisseurs de Shanghai, pour les inciter &agrave; venir d&eacute;velopper leurs activit&eacute;s sur la Place de Paris. Le march&eacute; obligataire fait &eacute;galement partie des priorit&eacute;s des autorit&eacute;s chinoises. Une autre coop&eacute;ration a &eacute;t&eacute; entam&eacute;e sur ce sujet depuis 2012, &agrave; la faveur de l&rsquo;accord sign&eacute; entre ParisEuroplace et l&rsquo;Association des investisseurs institutionnels chinois (NAFMII) pour aider &agrave; d&eacute;velopper le march&eacute; obligataire corporate chinois. Dans ce cadre, des premi&egrave;res sessions de formation ont &eacute;t&eacute; mises en place, &agrave; Paris et P&eacute;kin, pour former les cadres des op&eacute;rateurs et autorit&eacute;s de r&eacute;gulation chinoises. Il est &agrave; noter qu&rsquo;une forte comp&eacute;tition oppose les villes chinoises. Outre Shanghai et P&eacute;kin, d&rsquo;autres places comme Chongqing, Chengdu ou encore Shenzhen, dont la Bourse des PME est extr&ecirc;mement dynamique, sont &eacute;galement tr&egrave;s actives. Nous comptons d&eacute;velopper nos relations avec les principales villes chinoises. Quels atouts la Place de Paris met-elle en avant pour jouer un r&ocirc;le dans le processus d&rsquo;internationalisation du yuan ? Le yuan est d&eacute;sormais la 2 e devise mondiale derri&egrave;re le dollar et devant l&rsquo;euro. Des centres financiers offshore se cr&eacute;ent et commencent &agrave; d&eacute;velopper leurs transactions commerciales et financi&egrave;res. Paris en fait partie, qui ambitionne de compter parmi les principales places d&rsquo;&eacute;change. Nos atouts sont r&eacute;els et nombreux dans ce processus d&rsquo;internationalisation du yuan. Ils sont au nombre de trois : la diversit&eacute; des activit&eacute;s et la pr&eacute;sence &agrave; l&rsquo;international de nos banques ; les relations commerciales entre la France et la Chine notamment au travers de nos grandes entreprises ; les liens privil&eacute;gi&eacute;s de la France avec l&rsquo;Afrique, continent sur lequel la Chine investit massivement. Dans ce contexte, Paris Europlace a engag&eacute; tr&egrave;s t&ocirc;t &ndash; d&egrave;s 2006 &ndash; des contacts avec la Chine, dans l&rsquo;esprit ouvert et offensif qui nous caract&eacute;rise. C&rsquo;est une position et une strat&eacute;gie qui nous distingue de Londres : jusqu&rsquo;&agrave; la crise financi&egrave;re, Londres consid&eacute;rait les march&eacute;s &eacute;mergents comme des concurrents, tandis que Paris les a toujours vus davantage comme des partenaires potentiels. Cette strat&eacute;gie s&rsquo;est traduite par les deux accords pr&eacute;cit&eacute;s. L&rsquo;accord avec Shanghai fonctionne dans les deux sens. Nous cherchons &agrave; attirer des investisseurs chinois en Europe et en France. Nous avons en particulier travaill&eacute; &agrave; l&rsquo;implantation d&rsquo;ICBC en France en 2009, et plus r&eacute;cemment, en 2013, &agrave; celle d&rsquo;Exim Bank. Nous esp&eacute;rons faire venir d&rsquo;autres banques chinoises ; des discussions sont en cours, dont certaines pourraient aboutir cette ann&eacute;e ou en 2015. Et nous nous r&eacute;jouissons de l&rsquo;accord sign&eacute; fin mars entre l&rsquo;AMF et la CBRC [1] destin&eacute; &agrave; autoriser les investisseurs chinois &agrave; investir directement en France sur les march&eacute;s actions et obligations, au travers du m&eacute;canisme QDII [2] . Dans l&rsquo;autre sens nous avons obtenu le m&ecirc;me r&eacute;gime que celui annonc&eacute; par le ministre des Finances britannique &agrave; l&rsquo;automne dernier : le RQFII pour les investisseurs fran&ccedil;ais d&eacute;sireux d&rsquo;investir en Chine dans la limite d&rsquo;un quota [3] . Nous avons travaill&eacute; pour pr&eacute;ciser les souhaits de chacun dans les domaines de la gestion d&rsquo;actifs et des fonds d&rsquo;investissement. L&rsquo;enveloppe est la m&ecirc;me que celle accord&eacute;e &agrave; la City : 80 milliards de RMB. Le montant a &eacute;t&eacute; n&eacute;goci&eacute; sur la base des souhaits transmis par les diff&eacute;rents acteurs. Chaque &eacute;tablissement devra ensuite demander un agr&eacute;ment pour n&eacute;gocier son montant dans l&rsquo;enveloppe globale. Ce statut nous donne une longueur d&rsquo;avance sur les autres places europ&eacute;ennes. Enfin, je rappelle l&rsquo;action &eacute;nergique men&eacute;e par la Place de Paris pour que les banques fran&ccedil;aises comme chinoises pr&eacute;sentes &agrave; Paris, ouvrent des comptes en RMB pour leurs clients entreprises-grandes entreprises, ou bien PME/ETI, fran&ccedil;aises et europ&eacute;ennes, qui ont besoin de monnaie chinoises pour faciliter leurs transactions commerciales avec la Chine. Nous y reviendrons plus loin. Qu&rsquo;est-ce qui vous a permis de &laquo; remporter le morceau &raquo; par rapport aux autres places europ&eacute;ennes ? Tout d&rsquo;abord, il faut quitter l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une concurrence acharn&eacute;e entre places europ&eacute;ennes ; il y a de la place pour tout le monde. La vision de la Place de Paris n&rsquo;est pas celle d&rsquo;une concurrence frontale, mais plut&ocirc;t de participer &agrave; l&rsquo;ouverture du march&eacute; chinois &agrave; la hauteur des besoins de notre &eacute;conomie. Cela dit, nous avons &eacute;t&eacute; plus rapides que les autres places d&rsquo;Europe continentale sur ce sujet, notamment sur la question des quotas accord&eacute;s aux investisseurs, comme l&rsquo;ouverture de comptes par les banques de la Place. Londres et Francfort ont obtenu un accord tr&egrave;s convoit&eacute; : une banque de compensation du yuan. Pensez-vous que la Chine va se contenter de deux places en zone euro, ou gardez-vous espoir de faire valoir vos atouts ? &Agrave; notre connaissance, les autorit&eacute;s chinoises sont ouvertes sur le sujet et les candidats sont les bienvenus. Nous y travaillons actuellement avec la Banque de France et plusieurs grandes banques de la place. Notre objectif n&rsquo;est pas un effet d&rsquo;annonce, comme cela a &eacute;t&eacute; le cas pour certains, mais un v&eacute;ritable projet industriel et comp&eacute;titif, traitant de vrais volumes. La d&eacute;marche est plus longue, mais plus ambitieuse&hellip; Interrog&eacute;e, la City a consid&eacute;r&eacute; que les enjeux li&eacute;s &agrave; cette banque de compensation &eacute;taient secondaires, faisant partie de l&rsquo;offre de services n&eacute;cessaires. Partagez-vous cet avis ? Je suis assez d&rsquo;accord, c&rsquo;est une composante de l&rsquo;offre parmi d&rsquo;autres et, comme nous l&rsquo;avons vu, nous avons trait&eacute; d&rsquo;autres sujets en priorit&eacute;. Mais c&rsquo;est tout de m&ecirc;me une composante importante, pour permettre d&rsquo;assurer le bon d&eacute;roulement des transactions, dans les meilleures conditions de s&eacute;curit&eacute; et liquidit&eacute;. Et il se trouve que la Place de Paris a des atouts ind&eacute;niables dans cette industrie, qui devraient nous permettre de mettre en place une infrastructure efficace. En outre, la mise en place d&rsquo;une chambre de compensation performante nous permettra d&rsquo;accompagner dans les meilleures conditions notre r&ocirc;le de hub de traitement des transactions &eacute;galement avec les pays d&rsquo;Afrique. Cela signifie-t-il que votre projet implique non seulement la Chine et la France, mais &eacute;galement des pays africains ? Tout &agrave; fait. L&rsquo;id&eacute;e est que cette plate-forme traite les transactions sino-africaines, notamment aux heures de fermeture de la place de Hong Kong. Un accord de swap a &eacute;galement &eacute;t&eacute; sign&eacute; entre la BCE et la PBoC en octobre 2013. Quelles opportunit&eacute;s un tel accord repr&eacute;sente-t-il ? L&rsquo;accord de swap n&eacute;goci&eacute; entre la PBoC et la BCE pour une dur&eacute;e de 3 ans est destin&eacute; &agrave; alimenter un march&eacute; en croissance, y compris aux heures de fermeture du march&eacute; chinois. Cet accord s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 350 milliards de RMB, soit deux fois l&rsquo;accord conclu par la Bank of England. Ceci illustre que le rapport entre la zone euro et la monnaie chinoise est &eacute;videmment plus important qu&rsquo;avec la zone sterling . Notre objectif est de faire de Paris le hub des transactions libell&eacute;es en renminbi. Nous nous sommes fix&eacute; pour but premier d&rsquo;accompagner les transactions commerciales des entreprises, y compris PME/ETI, fran&ccedil;aises et europ&eacute;ennes. Cela correspond &agrave; la logique de Paris Europlace, qui rassemble entreprises industrielles et &eacute;tablissements financiers. Notre action vise &agrave; ce que les banques ouvrent des comptes en RMB et r&eacute;pondent aux besoins en liquidit&eacute; et en monnaie chinoise des entreprises. Depuis deux ans, le mouvement est largement engag&eacute; : Paris est aujourd&rsquo;hui la 2 e place europ&eacute;enne en termes de d&eacute;p&ocirc;ts, avec plus de 20 milliards de RMB dans les banques fran&ccedil;aises, contre 30 &agrave; 35 milliards pour Londres. Les banques fran&ccedil;aises sont d&eacute;sormais en mesure de proposer une gamme de services diversifi&eacute;e ; elles accompagnent les &eacute;missions en RMB des grandes entreprises fran&ccedil;aises sur le march&eacute; chinois, pour un montant total de 10,5 milliards de RMB. C&rsquo;est le double de Londres. Paris est &eacute;galement devenue depuis ao&ucirc;t 2013, la 1 re place d&rsquo;Europe continentale en termes de transactions de paiement en monnaie chinoise avec plus de 20 % des transactions europ&eacute;ennes [4] . Euronext pr&eacute;pare une IPO, mais il y a n&eacute;anmoins de grandes incertitudes quant &agrave; la strat&eacute;gie dans les ann&eacute;es &agrave; venir. Cela ne repr&eacute;sente-t-il pas un handicap dans le cadre de la n&eacute;gociation de tels accords ? Nous voyons les perspectives d&rsquo;Euronext sous un jour favorable, c&rsquo;est une opportunit&eacute; pour les utilisateurs europ&eacute;ens de retrouver une proximit&eacute; avec une plate-forme comp&eacute;titive dans laquelle ils seront mieux repr&eacute;sent&eacute;s. Le sujet de la coop&eacute;ration avec les Bourses chinoises pourrait d&rsquo;ailleurs progresser &agrave; la faveur de cette nouvelle configuration. De m&ecirc;me Euronext pourra reprendre la main sur des cotations d&rsquo;entreprises chinoises qui auparavant se faisaient davantage &agrave; New York. Que peut-on attendre du haut dialogue &eacute;conomique qui s&rsquo;est nou&eacute; avec la Chine en novembre 2013 ? En Europe, &agrave; l&rsquo;exception du Royaume-Uni, la France est le seul pays &agrave; avoir obtenu l&rsquo;avantage de ce dialogue &eacute;conomique de haut niveau. Ce dialogue a &eacute;t&eacute; entam&eacute; en novembre dernier ; il a &eacute;t&eacute; l&rsquo;occasion de dresser un cadre exhaustif des coop&eacute;rations &eacute;conomiques franco-chinoises, dans lequel des objectifs ont &eacute;t&eacute; fix&eacute;s, notamment les statuts QDII et RQFII, comme le lancement souhait&eacute; d&rsquo;une plate-forme de compensation. Nous nous inscrivons dans ce cadre pour acc&eacute;l&eacute;rer nos initiatives. Une seconde r&eacute;union devrait se tenir cet automne, qui nous permettra de fixer de nouveaux objectifs. Comment voyez-vous la strat&eacute;gie chinoise vis-&agrave;-vis de l&rsquo;Europe ? Pour paraphraser l&rsquo;analyse d&rsquo;Henry Kissinger, lorsqu&rsquo;elle traite avec l&rsquo;&eacute;tranger, la Chine a tendance &agrave; stimuler la comp&eacute;tition entre pays. C&rsquo;est ce que l&rsquo;on constate au niveau europ&eacute;en, et c&rsquo;est donc &agrave; nous d&rsquo;&ecirc;tre les meilleurs. 1 China Banking Regulatory Commission. 2 QDII ( Qualified Domestic Institutional Investor ). Lanc&eacute; en 2006, ce programme permet &agrave; des institutions financi&egrave;res de Chine continentale, sous r&eacute;serve d'agr&eacute;ment, d'investir hors du pays, lequel est encore sous le r&eacute;gime du contr&ocirc;le des capitaux. 3 Lanc&eacute; en 2011, le programme RQFII (Renminbi qualified foreign institutional investor) autorise depuis mars 2013 les institutions financi&egrave;res internationales disposant d'une implantation &agrave; Hong Kong &agrave; utiliser les d&eacute;p&ocirc;ts offshore libell&eacute;s en RMB pour investir directement en Chine continentale. 4 Source : SWIFT.

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