« Nous sortons renforcés de tous ces chocs »

UBS a &eacute;t&eacute; r&eacute;cemment cit&eacute; dans de nombreuses affaires : Madoff, perte de trading , Libor... Quelles sont les mesures prises chez UBS pour que ce type d&rsquo;&eacute;v&eacute;nement ne se reproduise plus ? UBS, comme beaucoup d&rsquo;autres groupes bancaires, a affront&eacute; au cours des six derni&egrave;res ann&eacute;es un certain nombre de chocs dus aussi bien &agrave; des affaires ou escroqueries venant d&rsquo;individus isol&eacute;s qu&rsquo;&agrave; des probl&egrave;mes de r&eacute;gulation ou li&eacute;s &agrave; la crise &eacute;conomique. UBS a r&eacute;agi vite et de mani&egrave;re forte pour adapter sa strat&eacute;gie et son organisation en essayant de se projeter dans l&rsquo;avenir. Ainsi, apr&egrave;s l&rsquo;accident de trading de Londres en septembre 2011, un choix d&rsquo;&eacute;volution de strat&eacute;gie clairement marqu&eacute; a &eacute;t&eacute; fait, accentu&eacute; &agrave; partir d&rsquo;octobre 2012. S&rsquo;en est suivi un travail de remise en ordre et de renforcement des proc&eacute;dures internes de contr&ocirc;le, de conformit&eacute; et de reporting . Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, sur le territoire fran&ccedil;ais, UBS France fait l&rsquo;objet d&rsquo;une enqu&ecirc;te sur l&rsquo;&eacute;vasion fiscale : o&ugrave; en est-elle ? La pol&eacute;mique a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e par la publication d&rsquo;un livre qui malheureusement a fait beaucoup d&rsquo;amalgames, d&rsquo;approximations, de contre-v&eacute;rit&eacute;s &agrave; grand spectacle dirig&eacute;es contre UBS. Aujourd&rsquo;hui, la banque n&rsquo;est pas partie &agrave; l&rsquo;instruction. Nous n&rsquo;avons pas acc&egrave;s au dossier. Nous collaborons pleinement avec la justice. Il est dans l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la banque de clore cet &eacute;pisode, c&rsquo;est ma mission. Je tiens &agrave; rappeler qu&rsquo;UBS France est une banque fran&ccedil;aise et, &agrave; ce titre, elle applique la loi fran&ccedil;aise et s&rsquo;y conforme parfaitement. Comment avez-vous red&eacute;ploy&eacute; votre activit&eacute; ? Comme je vous le disais, &agrave; la suite de la pr&eacute;sentation par Sergio Ermotti de la nouvelle strat&eacute;gie du groupe, UBS a r&eacute;duit significativement les activit&eacute;s de banque d&rsquo;investissement, en arr&ecirc;tant le trading pour compte propre, ainsi qu&rsquo;un certain nombre de produits jug&eacute;s trop risqu&eacute;s ou trop consommateurs de fonds propres dans le cadre des nouvelles r&eacute;glementations. Le deleveraging de la banque d&rsquo;investissement d&rsquo;UBS a ramen&eacute; dans un premier temps ses actifs pond&eacute;r&eacute;s du risque &agrave; 220 milliards de francs suisses en septembre 2011, puis &agrave; 162 milliards &agrave; fin septembre 2012, date &agrave; laquelle ce mouvement s&rsquo;est acc&eacute;l&eacute;r&eacute;, avec l&rsquo;objectif d&rsquo;atteindre le seuil de 70 milliards &agrave; fin 2013. En parall&egrave;le, le groupe a annonc&eacute; une diminution significative des effectifs. Une partie de la banque a &eacute;t&eacute; sortie pour en faire une structure &agrave; part et la g&eacute;rer en &laquo; roll over [1] &raquo;. Le m&eacute;tier de banque d&rsquo;investissement se rapproche du m&eacute;tier strat&eacute;gique principal d&rsquo;UBS, la banque priv&eacute;e. La banque d&rsquo;investissement est d&eacute;sormais moins un m&eacute;tier en propre qu&rsquo;un m&eacute;tier au service des grands clients de la banque priv&eacute;e. Ce mouvement strat&eacute;gique majeur s&rsquo;est accompagn&eacute; d&rsquo;un changement de management , avec l&rsquo;arriv&eacute;e de Sergio Ermotti et d&rsquo;Axel Weber [2] . Nous nous concentrons d&eacute;sormais sur les activit&eacute;s li&eacute;es aux clients qui concernent plut&ocirc;t le haut de bilan &ndash; conseil, fusions/acquisitions, equity capital market , actions&hellip; &ndash; et sur le trading des produits souhait&eacute;s par les clients &ndash; mati&egrave;res premi&egrave;res, devises&hellip; Cela conduit &agrave; une restructuration en cascade de la banque d&rsquo;investissement par lignes m&eacute;tiers, puisque nous arr&ecirc;tons certaines activit&eacute;s au sein de chacune d&rsquo;elles. Comment cette restructuration touche-t-elle UBS en France ? Cette r&eacute;organisation est la transcription locale du plan strat&eacute;gique annonc&eacute; fin octobre 2012. La restructuration touche uniquement UBS Securities, la branche banque d&rsquo;investissement d&rsquo;UBS en France, dont j&rsquo;ai la responsabilit&eacute; directe. La particularit&eacute; de cette activit&eacute; &agrave; Paris vient de ce que nous faisons uniquement du conseil et de la vente. L&rsquo;activit&eacute; en France du M&amp;A a &eacute;t&eacute; diminu&eacute;e fortement en 2012, apr&egrave;s une ann&eacute;e 2011 d&eacute;j&agrave; difficile. &Agrave; cela s&rsquo;ajoute un nouveau cadre r&eacute;glementaire devenu plus contraignant en mati&egrave;re d&rsquo;exigences de fonds propres et de liquidit&eacute; (B&acirc;le III). Ces nouvelles r&egrave;gles obligent le groupe, comme toutes les banques, &agrave; repenser la gestion des activit&eacute;s ainsi que l&rsquo;allocation et la rentabilit&eacute; de nos fonds propres. Nous adaptons nos capacit&eacute;s &agrave; la nouvelle gamme de produits du groupe. Dans notre activit&eacute; taux, nous r&eacute;duisons notre exposition sur les produits complexes, consommateurs de ressources de bilan. Nous avons donc r&eacute;duit de 22 postes nos effectifs op&eacute;rant dans les activit&eacute;s de M&amp;A et en salle de march&eacute;, mais nous restons bien pr&eacute;sents sur l'ensemble des m&eacute;tiers actions, taux, et M&amp;A, avec 50 personnes en front . Nous recentrons la banque d&rsquo;investissement sur le cœur de notre franchise qui est l&rsquo;activit&eacute; actions, o&ugrave; nous avons en ce moment beaucoup de succ&egrave;s : nous sommes entr&eacute;s dans le Top 3 du trading sur les actions europ&eacute;ennes en France et num&eacute;ro 1 sur les actions globales. De mani&egrave;re globale, nous r&eacute;affirmons la pr&eacute;sence d&rsquo;UBS en France sur les trois grands m&eacute;tiers que sont l&rsquo; asset management , la banque priv&eacute;e et la banque d&rsquo;investissement. Notre objectif est de faire travailler ces m&eacute;tiers ensemble de mani&egrave;re plus &eacute;troite. Qu&rsquo;en est-il du renforcement des dispositifs de contr&ocirc;le interne ? Sous le contr&ocirc;le vigilant des r&eacute;gulateurs, le groupe d&eacute;ploie des dispositifs tr&egrave;s stricts de contr&ocirc;le et de reporting . Nous sortons renforc&eacute;s de tous ces chocs. UBS appara&icirc;t &agrave; mes yeux comme une banque de l'&laquo; apr&egrave;s-crise &raquo; : elle a op&eacute;r&eacute; les choix strat&eacute;giques de red&eacute;ploiement sur son cœur de m&eacute;tier, la banque priv&eacute;e, dans lequel elle est leader mondial. C&rsquo;est une banque totalement internationalis&eacute;e, syst&eacute;mique dans trois pays hors zone euro, aux &Eacute;tats-Unis, en Grande-Bretagne et en Suisse. Du fait des chocs qu&rsquo;elle a subis, UBS a d&ucirc; se placer au plus haut niveau en termes de normes de contr&ocirc;le interne et de couverture des risques. C&rsquo;est &agrave; pr&eacute;sent une banque parmi les mieux capitalis&eacute;es du monde, avec un niveau de fonds propres sup&eacute;rieur aux exigences des r&eacute;gulateurs. Le m&eacute;tier de la banque priv&eacute;e est peu consommateur de fonds propres, puisque l&rsquo;activit&eacute; de cr&eacute;dit n&rsquo;est pas dominante, le business model &eacute;tant beaucoup plus ax&eacute; sur le service et le conseil. M&ecirc;me si la rentabilit&eacute; dans la banque priv&eacute;e est plus difficile, c&rsquo;est un m&eacute;tier qui nous permet d&rsquo;esp&eacute;rer un Return on Equity &eacute;lev&eacute;. Quels sont vos objectifs en France en banque priv&eacute;e ? UBS France dispose d&rsquo;une &eacute;quipe de banquiers performante et poss&egrave;de un tr&egrave;s beau portefeuille de clients. C&rsquo;est ce qui a &laquo; sauv&eacute; &raquo; cette maison, qui a &eacute;t&eacute; assez s&eacute;v&egrave;rement secou&eacute;e l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re. UBS France est une institution relativement r&eacute;cente cr&eacute;&eacute;e en green field en 1999. Du coup, nous g&eacute;rons plus une client&egrave;le d&rsquo;entrepreneurs que les vieilles familles traditionnelles. Nous avons aussi une activit&eacute; d&eacute;di&eacute;e aux non-r&eacute;sidents du Moyen-Orient qui marche tr&egrave;s bien. Nous avons deux points forts suppl&eacute;mentaires : l&rsquo;ing&eacute;nierie patrimoniale, avec l&rsquo;une des meilleures &eacute;quipes de la Place, et une &eacute;quipe de fusions/acquisitions mid caps tr&egrave;s performante : elle a obtenu l&rsquo;ann&eacute;e pass&eacute;e une progression de 30 % de chiffre d&rsquo;affaires, alors que le march&eacute; &eacute;tait globalement en baisse de 70 %. Notre &eacute;quipe, qui est num&eacute;ro trois sur le march&eacute; fran&ccedil;ais, est un excellent moyen pour obtenir de nouveaux clients. Au cours des derniers mois, nous avons recrut&eacute; neuf jeunes dipl&ocirc;m&eacute;s dans le cadre de notre programme de formation &laquo; Next Generation &raquo;. Sur ces bases, notre fin d&rsquo;ann&eacute;e 2012 a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s bonne, en particulier parce que les besoins de conseil en ing&eacute;nierie patrimoniale sont devenus pr&eacute;pond&eacute;rants, ce qui constitue le cœur du m&eacute;tier de la banque priv&eacute;e, avec l&rsquo;allocation d&rsquo;actifs. Nous avons ainsi d&eacute;velopp&eacute; nos encours sous gestion pour atteindre 8,7 milliards d&rsquo;euros. Nous constatons &eacute;galement une &eacute;volution positive sur deux types de produits, le cr&eacute;dit et les mandats de gestion, nos clients marquant leur retour vers des solutions de gestion active de portefeuille. Quels sont les effets des r&eacute;glementations concernant la commercialisation des produits financiers sur votre activit&eacute; ? Pour UBS France en particulier, nous avons renforc&eacute; le degr&eacute; de sophistication de l&rsquo;analyse du client pour se conformer aux obligations issues de la MIF. Cette &eacute;volution est tr&egrave;s positive : elle nous permet de mieux comprendre les attentes de nos clients. Comme tous les &eacute;tablissements bancaires, la crise a conduit des clients d&rsquo;UBS &agrave; perdre de l&rsquo;argent ; nous avons eu &agrave; donner des explications. Il nous para&icirc;t sage aujourd&rsquo;hui d&rsquo;imposer aux banquiers d&rsquo;avoir un degr&eacute; &eacute;lev&eacute; de discussion pr&eacute;alable avec les clients sur les risques et de s&rsquo;assurer qu&rsquo;ils ont &eacute;t&eacute; pleinement inform&eacute;s. Aujourd&rsquo;hui, le processus MIF nous permet de nous assurer nous-m&ecirc;mes et de d&eacute;montrer que nous l&rsquo;avons effectivement bien fait. Que pensez-vous de l&rsquo;environnement fiscal, &agrave; la fois avec la mise en œuvre de la TTF et les mesures de taxation du patrimoine annonc&eacute;es dans la derni&egrave;re loi de finances ? Nous appliquons la taxe financi&egrave;re, une op&eacute;ration tr&egrave;s bureaucratique &agrave; mettre en place ; il est encore un peu t&ocirc;t pour en &eacute;valuer toutes les cons&eacute;quences. Par ailleurs le rythme des r&eacute;formes fiscales s&rsquo;est acc&eacute;l&eacute;r&eacute;, de 3 &agrave; 4 par an, ce qui est beaucoup. J&rsquo;esp&egrave;re que cela va diminuer, car cela rend nos clients extr&ecirc;mement nerveux. L&rsquo;impr&eacute;visibilit&eacute; absolue de la loi fiscale &ndash; outre son caract&egrave;re pesant &ndash; est un d&eacute;faut fran&ccedil;ais majeur ; nous ne faisons plus du conseil fiscal aujourd&rsquo;hui, mais de l&rsquo;explication fiscale : nos clients n&rsquo;arrivent plus &agrave; suivre. Pour recruter un client en banque priv&eacute;e, un des grands &eacute;l&eacute;ments diff&eacute;renciant va &ecirc;tre non pas le rendement du portefeuille propos&eacute;, mais la qualit&eacute; de l&rsquo;information fiscale fournie. 1 Gestion en extinction. 2 Respectivement directeur g&eacute;n&eacute;ral et pr&eacute;sident du Conseil d&rsquo;administration d&rsquo;UBS.

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« Nous sortons renforcés de tous ces chocs »

Un an après sa prise de fonctions à la tête d’UBS en France, Jean-Frédéric de Leusse fait le point sur la période bousculée que vient de traverser l’établissement, sur sa restructuration en cours et sur les perspectives d’évolution.

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